Edvard Eriksen : il était une fois, une petite sirène
Pour beaucoup, à travers le monde, Edvard Eriksen est et restera à jamais l'artiste sculpteur à l'origine de "La Petite Sirène" de Copenhague.
Naissance et jeunesse d'Eriksen
Edvard nait à Copenhague, le 10 mars 1876. De son enfance, nous savons fort peu de choses. Nul doute qu'il fut bercé par la nature, en raison de ses origines islando-danoises, et que c'est auprès d'elle qu'il se forge très jeune une sensibilité hors norme. Très discret sur ses jeunes années, le jeune Eriksen se dévoile davantage au travers de ses œuvres. Ces dernières démontrent une personnalité ouverte, humble, délicate et jouissant d'une relation harmonieuse avec la nature. Edvard Eriksen modèle le marbre, le bronze, le granit et tant d'autres matières selon son bon vouloir. Le résultat est toujours sobre, élégant, raffiné et d'une grande pureté.
Entrée dans l'âge adulte
Si sa jeunesse demeure floue, son départ dans la vie l'est beaucoup moins. L'artiste sculpteur rencontre son premier amour, Éline, un peu avant le changement de siècle, et l'épouse au cours de l'année 1900. Du statut de compagne à celui de muse, il n'y a qu'un pas et Éline le franchit aisément. Edvard s'inspire de son visage, aux courbes douces et paisibles, pour structurer les traits de nombreuses sculptures. La Petite Sirène, par exemple, porte une trace de l'amour de sa vie, au recoin de son regard, à la commissure de ses lèvres, dans le tracé de son nez ou encore sous la rondeur de ses joues.
Artiste et professeur
Deux années après son mariage, le sculpteur Eriksen parvient à organiser plusieurs expositions. Celles-ci lui permettent d'étendre sa renommée au-delà de son pays natal. Le succès ne tarde pas à frapper à la porte d'Edvard. Son talent est reconnu partout, notamment dans le sud de l'Europe et en Italie, en particulier. En 1908, il se voit proposer un emploi et devient un professeur très respecté de l'Académie des Beaux-Arts de Carrare.
Des projets de grande envergure
De nos jours, si tout le monde connaît La Petite Sirène de Copenhague, ce n'est pas là sa seule création majeure. Nombre de touristes se déplacent chaque année pour admirer cette somptueuse femme à demi-poisson dans les eaux du port de la ville. Ce que l'on sait moins, c'est que le sculpteur Eriksen a également produit trois statues démontrant la parfaite maîtrise de son art et trônant sur le double sarcophage en marbre, conçu spécialement pour Christian IX du Danemark et Louise de Hesse-Cassel. Ces trois sculptures occupent l'artiste pendant trois longues années, entre 1914 et 1917.
Créateur, mais aussi restaurateur
Edvard Eriksen continue, au fil des années, de partager son travail avec le plus grand nombre, au travers de projets divers :
- il sculpte dans le grès, des symboles de science et d'art pour valoriser la façade de la glyptothèque Ny Carlsberg,
- il devient ensuite restaurateur pour le compte du célèbre musée Thorvaldsen.
1932, l'année des récompenses ultimes
Bien qu'ayant reçu, tout au long de sa carrière, d'innombrables critiques positives, soutiens et encouragements, Edvard Eriksen doit patienter jusqu'en 1932 pour recevoir un prix prestigieux. Ce prix n'est autre que l'ordre de Dannebrog. Cette récompense honorifique revêt un caractère presque sacré au Danemark. Elle fut créée par le roi Christian V au cours de l'année 1671. Par tradition, elle est octroyée à toute personne ayant consacré l'œuvre de sa vie au Danemark ou s'étant illustré pour son pays. Edvard Eriksen rejoint ainsi des scientifiques de renom, des diplomates, des barons, des militaires ou encore des ministres. À sa mort, le 12 janvier 1959, il est inhumé au cimetière Vestre, à Copenhague. Désormais, il repose aux côtés de son épouse.
Il était une fois, une Petite Sirène
En tant qu'œuvre la plus connue de l'artiste sculpteur, la Petite Sirène semble posséder une vie bien à elle. Reposant noblement sur un socle entièrement composé de granit, la Petite Sirène est sculptée dans le bronze. De taille relativement modeste, elle ne mesure que 1,25 m. Sa composition en bronze ne l'allège pour autant pas puisqu'elle affiche tout de même 175 kg. À l'origine, la création de cette sculpture est née directement entre les lignes du célèbre conte d'Andersen. Dans cette histoire qui deviendra par la suite l'un des plus grands classiques de Disney, une femme à queue de poisson choisit de renier sa nature aquatique et de quitter le monde sous-marin pour remonter à la surface et vivre sur terre, en tant qu'humaine. Seul l'amour guide pour un prince guide cette créature mystique. Aux premières lueurs du jour, jusqu'aux derniers rayons du soleil, elle se tient là, sur son promontoire, et observer la rive. Ses yeux fouillent les environs, scrutent la foule et tentent d'apercevoir l'être chéri. C'est en redécouvrant cette histoire, sur les planches d'un théâtre, au cours d'un ballet, que Karl Jacobsen décide de passer commande auprès de Edvard Eriksen. Cet homme, fils du célèbre fondateur de la compagnie de brasseries Carlsberg, ne manque pas de moyens et finance ce projet sans compter. Edvard Eriksen accepte et s'y consacre corps et âme pendant près de quatre années. Pour donner vie à cette créature, l'artiste sculpteur s'inspire d'une ballerine, Ellen Price, et de son épouse, son modèle, sa muse. Elle trouva une place de choix à Copenhague en 1913. Aujourd'hui, cette Petite Sirène est considérée comme le plus grand symbole de la ville de Copenhague, et probablement aussi de tout le pays. Malheureusement, plusieurs restaurations furent nécessaires au fil des ans. La sculpture fut prise pour cible à plusieurs reprises. Ces dégradations n'ont pas empêché la commune de prendre soin de sa Petite Sirène. Cette dernière veille toujours sur le port de Copenhague.