Découvrez le travail contemporain de Pierre Baudais
Au début, discrètement, il y a les racines, inconscientes, notre petite histoire, personnelle, intègre.
Graines d’artistes, on avait 20 ans. On voulais danser avec les plus grands.
Picasso, Duchamp, Malevich, Bacon, Godard, Artaud, Tzara et tant d’autres. On avait écrit un manifeste, s’intitulait « Bubu ». On se voulais néo-dadaïstes.
C’était de dire, qu’il est devenu impossible de produire de nouvelles formes sans s’appuyer sur le travail des prédécesseurs, tout les territoires ayant déjà été explorés, colonisés.
Abstrait, comment aller plus loin que « carré blanc sur fond blanc » ? Et comment passer derrière Duchamp ? Jouer une note sans référer à Armstrong ou Bach ?
Boxer les morts ça nous enchainent.
Et puis le temps passe. On finit nos études, on trouve des boulots, on tombe amoureux, on avance sur le chemin de la vie. Et les rêves de vingt ans se dérobent. Au début on les oublie pour un instant, pour un instant seulement, et puis lentement le rivage s’éloigne, les couches sédimentent. Pour disparaitre. Le cap à changé.
J’ai prit la route de la caméra et de l’audiovisuel. J’ai travaillé comme opérateur de prise de vue et comme monteur vidéo. Pour la télévision, pour le cinéma, des films d’entreprises, un peu pour la publicité aussi. En 2014 je réalise mon premier long métrage. Là déjà on se rapproche un peu.
Et parallèlement à tout ça, je continu mon travail photographique, à chercher, quelque chose de nouveau, dans les couleurs, dans les traitements, même dans les vitesse, le flou de l’obturation m’interpelle beaucoup.
L’esprit c’est comme la tectonique des plaques. Ça se passe en dessous.
L’idée de la sur-impression était déjà là, en dormance.
Par erreur j’avais rechargé une pellicule déjà exposée et shooté dessus. Sans avoir aucunes idée de ce que je faisait à ce moment là.
Au moment de découvrir les clichés j’étais passablement déçut, mais il y avait une image absolument fascinante.
Fantastique hasard. J’étais fasciné. Quelque part sur le chemin, y’avait eu un accident. Et c’était là. Anodin.
C’était la même personne, dans la même pièce - sa cuisine - vu dans deux angles différents, comme les têtes dans un jeux de cartes, et dans deux temps différents. Y’avait deux espaces-temps réunis sur le même support. Et deux espaces temps qui pouvait se parler, se répondre, une réunion qui avait du sens et crée un troisième espace. Le tout devenait plus que la somme de ses parties.
Le voile s’était déchiré. Au loin, j’avais entraperçut les nuances, les formes, les saveurs, les odeurs. Rien de précis mais il y’avait un truc là, sur ! Jusqu’ici quand je filmais ou photographiais je savais toujours à l’avance ce que j’allais voir à l’arrivée. Quand on film un visage, on le voit-, on sait à quoi il ressemble déjà.
Ce que j’ai découvert à ce moment là, c’est que c’est la surprise, La joie de découvrir, c’est la clef.