Brancusi, un artiste de renom aux origines modestes
Considéré comme un électron libre dans le monde de l'art, Brancusi peine à trouver sa place dans tel ou tel courant artistique. Sculpteur solitaire, il a, malgré tout, laissé aux générations qui lui ont succédé un héritage riche, novateur et assurément unique.
La Roumanie pour berceau
Constantin Brancusi voit le jour dans une petite bourgade paysanne, au fin fond de la Roumanie, en 1876. Durant ses premières années de vie, rien ne prédestinait cet enfant à devenir un artiste majeur de son époque. Ses parents étaient de modestes fermiers, n'ayant pas pu poursuivre de grandes études et vivant très humblement de la terre. Sa prime jeunesse se déroule paisiblement, bien que souvent dans des conditions difficiles, au pied des Carpates. À l'âge de huit ans, sa vocation semble évidente, alors sa famille accepte son départ du foyer. Brancusi se retrouve alors dans un univers qui l'effraie autant qu'il le stimule, loin de ses proches. Il entre alors à l'École des arts et des métiers, située à Craiova. Ses études durent quatre ans. En 1902, Brancusi sort diplômé de son école et peut enfin s'autoriser à rêver en grand.
Une nouvelle vie à Paris
En 1905, de nombreux artistes rêvent de trouver leur place sur la scène internationale. Pour atteindre cet objectif, ils savent que Paris demeure incontournable. C'est ainsi que Brancusi entame un nouveau chapitre de sa vie, dans la capitale française. Au sein de l'École des Beaux-Arts qu'il fréquente assidûment, son art fait sensation et ses professeurs ne tarissent pas d'éloges à son égard. Cette fascination dont il fait l'objet dépasse rapidement les murs de l'école et parvient jusqu'aux oreilles de Rodin. Celui-ci souhaite le rencontrer et, après avoir admiré de ses propres yeux le travail du jeune Constantin, il lui propose la place d'assistant. Brancusi accepte et part, aux côtés de Rodin, à Meudon. Cette expérience marque profondément le sculpteur.
Émancipation et envol d'un maître de la sculpture
Deux ans plus tard, Brancusi, reconnaissant pour l'enseignement de Rodin, souhaite malgré tout voler de ses propres ailes. À compter de ce moment, le sculpteur s'émancipe et se lance dans des travaux de recherches d'envergure. Son but est de trouver enfin ce qu'il considère essentiel : sa véritable identité artistique. De fait, chacune de ses œuvres deviennent assurément plus intimistes, plus personnelles. Le monde découvre alors ce que l'on nommera ses "œuvres inachevées". Ce sont des fragments issus de corps humains, très fortement inspirés de l'art primitif. L'année 1908 devient le point d'ancrage de son art. Il teste alors le travail :
- du bronze,
- du marbre,
- de la pierre.
Son travail se concentre exclusivement sur le modelage de formes dépouillées, dont la simplicité se révèle porteuse d'émotions et d'une certaine profondeur.
Expositions
Le travail effectué depuis 1908 porte ses fruits. Dès le début de l'année 1910, Brancusi est amené à exposer ses œuvres les plus emblématiques au Salon des Indépendants. Cette collaboration sera fréquente, régulière et décisive pour l'avenir de l'artiste sculpteur. Pendant trois ans, son travail est amplement valorisé et pleinement reconnu.
La nature, nouveau sujet d'étude
Entre 1913 et 1920, année durant laquelle il renoue avec ses habitudes au Salon des Indépendants, le sculpteur se trouve un nouvel arc de travail et se renouvelle. Après l'étude des corps humains, c'est au tour de la nature d'inspirer massivement Brancusi. Cet amour naissant implique une évolution subtile et novatrice pour les sculptures de l'artiste. Ces créations prennent alors des formes beaucoup moins figuratives et bien plus lisses.
Un artiste difficile à classer
L'époque dans laquelle Brancusi évolue est faite de contradictions, surtout dans le monde de l'art. D'un côté, les experts, comme le public, aiment à classifier les œuvres et les artistes. Comme souvent, cela rassure et permet d'établir des normes. En parallèle, chacun recherche éperdument du renouveau et de l'originalité. À ce titre, Brancusi se retrouve sur toutes les lèvres. Artiste en quête perpétuelle de réponses, d'inspiration et d'évolution, il livre un grand nombre de créations aussi variées que marquantes. Classer son travail dans un courant artistique précis est chose ardue et beaucoup y renoncent. Cela n'enlève rien au talent du sculpteur, mais nul doute que beaucoup de monde, à son époque, s'en trouva fort désappointé. Ce côté insaisissable provient très certainement du savant mélange qui s'est opéré en lui tout au long de sa vie, à savoir le souvenir de ses origines paysannes et son évolution en tant qu'artiste accompli de Montmartre.
Les principales créations de Brancusi
Le travail qui fut accompli par le sculpteur est magistral. Il regroupe pas moins de 137 sculptures (tous supports confondus), 87 socles, mais aussi un grand nombre de peintures et dessins d'une qualité remarquable. À ce palmarès déjà impressionnant, il est pertinent de rajouter une collection de 1600 plaques photographiques de verre, retrouvées après son décès, dans son atelier.
Ses œuvres majeures
Parmi toutes ses créations, certaines ont radicalement marqué leur époque. C'est notamment le cas pour :
- Le Baiser, 1907,
- La Muse Endormie, 1910,
- Madame Pogany, 1913,
- Le Nouveau-né, 1915,
- L'Oiseau dans l'Espace, 1923,
- La Colonne sans fin, 1937.
Lorsqu'il évoque son travail, Constantin Brancusi se plaît à dire : "La simplicité n'est pas un but dans l'art, mais on arrive à la simplicité, malgré soi, en s'approchant du sens réel des choses".
L'héritage de Brancusi
Constantin Brancusi décède en 1957, mais grâce à son talent, Brancusi laisse derrière lui des sculptures uniques, connues de par le monde. Dans son village natal, il laisse également sa marque. La maison dans laquelle l'artiste a vu le jour, fut conservée et transformée en musée. C'est ainsi qu'une part non négligeable de la culture artistique du XXᵉ siècle, s'est immiscée dans une petite parcelle de terre, dans la campagne de Roumanie.