Découvrez le travail contemporain de Véronique CHENU
Je suis artiste peintre. Graphiste aussi. Née à la Roche-sur-Yon, je ressens très tôt le besoin de dessiner le monde qui m’entoure. Une manière d’apprivoiser mes peurs, de partager mes sentiments, de construire des récits. Parce que créer c’est vivre plus intensément. Un bac artistique, des études d’arts graphiques, un bref passage aux beaux-arts et dans quelques ateliers locaux, sèmeront quantité d’incertitudes propices à ma création.
Un zèbre disent certains. Parce que comme lui j’aime me fondre dans le paysage. À l’abri des regards. Aiguisant le mien davantage. Observant le monde qui m’entoure, bien cachée sous mes rayures.
Regarder attentivement un visage, un corps, la nature... Voir au-delà du visible. Voir ce qui est et ce qui n’est pas. La présence ou l’absence. La présence et l’absence.
Ressentir physiquement, émotionnellement, l’objet, le paysage, un temps de cochon, les nuages et la chaleur du soleil. Saisir le murmure et l’imperceptible détail. Traduire en formes et en pigments cette avalanche de non-dits. Écouter les couleurs. Transcrire les lignes et les modelés. Au plus juste. D’un trait si possible. Parce que ce trait sera plus fort qu’une multitude de traits. Parce qu’il viendra directement de mes tripes et du cœur et qu’il ira droit au but, parce qu’il portera de front son message.
Déchiffrer et interpréter sans verbaliser notre univers. Et parce que créer c’est aussi contribuer à mon humble niveau, à la perception de normes obsolètes, de codes issus d’un monde archaïque et profondément injuste, assignant à résidence le genre féminin, ainsi qu’une grande partie de l’humanité, celle qui n’a pas fait le choix de l’argent, celle qui n’est pas rentière. Explorer et dénoncer une planète vendue aux hommes de pouvoir, si ce n’est arrachée aux petites gens, qui sous couvert de marketing manipulent le vocabulaire afin de justifier leurs exactions. Questionner par mon travail, tout en signifiant la colère, l’injustice, l’absurdité de ce monde...
Exprimer sur le papier et sur la toile, par les contours, les structures, les espaces, le geste et la couleur, le foisonnement de la pensée intuitive des zèbres. Donner à voir pour inciter le monde à changer. En espérant que cette prise de conscience mène à de douces révolutions écologiques et sociales. Mettre en exergue pour avancer. Se désaliéner par le trait, retrouver sa liberté...
En résumé, associer la création à l’inextricable cheminement, la profusion de la pensée en arborescence du cerveau droit. Comme tout bon zèbre qui se respecte.
Un peu chameau aussi, pour l’endurance. Je supporte sur mon dos autant de charges que possible, pour mieux me libérer un espace temps créatif où la peinture règne en maître. Et puis hamster, je peux tourner à toute vitesse dans ma roue indéfiniment, à la recherche de l’âme d’un tableau. À la recherche de mon âme... Pour mieux me relier à cette terre, me reconnecter au monde.