Découvrez le travail contemporain de Stéphane Meier
Né en Valais (Suisse) en 1970, j’obtiens un Master en architecture en 1997. Après différentes expériences professionnelles, en 2002 je m’intéresse aux sciences sociales, parvenant à un Bachelor HES en 2006. Si je continue ensuite d’approfondir mes connaissances du fonctionnement humain par diverses formations continues, je demeure passionné par l’art et partage mon temps d’activité professionnelle pour développer et intensifier cette pratique créatrice, m’adonnant avec passion et sérieux à une production artistique régulière.
Différents apprentissages complémentaires dans le dessin, la peinture, la calligraphie et la céramique ont confirmé mes affinités, étoffé mes compétences. Une activité d’illustrateur pour un petit journal a également enrichi mon expérience.
Les voyages et les rencontres ont imprimé durablement ma mémoire et influencé mon travail. Je conserve tout spécialement et également précieusement les impressions ramenées d’Australie, du Vietnam, de la Chine, du Maroc et de l’Espagne.
Mes influences sont multiples, je citerais notamment des artistes comme Yamanobe Hidaeki, Christian Hetzel, Pierre Soulage, Lawrence Carroll, Su Xiaobai, Mark Rothko, Robert Ryman, Lee Ufan, David Ostrowski, Edouardo Chilida, la liste n’étant pas exhaustive !
Grâce à un investissement régulier, mon travail évolue dans une constante exploration. J’investi cette démarche de manière professionnelle, j’expose régulièrement (en Valais mais aussi à Genève, sur la Riviera, à Bologne, à Paris, à Madrid et ailleurs), ce qui constitue pour moi des temps de recule, des respirations où les rencontres et les échanges m’enrichissent et me questionnent. Deux prix obtenus lors des éditions 2016 et 2017 de l’exhibition « Little Treasures » organisée par Trevisan International Art à Bologne ainsi qu’un mérite culturel décerné par la commune de Savièse m’apparaissent comme un encouragement à persévérer dans cette magnifique aventure. J’ai encore eu l’honneur d’intégrer l’Arthotèque cantonale du Valais.
Mon travail a par ailleurs fait l’objet d’une parution sur double page dans la revue Art & Design dans le numéro du mois de mai 2017 ainsi que d’un article dans la revue Top Art de l’édition du printemps 2018.
L’inspiration première vient de l'attention portée à notre environnement physique, bâti et naturel, aux variations incessantes d'ambiances, aux effets du temps, usures, corrosions qui altèrent, modifient la matière. Le spectacle de ces transformations constitue pour moi une poésie visuelle. Je me sens « appelé » par cet environnement sensoriel qui se donne en spectacle et me propose textures, nuances, compositions, traces, oppositions, harmonies. Mais si mon travail prend son ancrage dans la matière, il s'ouvre à une exploration picturale propre où les codes se complexifient et se libèrent.
L’abstrait est pour moi une formulation personnelle et libre, en provenance du tréfond de soi, là où les impressions, les sensations, les émotions, les interprétations, les croyances, les héritages, les rêves se côtoient, façonnent l’édifice de notre inconscient. L’œuvre est donc le résultat d’un processus interne, une « distillation » dont l’origine suggestive est difficilement cernable, processus où interviennent ensuite notre sens critique, nos influences, notre rationalité, nos doutes, notre égo, notre ancrage social et temporel. Je trouve ce processus à la fois vertigineux, fascinant, complexe et difficilement explicable. La pratique est dichotomique, tout en étant acteur, je suis aussi spectateur de ce qui se passe, acceptant forcément de ne pas pouvoir tout maîtriser.
En fin de compte, dans ce qui paraît gratuit, aléatoire, fortuit, il y a quelque chose d’insaisissable, de difficilement explicable : des couleurs se répondent, s’appellent, des compositions s’équilibrent, deviennent tout à coup puissantes, évocatrices, sensitives, vibrantes. Il semble qu’il y ait des « lois de la nature » là-dedans. L’artiste explore et joue, se joue de ces règles mystérieuses, provoquant harmonie ou dissonance, force ou douceur, agitation ou calme. L’abstrait se veut aller à l’essence même de tout ça, au-delà des contenus, au-delà des messages explicites, il va au cœur de l’inconscient visuel et sensoriel.
De manière obsessionnelle, je cherche à comprendre, reproduire, décliner. En constante exploration, je vais appliquer des enduits, cherchant à faire dialoguer les couches, à les faire réagir entre elles ; parfois, je vais gratter, frotter, tracer et chercher la patine, l’irrégularité harmonieuse ; à d’autres moment je vais chercher à appliquer délicatement de fines couches, cherchant le translucide, l’estompe légère, un peu comme un fin manteau de neige sur un paysage, produisant une lecture diaphane. Je crois que je tente à comprendre, explorer la « spiritualité de la matière », avec cet aller-retour entre mon dedans (l’échafaudage de ma personnalité ou mon âme) et mon dehors (le monde de la perception).
En évoluant, je cherche à réduire de plus en plus le propos, recherchant à réunir le silence et la présence, dans une forme d’évidence et de dépouillement. Je n’exclus cependant rien, je ne fais jamais l’économie d’une expérience qui m’appelle, je me laisse guider et j’attends de voir et peut-être de comprendre cette errance artistique qui tente à me révéler.
Mes techniques sont variées, je travaille sur toile, châssis de bois, papier, je réalise également des œuvres en trois dimensions, chacune de ces pratiques nourrissant les autres. Les possibles sont sensiblement différents en fonction des techniques et des supports utilisés, j’aime observer où cela me mène à chaque fois et comprendre quels en sont les dénominateurs communs.