Découvrez le travail contemporain de Anne LOUBRY
Je peins et je dessine un monde tragi-comique où la beauté "classique" a disparu, peuplé de corps grotesques et fantomatiques. Ces corps errants sont les représentants de corps absents que souvent leurs vêtements incarnent, intercesseurs entre les disparus et les vivants.
Ils sont un peu comme des éveilleurs de conscience, hantant personnages et décors, murmurant ce qui ne peut être dit.
Reste des portraits, reste des corps que le dessin recycle et tourne en dérision au profit de chimères inoffensives.
Sur ces traces se recrée un univers, point de départ de l’inspiration. Les figures qui peuplent cet univers semblent se trouver en état de sidération entre intérieur et extérieur, entre fiction et réalité ou plongés dans l’inconscient et le rêve.
Je prends des photos qui m’aident à puiser mon inspiration dans la réalité qui m’entoure.
Des portraits dessinés à partir de personnes inconnues et d’autres, de proches ou de familiers, sillonnent les compositions dans un jeu autour de la ressemblance, ou s'en éloignent et seul l'expression compte alors. Ils y apparaissent ou disparaissent au fil des travaux créant une architecture de l’intime.
Un même personnage pourra se voir utilisé plusieurs fois et constituer ainsi une série où composition, couleurs et techniques varient. Par exemple, le dessin à l’encre d’un homme sur un banc apparaît dans une première composition (techniques mixtes) puis devient le personnage central de 3 travaux : le premier est un dessin aux crayons de couleurs (visible sur Instagram), le second un travail à l’encre (dans ce dossier) et le troisième une huile sur toile (également présentée sur Instagram).
Ainsi un travail en engendre un suivant, en une répétition nullement itérative, mais plutôt comme un mouvement orienté vers l’avant, où le temps ralentit : se créent alors un attachement et une possession du dessin qui nourrit l’expression.
Ces humains dessinés mêlés à des représentations d’une simplicité qui paraît enfantine, mettent le tragique en déroute et organisent des mises en scène où dans une harmonie loufoque, l’effroi, le drôle et le vivant sont réunis et finissent par s’entendre.
Ils sont accompagnés de tout un bestiaire, d'objets divers, de nourritures, d’ustensiles… ainsi que de mots (par exemple le dessin « the dead don’t die ») qui s’intègrent en tant qu’éléments graphiques et par le sens qu’ils portent.
Les décors prennent corps et s'incarnent dans un paysage offrant un proche et un lointain par le biais d'une perspective, ou restent imaginaires, parfois s'effaçant au profit d'un fond plus neutre. Des éléments de décor et des personnages peuvent passer d'un tableau à l'autre, donnant une orientation différente à l'image.
Cette quête de personnages et/ou de portraits et leurs mises en situation face à leurs vies, leurs souffrances et in fine leurs disparitions, est le coeur même de l'axe que suit mon travail qui s'affirme comme étant l'exploration de l'intime sans fards.
Anne Loubry
