Découvrez le travail contemporain de Viejo
Philippe Viejo se destinait à être un artiste vivant de sa peinture ou un incorrigible bourlingueur. Il réside finalement depuis de nombreuses années à Montauban (Tarn-et-Garonne), où il est marié, père de famille et conseiller en communication. Mais qu’on ne s’y trompe pas, celui-ci n’a remisé aucun de ses rêves. Homme de voyages, Philippe Viejo a découvert, alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années, les quatre coins du monde à bord d’un bateau familial, le Beluga, construit par son père. Un premier voyage marqué par les mouvements chaotiques de la mer et par les couleurs saturées des pays lointains. De ce périple, il a conservé le goût de l’aventure qu’il partage aujourd’hui avec sa femme et ses enfants : traversée des Etats-Unis en voiture, camping-car sauvage en Europe de l’Est, plongée sous-marine dans des îles lointaines. Une activité qu’il a pratiquée pendant plus de quinze ans en Martinique où il avait choisi de débuter sa carrière professionnelle. Entre-temps, déjà, la peinture avait fait irruption dans sa vie. Très tôt, ses professeurs avaient décelé son talent pour l’inciter à s’inscrire à l’Ecole Nationale d’Arts Plastiques de Montauban. Le jeune homme y affine sa connaissance des différentes techniques. A 20 ans, il réalise sa première exposition à Moissac. Une vingtaine de toiles figuratives sont exposées. Elles sont toutes vendues et il décroche le Prix Ingres. D’autres prix régionaux et nationaux suivront. Lorsqu’il pose ses valises en Martinique après d’autres séjours, la peinture fait toujours partie de sa vie. Il y expose à plusieurs reprises et connaît un grand succès. C’est pourtant son activité de conseiller en communication qui le fait vivre et qui l’oblige à faire un choix. Il choisira Beluga, son entreprise. S’il délaisse peu à peu les pinceaux, il n’oublie pas la peinture. Mieux, pendant vingt ans, il la nourrit de sa nouvelle vie. Et quand il reprend place devant le chevalet, c’est pour retracer ce long voyage intérieur. Peinture mûre et aboutie, le figuratif peu à peu s’efface au profit d’une représentation personnelle du monde incarnée par la matière, le mouvement et la couleur. Libéré des contraintes créatives de son travail, il peut remonter à la source de sa propre existence. Peintures du voyage, voyages de la peinture, ses tableaux racontent à la fois le monde du dehors et du dedans. Celui que l’artiste a vu. Celui qui l’a fait homme. Pour lui, la terre, c’est la mer. Une mer ô combien maternelle qui raconte aussi bien la naissance de l’univers que son usure. Une œuvre contemplative qui décrit la beauté du monde et la richesse de ses arcanes. Et qui pousse le spectateur à s’interroger sur son propre parcours. Car, pour proposer une telle vision du monde, il faut avoir vraiment vécu. Mieux, il faut avoir bien choisi sa vie.Sébastien Maurès