La vie d’Edward Hopper
L’artiste (1882-1967) naît dans l’État de New-York. Il grandit dans une famille modeste, d’artisans. Ses études d’illustrateur publicitaire l’ouvrent à la peinture qui devient alors sa passion.
Il est une figure majeure du réalisme américain. Son talent rapproche même ses œuvres de véritables clichés photographiques. Ses tableaux semblent parfois saisir un instant comme seules jusque-là les photographies semblaient en avoir le secret. Il est le chantre de la classe moyenne américaine de son époque.
Il passe sa vie à New-York même si un séjour en Europe de 1906 à 1910 marque son parcours. Il visite notamment Paris trois fois. Il en repart marqué par la culture française. Il se décide même à apprendre la langue.
L'artiste peintre est fasciné par des maîtres de la peinture européenne tels Manet ou encore Rembrandt qui le marquent par leur thème d’étude, leur talent et leur exploitation des couleurs. Son passage en Europe et en France donnent naissance à des scènes parisiennes même s’il se spécialise ensuite dans l’étude de la société dans laquelle il vit, dans son propre pays.
Son travail n’est ensuite plus dissociable de la société américaine dans laquelle il évolue. Sa voie artistique s’affirme à partir de 1913 et sa renommée débute dans les années 20. Son champ d’inspiration est celui de la vie quotidienne. Il touche en mettant en scène des personnages et des scènes de la vie de tous les jours en faisant transpercer leurs sentiments.
Hopper est l’artiste peintre de l’American way of life. C’est un élément fort de son héritage.
Il s’intéresse aussi à l’architecture, mais en axant toujours ses œuvres sur les sentiments qu’elles peuvent dégager. Son intérêt ne porte pas sur de grands bâtiments majestueux mais sur des constructions qui entrent en résonance avec la condition humaine.
Son talent réside dans sa capacité à saisir des instants de vie. Instants qui mettent en relief la complexité humaine. Il arrive à évoquer la mélancolie, le désir, la peur du vide, les questionnements sur le sens de la vie en se « contentant » de peindre et dessiner des objets quotidiens.
Dès le début des années 1930 le MOMA (Museum of Modern Art) lui consacre une exposition. Il est célébré comme le peintre de l’Amérique middle class, traversée dans son quotidien par ses angoisses et ses incertitudes.
Ce qui touche chez Edward Hopper est son génie pour mêler les éléments de la vie quotidienne, le monde réel et un monde parallèle, aux résonances de roman noir. Son talent réside dans son génie à exploiter l’image d’un personnage. Lui seul sait exploiter la solitude de l’humanité par la présentation anodine de son modèle.
Chaque protagoniste est un prétexte pour exposer la condition américaine et souvent dénoncer les dérives d’une société froide et anxiogène.
Trois œuvres d’Edward Hopper
- Maison près de la voie ferrée (1925)
Cette huile sur toile exploite un des thèmes favoris de l’artiste peintre, celui des scènes urbaines et rurales où le bâtiment ou la maison est au service de symboles angoissants.
La lumière crue, les couleurs, les ombres et les lignes sollicitent les sentiments du spectateur. La demeure semble prendre vie et conduit à lui prêter des sentiments. La solitude, le stress du temps qui passe, l’inquiétude s’immiscent dans l’observateur de l’œuvre.
Alfred Hitchcock citait ce tableau comme étant la base de son inspiration pour concevoir la maison du film Psychose.
Le génie de Hopper résulte dans son talent à faire surgir de ses pinceaux, pas seulement l’image d’une simple maison, mais des sentiments. La mélancolie qui s’en dégage transforme l’œuvre en critique des progrès techniques et de la société moderne.
- Nighthawks (1942) traduit par : Les noctambules
Le format du tableau évoque un écran de cinéma. La scène saisit un instant de vie entre 4 personnes assise dans un restaurant typiquement américain. Il est très tard le soir. Le peintre appuie les ombres et les lumières pour offrir des tons particuliers et donner une impression dramatique à cette ambiance nocturne.
L’artiste peint des objets typiques d’une soirée américaine du mug au distributeur de boissons à l’affiche publicitaire. Les personnages semblent chacun dans leur univers, détaché des autres. Le spectateur les regarde, comme à travers une vitrine mettant en avant un des sujets de prédilection du peintre : la solitude.
Chaque élément choisi et peint ici appuie le réalisme de Hopper qui trouve une place de renom dans la peinture du XXème siècle avec cette œuvre. La société américaine moderne transpire ici par ses néons, ses publicités et ses objets de consommations.
- Une femme au soleil (1961)
Hopper peint ici son épouse nue, dans une chambre inondée de soleil. Elle a une cigarette à la main. Elle reçoit le soleil de plein fouet. La fenêtre laisse entrevoir de vertes collines dans une lumière dorée.
La décoration de la pièce est minimaliste. L’intérêt est porté sur le corps féminin. Sa femme a 68 ans lorsqu’Hopper réalise le tableau. Cependant, tout en posant un cadre issu du réalisme, il ne cherche pas les traces du temps sur son corps. On peut parler de scène faussement réaliste ici où les formes dessinées sont juste un prétexte pour figer un instant de solitude totale.
L’œuvre de Hopper, d’une grande richesse, est appréciée de son vivant comme miroir au temps de ses contemporains. Les sujets qu’il aborde résonnent immédiatement et témoigne aujourd’hui d’une société en mutation.
Elle est le véritable reflet d’une société américaine ancrée dans son temps.
L’artiste peint et souligne, à travers ses thèmes de prédilection le cadre de vie et le fonctionnement des classes moyennes happées par l’American way of life.