Découvrez le travail contemporain de Jean Paul BOYER
Né en 1942 dans un petit village du Périgord , JP Boyer a profité de la grande liberté que lui laissait l'époque et surtout des parents éclairés , pour toucher à tous les matériaux à sa disposition , bois , pierres , argile….. . A la fin de ses études il s'oriente vers l'Education Nationale et se spécialise rapidement pour aider l'enfance en difficulté puis vers la psychomotricité. Il trouvera toujours le temps de suivre des cours de dessin (Grande Chaumière ,académies diverses) ou des stages de sculpture chez plusieurs sculpteurs établis. En même temps il fréquentera des années durant le Louvre (en particulier pendant son service militaire !) pour copier puis essayer d’ adapter les oeuvres de l'antiquité et de la renaissance, ce qui se ressentira beaucoup dans ses premières oeuvres.
Toujours en travaillant auprès des enfants il va petit à petit exposer de plus en plus loin autour de lui , accumuler médailles et récompenses , avant de se présenter au Salon d'Automne , à Paris, pour en devenir l'année suivante sociétaire , et se risquer à des expositions à l'étranger (la 1ère, collective ,en Allemagne). Sa rencontre avec Concha Beneditto en 1988 , alors fondatrice de MAC 2000 , sera fondamentale. Elle va l'amener rapidement à une carrière professionnelle qui le conduira à exposer un peu partout dans le monde , de Montréal à Shanghai en passant par Santander ou Istanbul , Zürich ou Knokke le Zoute - entre autres.
Le concept des sculptures modulables telles que celles qui se trouvent dans cette plaquette lui apparaît brutalement en 1989 . Il en a réalisé environ 800 pour le moment, presque toutes pièces uniques. Quelques tirages existent ( en bronze et en marbre ) mais difficiles à réaliser ils sont rares.
Depuis l’enfance , au grand dam des parents, , j’ai toujours voulu couper , modifier , arranger autrement les matières qui m’étaient accessibles : bois , glaise , plâtre et plus tard métal , pierre etc. Mais ce n’est que jeune adulte que je prends véritablement conscience de cette capacité de création.
Cependant , malgré des années de formations et de réalisations , l’espace que je crée par les retraits de matière ou les ajouts ne me suffisent plus au bout d’un certain temps . Je cherche alors comment « travailler » l’air , le vide qui entoure la matière de la sculpture.
Pour faire vite, la solution m’apparaît brutalement, comme une évidence - mais dont je ne trouve pas les sources - avec l’idée de presque toutes les sculptures à venir…
Et donc mes nouvelles sculptures ne sont pas figées une fois pour toutes . Modulables par le spectateur –volontaire – elles sont des partitions d’espace que j’offre au spectateur, au collectionneur. Libre à quiconque d’y exprimer sa sensibilité , son émotion , sa vision de l’espace , parfois même son opposition. Mais même si quelqu’un déstructure totalement la sculpture, la rend « illisible » au premier abord , si le projet annoncé est de déstructurer, il restera encore une sculpture, un geste créatif , quelle qu’en soit la valeur esthétique.
Réorganiser les éléments de la sculpture, c’est bien sûr modifier l’ensemble de la pièce. C’est d’abord modifier son expression ,ce qu’elle donne à voir , en y mettant un peu de soi .
Quel qu’en soit le résultat , on a toujours la possibilité de retrouver l’œuvre originelle, à tout moment.
Modifier l’image de la sculpture est aussi un geste qui engage et donc responsabilise celui qui le fait : il donne à voir quelque chose de lui qu’il transmet au spectateur suivant , qui l’accepte ou le modifie à son tour ….Le spectateur n’est plus seulement « regardant » . Il est devenu acteur . J’ai écrit la partition , il devient mon interprète .
Bien sûr l’œuvre doit être accessible, laissée à portée des spectateurs qui voudraient en modifier l’aspect , chercher de nouveaux avatars , inventer leur propre espace.
On peut aussi imaginer une émulation devant l’œuvre présentée au centre d’un groupe où chacun , s’il le désire, réagissant à la proposition d’un précédent spectateur , peut aller modifier , « améliorer », déstructurer la proposition antérieure.
Le côté ludique que peut donner parfois le fait de manipuler la structure, n’est pas le but primordial recherché. Il est une conséquence qui, parfois ,est très intéressante .
Le nombre de combinaisons pour une seule oeuvre , s’il est limité, est considérable : je conseille souvent à mes collectionneurs de prendre des clichés de leurs réalisations avant de passer à de nouvelles …