Ted Gore, un photographe qui capture le paysage tel qu’il le perçoit
Gore est un photographe qui a voyagé aux quatre coins du globe afin de partager au monde des paysages aussi familiers qu’inconnus. Des Sierras de Californie en passant par la côté Na Pali d’Hawaï ou les Dolomites italiennes, l’artiste photographe livre des photographies de paysage qui nous invite à voyager lorsque nos regards se posent dessus.
De l’étudiant chimiste au photographe
Le père de Ted Gore a remis à son fils un appareil photo numérique avant qu’il ne voyage sur la côte californienne. Durant le voyage, alors que Gore montre à son père une photographie qu’il a capturée, ce dernier lui explique “qu’il est facile de prendre de belles photos de belles choses”. Il lui conseille alors “de prendre de belles photos de choses pas belles”. Il s’est alors mis en quête de capturer la beauté dans l’obscurité et l’inattendu.
Lors de sa dernière année à Georgia Tech, en tant qu’étudiant pour devenir chimiste, le futur photographe découvre une nouvelle passion pour l’infographie, la vidéo et la réalisation de film. Ouvrir le champ des possibles l'entraîne sur une nouvelle voie qui l’amènera à Los Angeles où il travaille en tant que concepteur graphique sur de nombreux projets télévisuels et cinématographiques. En effet, du fait de sa carrière, le photographe a pu se perfectionner en réussissant à composer et à disposer des éléments d’une scène afin “qu’ils soient plus agréables à l’œil”.
Photographies ou images ?
Grâce à l’étude de la théorie des couleurs, qu’il trouve largement sous-exploitée, Gore estime avoir apporté à ses photographies de paysage une perspective différente de celles de ses confrères. En associant cette théorie et l’imagerie numérique afin de créer des photographies susceptibles d’évoquer des sentiments chez le spectateur, le photographe crée quelque chose de nouveau et d’unique dans le milieu de la photographie de paysage.
Ses images sont tellement saisissantes qu’il a du même à qualifier son travail de “photographie”. S’il est vrai qu’elles sont magnifiques et qu’elles révolutionnent les classiques photographies de paysage, c’est avant tout parce qu’il réalise une sorte de post-traitement à ses images qu’il préfère utiliser le terme d’”image” à la “photographie”. Gore résume son travail ainsi “Ma vision des images que je crée consiste davantage à évoquer l'émotion et le sentiment du lieu dont j'ai fait l'image”. En réalisant différents traitements sur ses photographies pour en faire des “images”, le photographe essaie d’aller “au-delà de ce que la caméra seule” propose. Son intérêt est d’apporter un petit plus à son image afin que le spectateur puisse avoir des ressentis en admirant ses “images”.
La technique du photographe
Ce photographe ne se revendique pas illustrateur. Toutes ses “images” sont issues de la photographie traditionnelle. L’artiste photographe capture une scène du paysage et y applique diverses expositions ainsi que de nombreux post-traitements afin de donner vie à ses œuvres qu’il qualifie d’”images”. Cet artiste photographe préfère qu’on le définisse comme un artiste visuel qui jouit de nombreux outils afin de créer des images saisissantes à l’instar des maîtres manipulateurs de la chambre noire.
L’artiste photographe assure que toutes les photographies de paysage qu’il a pu prendre ne sont pas des inventions. En effet, il ne souhaite pas “être hypocrite quant au lieu”. Toutes les images créées par le photographe sont issues de paysage qui existe réellement et il n’a modifié aucun élément. Il ne fait que combiner “deux images prises à deux longueurs focales différentes” comme il l’explique avec l’exemple du nuage. Si ce dernier n’apparaît pas dans sa photographie de paysage, il s’assure pour la prendre afin de pouvoir l’intégrer ensuite dans le décor de sa photographie. Le nuage était certes absent dans la photographie qu’il a prise initialement, mais pour autant, il faisait bien partie de son expérience lorsqu’il était présent sur les lieux. En définitive, le souhait du photographe est de réaliser la plus belle image possible de l’endroit où il se trouve. C’est sa définition de “faire de l’art à partir de la nature”.
“Naupaka’s Journey”
Cette photographie illustre ce que Gore essaie de nous expliquer. En raison de l’énorme profondeur de champ, il lui aurait été impossible d’obtenir la netteté des fleurs au premier plan ainsi que des sommets à l’arrière-plan. Pour y arriver, il a dû réaliser deux photographies en faisant une mise au point manuelle du point le plus proche à l’infini. Il explique avoir fait “une exposition par petits incréments dans la plage de mise au point”. Le logiciel qu’il utilise après lui permet de combiner toutes ses photographies pour réaliser une seule image qui soit aussi saisissante que la vision qu’il a eu lorsqu’il était présent sur les lieux. Gore a cette faculté de réaliser des images qui ont un équilibre parfait entre naturalisme et intensité. Bien qu’elles soient vives, les couleurs de ses images ne prennent pas le dessus sur la structure de la scène.
Pour l’artiste photographe, il est important de ne pas changer les couleurs de sa photographie de paysage au point de créer quelque chose d’artificiel qui ne semblerait pas naturel pour le spectateur et qui, par ailleurs, viendrait à transformer le référentiel préétabli. En effet, l’herbe est verte, le ciel est bleu, tout comme la mer et les lacs. Vouloir créer un ciel violet pour créer une image plus harmonieuse, c’est prendre le risque que le spectateur rejette l’image, car celle-ci, même si elle est belle, ne représente absolument pas ce qu’il a l’habitude de voir. Pour ce photographe, l’idée est de créer un ensemble de photographies et, si quelques couleurs ne sont pas en harmonie, de réaliser des changements mineurs. Ainsi, Gore précise que "cela revient à modifier le vert de l'herbe vers un vert-jaune, un vert-vert ou un vert-bleu si l'un des deux fonctionne mieux.”.