Découvrez le travail contemporain de Loki BAAL
Le corps déploie sa magnificence, se flétrit puis se décompose. L’esprit l’oublie, mais la chair le sent. Un corps s’entête. Un cul-terreux fouille ses entrailles à mi-chemin d’entre les rails. Les ongles, souillés de glaise, griffent les racines humaines. De cette chair d’argile s’écoule le liquide de soufre rance. Le corps palpite, se boursoufle, se détériore et retourne à la terre. Nous sommes les corps d’anciens dieux déchus. Déclassés en démons. Oubliés de notre société sans visage. En quête d’idole. De notre monde mou où le corps n’a de poids qu’au travers de la vision plastique glacée de magazines très haut perchés. La question du corps se reconstruit sans cesse. À coups de scalpel, de couteau, de pixels, de pinceau… Peindre la mort n’est que peine vaine. La mort reluit déjà sur nos vivants aux yeux injectés d’images. Aux gestes rares. Routiniers… La vie ennuie. Elle passe. Laisse ses sillons sur notre peau qu’on voudrait momifiée. Le corps dérange, avec sa graisse sans grâce, ses démangeaisons, ses gaz, ce que l’on met dedans, ce qui en sort… Ses constipations et ses coliques délogent nos fantasmes distingués. Maculer la toile de corps en questionnement. Triturer des portraits de plâtre, de pigments, de peintures et d’imperfection. Racler la vie jusqu’à la lie… Mes toiles se construisent en strates de couleurs, se superposant, se fondant, s’accouplant… Une couleur n’efface pas l’autre, mais l’enrichit. Des tons ocre qui sentent l’humus. Une toile lourde de matière, d’imperfection, d’irrégularité, où la lumière se plaît à se perdre. Mes toiles sont nées d’une tentative infructueuse de réparer une anormalité. Le fruit du hasard provoqué par des séances répétitives pour pénétrer par-delà la frontière du raisonnable.