Technique
La peinture : art intemporel…
Un des sept arts, la peinture fait penser de facto aux tableaux exposés dans les plus prestigieux musées, à l’instar de la Joconde de Léonard de Vinci. Or, elle est une forme d’art intemporelle qui a su remarquablement traverser les époques, aussi bien avant Jésus-Christ que la Préhistoire, l’Antiquité, le Moyen-Âge ou la Renaissance. Si être peintre n’avait rien de gratifiant, aujourd’hui sa démocratisation a fait des petits peintres de l’ombre des artistesprotagonistes de la société. Peinture à l’huile, acrylique, aquarelle, pastelle ou technique mixte, la peinture subjugue sous toutes ses formes.
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Description
MINOEN / L’origine de ce tableau est bien dans l’esprit de la tradition mycénienne. Il est inspiré d’un sceau ovale en agate découvert dans une tombe de la ville de Canée en Crête, identifiée à l’ancienne ville minoenne de Kydonia, sur la colline de Kastelli où se trouvait un théâtre aujourd’hui démoli. Cette nécropole découverte en 1895, date du Minoen récent III, soit de 1400 à 1200 avant J-C. Rappelons la place que tenait le lion en ces temps antiques. Le lion évoque le soleil par la couleur de son pelage et aussi parce qu’il vit dans les pays chauds. Mais surtout, il représente la force et la puissance. Parmi les animaux sauvages, le lion tient dans l’imaginaire des temps antiques et plus particulièrement de la Crête préhellénique et du Proche-Orient ancien une place particulière; symbole des forces du monde chaotique, il est considéré comme le roi des bêtes sauvages. A ce titre, il est souvent associé aux monarques humains, ainsi qu’à certaines divinités. A la fois effrayant et fascinant, le lion a aussi une fonction apotropaïque. En effet des lions d’argile, de métal ou de pierre veillent souvent aux portes des villes, des temples ou des palais (ex. : Porte des lionnes à Mycènes), qu’ils sont ainsi censés protéger des ennemis de l’extérieur et des influences néfastes. Chez Homère (vers 850 ans avant J-C.), le lion qualifie l’attitude du guerrier au combat ; il exprime le courage et l’honneur; ce fauve, qui dispute à l’homme sur son propre terrain le bétail nourricier, est à la fois modèle symbolique et double complet du héros ! D’après Pline l’Ancien (23-79 après J-C.) cet animal est plein de bons sentiments : « le lion est le seul fauve qui montre de la clémence envers les suppliants ; il épargne ceux qu’il a terrassés, sa fureur s’exerce plutôt sur les hommes que les femmes, et il n’attaque les enfants qu’en cas de famine. On croit en Libye qu’il comprend le sens des prières; en tout cas, j’ai entendu une captive revenant de Gétulie en Afrique du Nord, dire qu’elle avait dans les bois, arrêté l’assaut de maints lions, en osant leur parler et leur dire qu’elle était une femme, fugitive, malade, une suppliante aux pieds du plus noble de tous les animaux, qu’il était leur roi à tous, et par là même, qu’elle était une proie indigne de sa gloire ». Plutarque (vers 50-125 après J-C.), dans son traité intitulé « De l’amour de la progéniture » observe que les philosophes se réfèrent souvent au règne animal. Il ajoute « Ils font appel à la nature des animaux privés de raison comme à une cité étrangère et, pour juger, ils s’en rapportent à leurs propres passions et à leurs m½urs dans l’idée qu’elles sont incorruptibles et intègres ». Cette remarque pourrait s’appliquer à Plutarque lui-même et en particulier, au dialogue qui a pour titre « Les bêtes privées de raison ont l’usage de la raison. » On a aussi toute raison de douter que l’humanité se trouve dans le même cas ? Qu’en pensez-vous ? Avant d’évoquer à nouveau le tableau qui nous concerne, signalons que le mot lion vient du latin, « leo » et du grec « leon », mais on considère que le mot est étranger, sans que l’on connaisse son origine. Les prénoms, Léo, Léon, Léonard, Léonie,…en sont issus. Les lions étaient très répandus dans toute une partie du Sud de l’Europe, nous savons qu’ils étaient de plus petite taille que ceux d’Afrique, et cela compte donc aussi pour la Grèce, l’île de Crête et l’Italie du Sud. Terminons par la représentation stylisée à l’extrême de notre toile : Deux lions minoens encadrent une chèvre sauvage qu’ils s’apprêtent à dévorer. Il faut être très crétophile (ce que je suis !) pour reconnaître instantanément les deux lions. Pour la chèvre sauvage, l’exercice est bien plus difficile, sauf si l’on sait qu’à Mycènes, il a été trouvé un fragment de chèvre sauvage aux pattes minces, au corps tacheté, au trait grêle et dans une position cambrée (Furtwängler et Loeschcke, Mykenische Vasen, n° 408, postérieur au Minoen Récent. Voir: Les animaux dans la peinture de la Crête préhellénique – 1926.)