Balthus, ce peintre peu connu du grand public
"La meilleure façon de commencer est de dire : Balthus est un peintre dont on ne sait rien. Et maintenant, regardons les peintures." Cette phrase prononcée par l’artiste peintre lui-même est pleine de sens lorsqu’on essaye de connaître ce peintre du XXe siècle.
Qui était ce peintre figuratif ? Pourquoi est-il connu ? Partons ensemble à la rencontre de Balthus.
Balthus grandit dans un riche milieu culturel
De son vrai nom Balthasar Klossowski de Rola, Balthus naît à Paris le 29 février 1908 dans une famille polonaise liée aux milieux artistiques. En effet, son père Erich est peintre et historien d’art et sa mère, Elizabeth Dorothea Spiro, appelé Baladine Klossowska, est également peintre. Pierre Klossowski, son frère aîné, est écrivain et dessinateur.
De nationalité allemande, la famille est contrainte d’abandonner la France lors de la Première Guerre mondiale. Elle est alors recueillie à Zurich par le professeur Jean Strohl. Le couple Klossowski se sépare en 1917. Baladine Klossowska s’installe avec ses deux fils quelques mois à Berne avant de résider à Genève en novembre.
Les débuts du peintre artiste
Balthus est inscrit au collège Calvin en 1919. Très tôt, ce jeune artiste autodidacte s’intéresse à la peinture et au dessin. À l’âge de 11 ans, cet artiste peintre publie en 1921, sous le nom de Baltusz, des dessins à l’encre dans “Mitsou le Chat” un livre écrit par le compagnon de sa mère, Rainer Maria Rilke. Ce poète autrichien lui offre même une préface. Il se réinstalle avec sa mère et son frère à Berlin au printemps 2021 pour se fixer ensuite sur Beatenberg en mai 1923.
Cette même année, le peintre fait la connaissance de sa première femme à Beatenberg, Antoinette de Watteville, alors âgée de 12 ans, qui sera son modèle pour plusieurs de ses toiles.
Son retour à Paris
Il revient en France en 1924, s’inscrivant comme élève libre à l’académie de la Grande Chaumière à Paris.
Encouragé par deux peintres français, Pierre Bonnard et Maurice Denis, auxquels il montre ses dessins, cet artiste peintre copie des œuvres de Nicolas Poussin au Louvre.
Grâce au mécénat du professeur Jean Strohl, ce peintre passe l’été en Italie en 1926 afin d’étudier et de copier les fresques de Piero della Francesca à Arrezo et de Masaccio à Florence.
En 1929, l’artiste peintre participe à sa première exposition en présentant une dizaine de ses tableaux au sein de la galerie Förter de Zürich.
Dans ses premières œuvres, l’artiste peintre se veut l'héritier des grands-maîtres classiques en faisant le choix de se détourner des avant-gardes du XXe siècle. Il revendique des compositions mises en scène avec précision et une technique parfaite.
Il s’éprend d’Antoinette, dont il peint le premier portrait, lorsqu’il passe plusieurs semaines avec les Watteville en été 1930. Il effectue son service militaire au Maroc d’octobre 1930 à décembre 1931.
Sa vie d’artiste peintre
Balthus loue un atelier à Paris en mars 1933 et sera conseillé par l’artiste peintre André Derain.
En avril 1934, Balthus expose au sein de la galerie Pierre à Paris des tableaux avec des jeunes adolescentes à la tenue ambiguë. Il reprend les thèmes qui lui sont chers tels que des scènes de la vie quotidienne, des portraits de jeunes filles ou de jeunes garçons nus. Son œuvre est imprégnée d’une thématique sexuelle qui a souvent pu choquer les personnes.
L’année 1935 est une année productive pour cet artiste peintre qui :
- réalise les costumes ainsi que les décors dans l’adaptation d’Antonin Artaud des “Cenci”
- publie 8 illustrations pour Les “Hauts de Hurlevent” d’Emily Brontë
- peint un autoportrait "Le Roi des chats"
- effectue une première étude d’une de ses prochaines œuvre “La Montagne” qu’il peint entre 1936 et 1937
Après une cour laborieuse, ce peintre figuratif épouse Antoinette de Watteville le 2 avril 1937 avec laquelle il aura deux fils, Stanislas et Thadée, avant de se séparer en 1947.
De nouvelles perspectives
En 1953, cet artiste peintre se retire du milieu artistique parisien pour vivre au château de Chassy jusqu’en 1961. C’est en ces lieux qu’il peindra de magnifiques paysages. La même année, il est nommé par André Malraux, ministre des Affaires culturelles, directeur de l’Académie de France à Rome jusqu’en 1977. Il engage alors de nombreux travaux de restaurations dans les bâtiments ainsi que les jardins de la villa Médicis. En 1962, il est envoyé en mission diplomatique au Japon par André Malraux. Il y rencontre sa seconde épouse, Setsuko Ideta, avec laquelle il a eu une fille, Harumi. Ils se marient en 1967.
Ce peintre figuratif revient en Suisse à Rossinières en 1977. Il y meurt le 18 février 2001 à l’âge de 93 ans.
L’œuvre de Balthus
Ce peintre figuratif meurt en laissant une œuvre de quelque 350 tableaux loin des modes à la fois fantastique et académique, entre surréalisme et réalisme.
Ses premiers tableaux affirment son indépendance. Cet artiste peintre n’appartient ni aux surréalistes, ni aux cubistes. Ses peintures reflètent l’influence de Pierre Bonnard. Les idéaux de Balthus sont des peintres de la tradition italienne tels que Piero della Francesca ou des peintres français comme Courbet, Cézanne ou Poussin. Il tourne le dos aux avant-gardes du XXe siècle ce qui ne l’empêche pas d’avoir une relation amicale avec Giacometti ou Picasso. Ce dernier lui achète même une de ses œuvres, Les enfants Blanchards.
Il faut attendre 1934 pour que le style et la thématique de Balthus s’élaborent.
Balthus s’essaie :
- aux portraits en peignant des artistes ou des connaissances (Joan Miro et sa fille Dolores en 1937) ou son propre portrait “Le Roi des chats” (1935)
- aux paysages tels que "La Montagne" en 1937 ou encore "Paysage de Chassy" en 1957
- à la nature morte comme "Nature morte" en 1937 ou "Nature morte (coing et poire)" peinte en 1956
Balthus est célèbre pour ses tableaux dévoilant des jeunes filles peintes dans des poses ambivalentes exposées aux regards des voyeurs. Ce peintre figuratif préfère peindre des adolescentes qu’il voit comme un symbole. En effet, selon Balthus, les adolescentes, contrairement aux femmes, incarnent l’avenir. Selon Balthus, "le corps d’une femme est déjà complet. Le mystère a disparu.". Sujet à de nombreuses controverses, Balthus a peint des œuvres qui ont souvent pu choquer les visiteurs des musées. Une de ses œuvres les plus célèbres est "La Leçon de guitare" que le peintre figuratif a peint en 1934. Celle-ci expose une scène sexuelle entre une jeune fille et sa maîtresse de musique. Aux Etats-Unis, cette peinture a d’ailleurs été soustraite à la vue du public.
Toutefois, bien que l’ambiguïté sexuelle soit représentée dans de nombreuses peintures de cet artiste peintre, Balthus a peint de nombreuses œuvres qui sortent clairement de cette thématique telle que "La Rue" (1933), "Thérèse Rêvant" (1938) ou encore "La Chambre" (1952-1954).
Dans un écrit publié en 1996, Claude Roy définit Balthus comme “rare et discret, rare et secret”. Ses tableaux mettant en scène des jeunes filles à mi-chemin entre perversité et innocence, tantôt endormies, tantôt troublantes, souvent accompagnées de chats baignent dans un univers féerique empli de mystères.