Bourdelle, le sculpteur qui marqua de son empreinte de géant le XXᵉ siècle
Certains talents semblent se transmettre de père en fils. Au sein de la famille d'Antoine Bourdelle, l'amour de la sculpture suit indéniablement ce chemin. Puis, un jour, un descendant hors norme transforme ce savoir-faire en une part majeure de l'histoire de l'art.
Origines du sculpteur
La vie d'Antoine Bourdelle début en 1861, dans le sud de la France. À cette époque, sa famille réside à Montauban. C'est au sein de cette commune tranquille que l'enfant découvre le dessin. Affichant des prédispositions évidentes, ses parents le laissent explorer cette discipline tout à loisir. Il en est de même pour son professeur des écoles qui ne souhaite pas brider une vocation si précoce. Les journées d'apprentissage de l'enfant se déroulent majoritairement en fond de classe, avec des crayons à la main et de nouveaux projets à dessiner. Les progrès du jeune Bourdelle sont impressionnants. Une telle sensibilité artistique, dans son cas, n'est pas sortie de nulle part. Son père est artisan sculpteur sur bois. À ses côtés, Antoine apprend également l'art qu'il fera sien tout au long de sa vie et qu'il imprègnera de son talent : la sculpture. Lorsqu'il atteint l'âge de treize ans, Bourdelle quitte les bancs de l'école et entame son apprentissage en tant qu'ébéniste, directement dans l'atelier de son paternel. Toutefois, la flamme qu'il nourrit pour le dessin ne s'éteint pas, c'est pourquoi il prend des cours du soir durant plusieurs années.
Modelage, dessin et sculpture
Ses compétences lui serviront rapidement. Dès 1876, alors âgé de seulement quinze ans, le jeune Bourdelle attire l'attention. Il est vrai que, malgré son âge précoce, il possède déjà de nombreux travaux de grande qualité. Grâce à cela, et fort de nombreux soutiens locaux, l'artiste sculpteur en devenir entre à l'Académie des Beaux-Arts, située non loin de chez lui, à Toulouse. Une bourse lui est alors attribuée. Huit années s'écouleront ainsi, à perfectionner ses techniques et à grandir en tant qu'artiste. Fort d'un tel bagage, en 1884, Bourdelle gagne sa place à l'École supérieure des Beaux-Arts, réputée dans toute la capitale et à travers le monde entier. Paris devient sa seconde demeure.
Débuts d'une carrière impressionnante
Sa présence à Paris permet au jeune sculpteur de faire des rencontres déterminantes. Les liens qu'il tisse avec Alexandre Falguière, connu pour ses peintures et ses sculptures, lui ouvrent les portes de l'atelier de ce dernier, qui devient pour l'occasion son nouveau maître. Très vite, la bande à Schnegg lui propose une place au sein du collectif. Quand il arrive dans ce conglomérat d'artistes, Bourdelle rencontre Lucien Schnegg, François Pompon et beaucoup d'autres grands noms de l'époque. Son patronyme se murmurant de plus en plus dans les rues de la capitale, l'artiste sculpteur peut enfin prétendre à sa première exposition officielle. C'est à cette occasion, au Salon des artistes français, qu'il présente son œuvre baptisée "Première victoire d’Hannibal". Cette sculpture lui vaudra d'être acclamé tel un artiste accompli, ce qui marquera un tournant d'importance dans son parcours. Pour lui, l'École supérieure des Beaux-Arts, c'est fini. Place à de nouvelles aventures.
L'atelier de Bourdelle
En quittant les Beaux-Arts, le sculpteur ouvre son propre atelier. Un espace qui lui ressemble, qui l'inspire et dont il ne se séparera jamais. Malgré le succès de sa première exposition et un talent que nul ne peut lui renier, il rencontre quelques difficultés pour vivre pleinement de son art. Pourtant, jamais il ne se découragea. Pendant quelque temps, il accepte diverses commandes. C'est lors de l'un de ces travaux qu'il aura l'occasion de collaborer avec Théo Van Gogh. Majoritairement, ses revenus proviennent, à l'époque, de ses interactions avec un bureau réunissant nombre de vendeurs d'art parisiens. Les difficultés qu'il rencontre durant ces années marquant sa vie de jeune adulte se ressentent au travers de ses créations. Ces dernières, à ce moment-là, se veulent être le miroir de sa mélancolie.
Bourdelle et Rodin
L'année 1893 fut déterminante pour l'artiste sculpteur. Ce dernier rencontre Rodin et devient l'un de ses amis les plus proches. Avançant de concert, la notoriété de Rodin finit par se reporter également sur son nouveau disciple. Bourdelle peut alors se réjouir, car il a désormais l'opportunité d'exporter son art dans le reste du monde, au travers de plusieurs expositions qui rencontrent un franc succès. Reconnu pour la qualité de ses sculptures, l'artiste n'en oublie pas pour autant son premier amour : le dessin. Il continue de noircir des pages et pages de papier dessin. Il croque, il dépeint, il saisit des formes, des couleurs, de l'abstrait, de l'anatomie. Cela n'a rien d'étonnant puisque le dessin représente la toute première étape de chacun de ses projets. Aucune sculpture n'a pris vie sans qu'elle fut dessinée par ses soins au préalable. Au total, Bourdelle laissera derrière lui un héritage impressionnant de plus de 6 000 dessins.
Bourdelle a dit...
"La sculpture, finalement, ce n'est pas autre chose que du dessin dans tous les sens." Antoine Bourdelle.
"Que c’est bien d’être, mais l’important, c’est de devenir." Antoine Bourdelle.
Consécration du sculpteur
L'Exposition Universelle, ayant eu lieu en 1900, fut une aubaine pour de nombreux artistes, dont Antoine Bourdelle. Après cet événement majeur, l'artiste va avoir l'honneur de prendre en charge la décoration du célèbre musée Grévin. Prenant alors ses distances, artistiquement parlant, avec Rodin, Bourdelle peut enfin trouver son style. S'inspirant de la Grèce archaïque, le sculpteur donne naissance à la "Tête d'Apollon", une œuvre majeure. Toutefois, Rodin n'est jamais loin et c'est avec lui que Bourdelle crée une école d'enseignement libre, entièrement dédiée à la sculpture.
Un précieux héritage
Jusqu'en 1923, il partage son temps entre le professorat et la création. Il sculpte notamment :
- Pénélope,
- le Monument à Mickiewicz.
Son élève le plus illustre se nomme Matisse. Après sa nomination en tant que chevalier de la Légion d’honneur et la fondation du Salon des Tuileries, santé commence à se dégrader, le forçant à se retirer petit à petit de la scène artistique internationale. Antoine Bourdelle, de son vrai nom Émile-Antoine Bourdelle, décède le 1er octobre 1929, au Vésinet.