Artistes Peintres
Marcel Duchamp, Andy Wharol, Joan Miro, Marc Chagall, Pablo Picasso, Jean-Michel Basquiat, Peter Doig ou encore Niki de Saint Phalle : nombre d’artistes peintres continuent de marquer les esprits par leurs œuvres et leur vie. Mais dans le fond, et dans la forme, qu’est-ce qui définit l’artiste peintre ? Qu’est-ce qui distingue leurs œuvres ? Comment les reconnaître aujourd'hui ?(...)
De la vie à l’œuvre
Devenir artiste peintre, c’est, avant d’accéder à la postérité, faire de sa vie une œuvre d’art (pour reprendre les mots de Michel Foucault). En somme, saisir ce qui dans sa propre vie et dans ce qui nous entoure mérite d’être vécu et transmis, les faire littéralement passer de la vie à l’œuvre. Amateur ou professionnel, au-delà des techniques qui le sépare des peintres en bâtiment et décorateurs, l’artiste peintre se distingue de l’artisan par cet attachement à l’expression et l’utilisation spécifique des matières et techniques dédiées : par l’art et la manière.
Contrairement à ce que pense parfois le grand public, bien que cela fasse partie du mythe, on ne naît pas artiste, on le devient ! Bien entendu, il faut des prédispositions et un goût pour l’art, mais les développer est essentiel. C’est par l’apprentissage de bases plus ou moins poussées que l’artiste peintre va acquérir puis peaufiner sa technique. Fréquenter une École des Beaux-Arts, des arts plastiques ou appliqués est un plus qui permet de se frotter aux rudiments et pigments de façon concrète ainsi qu’aux différents courants et artistes qui ont émaillé l’histoire de l’art.
Au fil des époques, de très nombreuses œuvres nous sont parvenues et continuent de nous parvenir avec pour point commun cette substance pigmentée qui donne son nom à l’art qu’elle contribue à constituer : la peinture ! À l’huile ou à l’eau, de l'aquarelle à l'acrylique en passant par la gouache, la peinture peut adopter mille et une compositions et textures et s’appliquer au couteau, au pinceau, voire à la bombe. Des armes de création massive qui s'attaquent aux de toile ou des murs. Ses matières, les techniques et pratiques, mixtes et plurielles qui y sont liées, ont constitué une histoire commune bien particulière.
Bien entendu, il n’existe pas une formation unique ou complète, et nombreux sont les artistes contemporains qui, encore de nos jours, sont devenus peintre en autodidactes ou aux côtés de maîtres. Les rencontres avec les cercles artistiques, mondains ou non, la fréquentation des expositions et des hauts lieux de l’art, voire la participation à des mouvements font toujours partie de cette formation. Dans le fond, autant que dans la forme, avant de rencontrer la célébrité, devenir artiste contemporain est plus que jamais l’œuvre de toute une vie !
Un art actif et épatant
C’est à leur patte, autrement dit à leur style ou trait, que l’on distingue les grands artistes. Dans leur manière de faire passer leurs sensations, leurs émotions, leurs pensées, à travers leur œuvre. Quels que soient leurs sujets de prédilection, du portrait à la nature morte, du paysage à la scène de genre, ils se reconnaissent à la façon particulière qu’ils ont de les traiter. Un style qui se retrouve souvent d’un tableau à l’autre par exemple, et ce, en dépit des années, des techniques acquises ou abandonnées, des expériences vécues ou encore des centres d’intérêt.
La distinction des genres que l’on retrouve dans la critique et la peinture académique s’efface au regard de cette distinction plus grande que constitue le style. L’œuvre de Picasso, marquée par des périodes très différenciées (bleue, rose, cubiste, etc.) demeure ainsi très reconnaissable, par exemple des Demoiselles d’Avignon (1907) aux Femmes d’Alger (1955) en passant par Guernica (1937). Un style qui peut parfois, malheureusement, passer pour étrange, inaperçu ou secondaire, aux yeux du grand public ou de l’establishment jusqu’à la mort de l’artiste et à sa postérité.
Sans parler de l’art pariétal, loin du baroque et du rococo, de l’art de la Renaissance et même de l’Art nouveau, l’artiste contemporain est à la fois le dépositaire, l’héritier et le fossoyeur des pratiques et des œuvres passées. Cette approche, débattue au sein de la critique à la manière de la querelle des Anciens et des Modernes en littérature, continue d'opposer spécialistes et artistes contemporains. À chaque génération, les tenants de l’arrière et de l’avant-garde s’affrontent dans une dialectique toujours vivifiante qui fait avancer l’art pour notre plus grand plaisir.
L’artiste contemporain, qu’il se qualifie de postmoderne ou non, joue le plus souvent sur une multitude de références est de niveau de lecture pour mieux se jouer des codes qui les ont conçus. Toutes les pratiques sont bonnes à prendre et à étendre, à détourner et à dévier. Les mouvements Fluxus et In Situ, qui ont beaucoup travaillé sur ces notions, ne tarirait probablement pas d’éloge sur les possibilités offertes et saisies par l’art contemporain. Du pop art au slow art en passant par l’hyperréalisme et le graffiti, les mouvements et techniques actuelles sont d’une richesse infinie !
De la connaissance à la reconnaissance
Le domaine de la peinture est large et probablement le plus visible dans l’histoire de l’art, au moins jusqu’au XXᵉ siècle. C’est à ce moment qu’apparaît la classification des arts d’Étienne Souriau qui relègue la peinture au rang de troisième art aux côtés des arts visuels. Une catégorie conçue pour mieux intégrer des formes plus larges d’expression et qui souligne la porosité des différents domaines de l’expression artistique. Plutôt que d’occuper la première place au sein des arts plastiques qu’elle formait avec l’architecture et la sculpture, la peinture s’est éclatée et démocratisée pour toucher toutes les formes d’art et toutes les strates de la société.
Si l’atelier est le lieu de création par excellence, rares sont les peintres qui demeurent isolés. Une autre classification, celle d’Alain, distingue les arts de société et les arts solitaires, pour mieux rappeler que ces derniers n’existaient pas absolument. L’artiste est toujours influencé par son époque, son milieu, sa propre histoire et celle des œuvres qui l’ont précédé. À bien y penser, l’image du solitaire est moins lié à la pratique de l’art qu’à la reconnaissance que l’artiste peut en tirer. En effet, plus rares encore ceux qui finissent par atteindre la renommée qu’ils méritent.
Les peintres contemporains profitent de l’inspiration et de la visibilité que leur procurent les nouvelles technologies. De la télévision aux réseaux sociaux en passant par les sites, plateformes et blogs, les artistes peintres ont fait évoluer leurs moyens d’expression sur le plan de l’art comme de la communication. En identifiant et en mêlant tous ces aspects, comme se distinguent et se mixent les techniques, il est aujourd’hui possible de découvrir des artistes, de comprendre et de situer leur pratique et filiation, et même d’acquérir leurs œuvres.