Description
Ce magnifique animal était un ornement d’harnachement d’un cheval certainement princier, parce que retrouvé dans un grand kourgane de la ville de Sagly-Bajy dans la région de Touva à la frontière de la Mongolie. (Le grand guerrier s’était fait enterrer avec ses armes et peut-être son cheval, sans oublier des récipients ayant contenu de la nourriture.) L’original en bronze est au Musée de l’Ermitage à Saint Petersbourg, il mesure 4,2 x 5cm et date du IV siècle avant J.C. Pour le plaisir de le découvrir à nouveau, le voici présenté à ma manière, avec une fleur entre les dents. Il est sculpté en bas-relief en négatif dans une tablette de différents bois de sapins assemblés voilà une cinquantaine d’années, puis à partir de ce moule, en faire un tirage unique en plâtre armé, le rehausser ensuite pour lui donner plus de volume, et ce, avec des composants de polyesters, le polir, puis le peindre avec des acryliques et le terminer par un maillage de petits cercles en superposition avec des peintures interférentes mixées à des iridescentes. Est-il besoin de préciser que les deux bas-reliefs forment ensemble une seule et même ½uvre ? Abordons maintenant l'art des steppes ou art scythe, qui est un art essentiellement composé d'objets décoratifs comme de la joaillerie, les décorations des armes et de l'équipement du cavalier, du harnachement des chevaux, produit par les tribus nomades de la steppe pontique qui s'étendait du Kazakhstan moderne à la mer baltique. Ces nomades étaient parmi les plus anciens éleveurs de chevaux du monde ! Les peuples nomades ont représenté de nombreuses scènes de chasse et de combat entre animaux. Le thème du fauve, un félin ou un ours se jetant sur sa proie, est très fréquent. Des scènes quotidiennes d'élevage des chevaux et des moutons sont également représentées. L'art assyrien a apporté le goût du réalisme et du naturalisme à ses peuplades, qui s'est ensuite transmis dans toute l'Eurasie, et notamment les peuples germaniques et asiatiques. La Chine a reçu un important apport de réalisme de l'Art des Steppes au cours de diverses invasions mongoles. Des deltas de la Mer Noire aux plaines de Mongolie s’étend l'immense bande des steppes. Elle traverse tout le continent asiatique. Elle est la route des nomades, qu'il ne faut pas confondre avec la route de la soie, qui reliait entre-elles, plus au sud, les villes des sédentaires. Les nomades ont toujours fasciné les sédentaires. Ils leur ont emprunté des techniques, comme la métallurgie, et avec ces emprunts ils ont développé une culture puissamment originale en leur apportant les échos de mondes inconnus. L'art des steppes garde sa part de mystère. Il est né nulle part. Il a le goût raffiné des gens du voyage qui savent happer le meilleur sur leur passage pour le transformer selon leurs exigences. Rien de commun avec celles des peuples qui ont pignon sur rue, qui bâtissent des palais, des silos, des sanctuaires où ils peuvent accumuler, s'étaler, se perdre en longues diversions. L'art des nomades va droit à l'essentiel, il ne sépare pas l'utile de l'agréable. Il ne tolère pas de poids mort, juste le strict nécessaire, mais imprégné des gestes et des rites quotidiens. « L’art scytho-sibérien des steppes représente incontestablement l'une des communions les plus saisissantes de l'homme avec l'univers » dixit André Malraux. Dans cette immense zone, toutes ces populations, aux cultures différenciées mais qui toutes semblent accorder une importance majeure au rituel chamanique (dans lequel l'animal joue un rôle prépondérant), créent dans un souci d'efficacité magique un monde de créatures étranges, influencé tantôt par la Chine, tantôt par le Proche-Orient. Véritable trait d'union entre l'Extrême-Orient et le monde occidental, elles seront à l'origine du répertoire ornemental des Celtes, des Vikings et de celui des Barbares du haut Moyen Âge. Cette aire immense sépare et relie en même temps celles des grandes civilisations sédentaires de l'Europe, du Moyen-Orient, de l'Inde et de la Chine. Celles-ci ont souvent perçu les nomades comme des primitifs jaloux des richesses des « civilisés » et rôdant comme des loups à leurs frontières. Quand elles ont commencé à se disperser, ces tribus connaissaient déjà la métallurgie du cuivre. Ce n'est que récemment, grâce aux découvertes archéologiques accumulées depuis le XIXe siècle, que l'on s'est avisé que les nomades avaient peut-être développé un autre type de « civilisation » et que leurs échanges culturels avec les sédentaires ne s'étaient pas toujours faits dans le sens que l'on imagine. Nous leur devons par exemple l'art du tapis, des progrès dans les techniques d'équitation et l'armement, certains motifs décoratifs animaliers qui ont influencé jusqu'à l'art roman d'Occident. L'imaginaire des nomades a marqué celui de leurs voisins, en Iran avec le cycle de Roustam « le Sace » et sans doute en Occident avec quelques thèmes des légendes arthuriennes hérités de Sarmates cantonnés par l'armée romaine en Angleterre aux IIe-Ve siècles. Mais à partir des derniers siècles avant J.-C., ces nomades à dominante indo-européenne furent concurrencés en Asie, puis progressivement refoulés ou assimilés, par des peuples à majorité ou forte composante mongoloïde, parlant pour la plupart des langues de la famille altaïque : turques, mongoles ou toungouses. Une caractéristique des sociétés nomades est la liberté, voire le pouvoir, dont y jouissaient les femmes. Chez les Sauromates puis Sarmates des steppes russes, chez certains Saces d'Asie, elles pouvaient porter les armes et combattre comme les hommes et avaient des fonctions religieuses importantes.
Kourgane : Un kourgane est un tumulus, en fait, il s'agit d’un monticule, voire d’une colline artificielle laissé par une population qui vivait au Néolithique entre le V et le III siècle avant J.-C., dont la grandeur est proportionnelle à la qualité du personnage enterré en son sein dans une tombe, souvent gelée dans ces régions de la Sibérie, et ayant ainsi échappé plus de deux mille ans aux pilleurs de tombes.
Steppe pontique : Une vaste steppe du nord de la Mer Noire, elle fait partie d’un plus grand ensemble appelé steppe eurasienne.
Altaï : qui signifie « Les montagnes d’or » est une zone montagneuse comprise entre la Russie, la Chine, la Mongolie, et le Kazakhstan.
Toungouses : Groupe de peuples de Sibérie de la région de Toungousta : les Evenks, Lamoutes, etc. Pour mémoire, deux rappels intéressants : 1° Les Mandchous ont des origines toungouses. 2° Les termes chamanes et chamanisme sont d’origine toungouse.