Découvrez le travail contemporain de Léonie Sommer.
Ma vie est consacrée à la peinture, à la trace, à qu'est-ce que voir. Qui sommes nous et que sommes nous dans le fond.
J'ai commencé très tôt par de la peinture sur soie. fascinée par les nuances, par son blanc initial qui n'est pas blanc. J'ai voulu emmener mes teintes à ce que je ressens face à des vitraux. Ces vitraux qui ont jalonné mon enfance angevine. Puis je suis passée à l'huile. Dans laquelle je me suis spécialisée.
Se mettre debout face à un chevalet, c'est se donner entièrement à ce qu'il y a de plus indompté dans la matière. Il m'a fallu 27 ans avant que je sois heureuse en peinture, c'est à dire que j'ai eu besoin d'avoir un sacré niveau de maitrise pour atteindre ce que je voulais atteindre. L'univers de la couleur.
J'ai peint et peint tant et tant. Exposé. Mais surtout je suis restée moi même. Défendant apremeent cette singularité qui me fait être une peintre résiliente. Je défends l'instant présent. Le vivre. Je superpose les couches et cherche la vérité du tableau comme je defendrais un enfant. Afin qu'il vive hors moi.
Depuis 3 ans, devant inventer sans cesse ma pratique afin "de ne pas être mon propre fantome", je me suis tournée vers le numérique, la photo. Cela me permet de conjuguer ce qui a été et ce qui est. C'est un travail de mémoire. Je m'interroge autant sur ce monde d'aujourd'hui, sur le numérique, sur la Trace toujours, jouant de voiles comme de mousseline de soie, proposant un prisme nouveau sur la beauté qui nous interroge. Par rapport à l'intelligence artificielle, j'y pose ce reconditionnement de l'être imparfait, de l'être qui se cherche travers le temps. Je joue mais ne triche pas. La matière, pour mes fonds numériques, sont toujours issus de ce que je capte. De ce très fort lien que j'ai avec la phénoménologie de la nature autour et en nous. C'est un lien intime. Jamsia fermé, toujours ouvert à l'interrogation de l'observateur observé. La réalité depend de ce que nous nourrissons à l'intérieur de chacun d'entre nous. J'aime l'idée de créer de la beauté en témoignage de l'incommensurable beauté que tous les jours la phénomélogie nous invite à parfois, nous découvrir.
J'ai longtemps mis l'art au service de la personne. Travaillé auprès de tout public. J'y ai consacré une grande part de ma vie. Ils m'ont ouvert le coeur et les yeux. J'ai fait beaucoup de choses, beaucoup d'expositons. J'ai eu de très beaux sites internet. ...Et puis, un jour la peinture vous rattrape. Il faut recommencer à zéro, ré-apprendre, se ré-inventer. Et continuer vaille que vaille son petit bonhomme de chemin de peintre.
Ma démarche artistique consiste, dans ma nouvelle orientation numérique à interroger le virtuel face à la trace. Cette fameuse "tâche", cette catastrophe" dont parlait William Turner et Deleuze.Peindre à l'huile est toujours une catastrophe dès lors que l'on part sur les chemins inusités. Ne jamais se reproduire mais aller toujours au delà du connu, de "su". Je superpose des étapes de ma production que je photographie parfois couche par couche. J'y appose ce que ma sensibilité capte- et me transpose- en photographiant cette région qui me bouleverse tant, le Finistère. Face à ce monde qui court à sa destruction, j'interpose les filtres de ma mémoire. Volontier Jungienne, je crois dans la symbolique. Dans une profonde psychologie enracinée en nous. L'auto hypnose, les sciences, ma fascination pour les sciences en général, et quelque chose de l'ordre de l'intemporalité en nous. Je m'élance à fond vers ce futur improbable. Mais ne tombe jamais dans l'ineptie. Mes très longues années de pratique soutiennent ma "conquête". J'aime la matière, sa force, sa puissance. Autant qu'un squelette pour le corps humain. Autant que des piliers, des arches, pour soutenir notre cathédrale intérieure qui mérite un constant travail et remise en questions de "Qu'est-ce que voir". En visitant la fois ce qui est extérieur que notre propre intériorité. En tant que visiteur visité passager voyageur du temps. Face à une application numérique, j'arc boute ma propre matière, ma densité, ma gravité. Cette erreur de la nature que represente l'humain et qui me fait être un témoin comme nous le sommes tous. Mais aussi, il y a une immense sensibilité et cette tout autant immense capacité d'aimer la vie hors nous et qui malgré les guerres, les destructions, nous invitent parfois à nous dire, et si...et si c'était un film dont j'étais l'auteur, le narrateur et le principal acteur. Et si j'avais les capacités d'y apporter ma poésie, mon soin, ma science cultivée depuis ma naissance, puis mon gout de la voltige. Sans oublier que j'ai ma chatte qui veille sur moi. Et qui m'invite chaque jour à me nettoyer les yeux et le coeur. Le numérique me permet d'allier le corps à l'esprit. Et de parler d'amour. De beauté. Du temps qui nous habite. Et pourquoi pas...de tendresse.
