Découvrez le travail contemporain de Quentin Alleau
Je viens d’Angers, je dessine depuis toujours. Je considère le dessin comme le prolongement de mon être et de mes pensées, conscientes ou inconscientes. Dans mon enfance, on m’a toujours poussé au dépassement dans le but de « réussir », et finalement je n'ai toujours pas compris le but de la manœuvre. L’important est de s’émerveiller, c’est ce qui garde (l’)en/vie. Mon émerveillement et mon en/vie sont d’être moi et de dire, de m’exprimer, de partager, d’échanger et de comprendre.
Le sens du détail mis en dessin s’est transformé en matière à travers le modelage, puis le mouvement pendant mon bac Littéraire audiovisuel et art-plastique. Finalement j’ai choisi de faire des études de mode à Paris. J’y ai appris à coudre tout en gardant le processus idée / dessin / volume / mouvement. Après plusieurs rencontres de créatrices, artistes et indépendants, en tant que styliste-modéliste notamment chez Azzaro, Lord SM Paris et Palmaccio, j’ai eu besoin de voyager. Je suis parti vivre à Florence pour m’enrichir culturellement. Ce moment a été indispensable pour me reconnecter à mon enfant intérieur et mon en/vie. J’ai aussi pris ce temps pour apprendre la modélisation 3D, j’ai dessiné ma collection de vêtements pour homme et j’ai inventé une dizaine de jeux de société. De retour à Angers, j’ai créé ma maison d’édition de jeux de société Exocet Editions et mon atelier de créations que je considère comme étant le reflet de l’intérieur de ma tête. J’ai fait un retour vers mes bases qui sont le dessin, la peinture et le modelage, à la fois de l’argile et du textile.
Les thèmes que j’aborde parlent de la courbe masculine, l’expression du corps, le jeu, l'actualité, mes expériences et l’amour de la vie. Même si « la vie est dure et ne dure pas » comme dit Nancy Huston dans l’espèce fabulatrice. J’aime toutes les histoires, les petites comme La grande, les bonnes comme les mauvaises, les joyeuses comme les glauques. Je les sens, je les vois, je les dévoile, je les raconte, je les sublime, même si ça dérange ! Parce qu’elles sont « émotions ». Et les émotions sont des couleurs en mouvement, comme la vie un enchainement d’instants, de clichés fugaces. Parfois les histoires viennent sous forme de poème. Je dis qu’elles « viennent » car elles tombent sur le papier, un peu à la manière d’un tirage de tarot. Et parfois je crée à partir de ces poèmes. Je croque dans un carnet, puis je couche ensuite l’acrylique, l’argile ou l’huile, en spray, au pinceau, au couteau ou directement avec mes doigts sur des toiles cousues en forme. Apparaissent alors des bas-reliefs de récit poétique dont le sens se trouve dans le cœur de celui qui les regarde. Je fonctionne en série, les rendus sont différents d’une série à l’autre, en fonction du thème et de l’histoire, de la taille du médium et des techniques choisies. Les formes restent toujours organiques lorsque l’abstrait s’impose face au figuratif.