Jean-Michel Basquiat, l'artiste peintre naïf, noir et rebelle le plus acclamé de New York
Jean-Michel Basquiat (1960-1988) est une figure et un précurseur de l'art naïf et néo-expressionniste aux États-Unis. Très jeune, il se retrouve livré à lui-même dans les rues de Manhattan, où il découvre le milieu du graffiti et l'underground new-yorkais des années 70. Ses origines afro-caribéennes et sa condition d'homme noir artiste alimenteront ses œuvres, autant que les dessins animés américains de son enfance. Il sera par la suite fortement marqué par sa rencontre avec Keith Haring et avec Andy Warhol, le roi du Pop art. Il suivra ce dernier jusque dans sa tombe : un peu plus d'un an après son ami, en 1988, il meurt d'overdose, seul chez lui. Avec une carrière aussi courte et fulgurante, ses peintures, sur toutes sortes de supports (t-shirt, toile, cartes postales, papier), sont des pièces rares qui s'arrachent en salles des ventes.
Ses origines et son enfance difficile alimentent les œuvres de l'artiste peintre Basquiat
Jean-Michel Basquiat est né à Brooklyn (New York), juste avant Noël 1960. Le jeune Basquiat est très précoce, notamment en langues et en dessin. À 6 ans, il a déjà sa carte de membre junior au MOMA (Museum Of Modern Art, à Manhattan), qu'il visite régulièrement avec sa mère. Celle-ci lui transmet son goût pour la peinture contemporaine, avant que ses parents ne divorcent et qu'elle soit placée en institut psychiatrique. Il déménage avec son père, mais il abuse du jeune Jean-Michel Basquiat, physiquement et psychologiquement. Quand son père décide de revenir vivre à New York, il s'enfuit dans la rue à 16 ans et abandonne ses études.
Il découvre alors le milieu underground new-yorkais des années 1970 et le graffiti. Pour survivre, il vend de la drogue et ses premières peintures dans la rue en 1977 : des cartes postales et des t-shirts peints. Il en oublia un jour quelques-unes dans un train : elles valent aujourd'hui 50 000 $ pièce.
Artiste peintre afro-américain, d'origine portoricaine par sa mère et haïtienne par son père, il a très tôt conscience de son identité noire. Même s’il a dit : « Je ne suis pas un artiste noir, je suis un artiste. », il dénoncera toute sa vie la condition de l'artiste noir. Ses peintures, vers la fin de sa vie surtout, explorent les thèmes de son identité, de la race et des relations humaines.
Basquiat : l'artiste peintre de l'underground new-yorkais
À partir de 1976, Jean-Michel Basquiat découvre le milieu underground de Manhattan et le graffiti, qui n'a pas encore le statut de beaux-arts et le droit de cité dans les galeries d'art. Autodidacte, il écume seul les musées de New York et couvre de graffitis les murs et les devantures des galeries. Il peint et signe du nom du personnage qu'il a inventé : SAMO© (Same Old Shit), un faux prophète qui voudrait nous vendre une religion corrompue. Basquiat et ses amis (dont Keith Haring) le peignent partout, si bien que le phénomène antisystème et antireligion intéresse les radios. Mais l'artiste peintre refuse les interviews et s'en désintéresse.
Jean-Michel Basquiat s'essaie alors à la musique et en vivra toute l'année 1979. Il fonde le groupe de Noise rock « Gray », puis participe à un film indépendant. C'est là qu'il rencontre celui qui est devenu son grand ami : Andy Warhol, le fondateur du mouvement Pop art, qui influencera les travaux de Basquiat.
Un succès fulgurant, mais bref, pour « L'Enfant radieux », ami d'Andy Warhol
En côtoyant Andy Warhol, la visibilité de Jean-Michel Basquiat augmente. En 1980, il expose ses premières toiles à la « New Wave/New York », aux côtés de Warhol et Haring. Dès 1981, sa carrière explose : un article dans le magazine Artforum le présente comme « The Radiant child », en référence à sa jeunesse et à son charisme solaire. Il est pris sous son aile par Annina Nosei, une marchande d'art, qui lui prête le sous-sol de sa galerie comme atelier d'artiste.
En 1982, il est au sommet de sa gloire : le New York Times Magazine lui offre sa couverture. De plus, il reçoit le soutien de Larry Gagosian, qui lui ouvre les portes de la galerie d'art la plus huppée de Manhattan. Mais en 1987, le monde s'écroule pour Jean-Michel Basquiat, qui perd Warhol, son ami le plus proche. Rattrapé par ses démons, trainés depuis son enfance difficile, il succombe un peu plus d'un an plus tard. Il est retrouvé mort d'une overdose, seul dans son appartement, dont il ne sortait plus, malgré le succès.
Les œuvres et le rôle de Basquiat dans l'histoire de l'art
En une décennie, telle une comète, l'artiste peintre contemporain Jean-Michel Basquiat a réalisé une quantité d'œuvres impressionnante. Il nous laisse 1 000 toiles et 2 000 dessins, sans compter les graffitis effacés. Il a même peint 5 toiles avec Warhol, dans un mélange entre néo-expressionnisme et Pop art. Bien plus que cela, il est un des précurseurs du street art et un des premiers à le faire entrer dans une galerie d'art, bien avant Banksy. Il aime mêler plusieurs techniques d'illustration (peinture, pastel, crayon et feutres) et varier les supports (toiles, portes, papier, serviettes, t-shirts, murs…).
L'artiste peintre a choisi pour s'exprimer le style naïf et le néo-expressionnisme, tout juste arrivé d'Allemagne. Ses peintures sont reconnaissables aux inscriptions manuscrites chaotiques et à la symbolique récurrente qu'il utilise : des couronnes (pour se représenter lui-même), des squelettes et des crânes (la mort), des mâchoires, des revolvers (la violence), des serpents, des personnages de BD (l'enfance, la naïveté), etc.
La condition humaine sera aussi une de ses thématiques majeures, notamment celle de l'homme noir et le problème du racisme aux États-Unis. Son tableau « Slave Auction » (1982), qui porte sur l'esclavage et la traite des noirs, et les autres peintures sur la question de la race et des minorités opprimées, feront de lui une figure de l'afro-américanisme dans l'art. Il n'en oublie pas moins la condition de l'Homme en général, broyé par un système chaotique et fallacieux. Avec un style faussement enfantin, il parle avec ses pinceaux de la misère humaine, de la pauvreté, de la violence, de l'exploitation et de l'exclusion, comme dans « A panel of experts » (1982).
L'influence de Basquiat se poursuit jusque de nos jours, où l'artiste afro-américain est cité dans des chansons (Jay-Z, Kanye West, Lil Wayne). Sans parler de ses peintures et dessins, qui s'arrachent : en 2013, la toile « Dustheads » s'est vendue près de 50 millions aux enchères. Ses cartes postales peintes valent dans les 50 000 $ et ses grandes œuvres au moins 100 000 $ chacune.