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Ernst

Lorsque l'on se penche sur le parcours des peintres et sculpteurs ayant profondément marqué l'histoire de l'art, un parcours-type semble se dessiner la plupart du temps, pour le moins, durant les premières années de vie et de formation. Ce n'est pas le cas d'Ernst, cet autodidacte et explorateur averti du domaine de l'art et de la psychologie. Ces deux disciplines peuvent paraître fort différentes de prime abord, mais c'est sans compter sur le talent de Max Ernst. Ce dernier se les approprie pour donner vie à des créatures fantastiques.

 

Origines

 

Le 02 avril 1891, dans la commune de Brühl, nait un enfant singulier. Très tôt, sa personnalité forte se développe. Le jeune Max Ernst se révèle doté d'une imagination qui parait n'avoir aucune limite. Original, passionné, l'enfant est avide de connaissance et fait preuve d'une grande sensibilité. Quelques années plus tard, ce caractère, déjà bien trempé, se complexifie, au profit d'un penchant rebelle indéniable. Un brin provocateur et surtout, assurément non-conventionnel, Max Ernst découvre la peinture aux côtés de son père. Ce dernier excelle dans cet art et lui transmet tout son savoir. Ensemble, ils passent beaucoup de temps dans la forêt, source inépuisable d'inspiration pour le père artiste et son fils. Ernst apprend également les bases du dessin, à son rythme, et atteint un niveau d'excellence qui surprend les plus érudits. En effet, l'enfant dispose d'un bagage inhabituel, n'étant pas passé par une formation traditionnelle.

 

Vint le temps de l'Université

 

Lorsqu'il aborde l'âge adulte, Max doit choisir une voie pour son avenir. Il intègre l'université de Bonn, nourrissant le projet de se former à la philosophie. En complément, il suit par ailleurs des cours d'histoire de l'art. Si ces disciplines l'intéressent, il ne reste pas longtemps coincé entre les murs d'une salle de classe, ou d'un amphithéâtre. Ernst abandonne rapidement. C'est alors qu'il revient à sa passion d'enfance, la peinture. Sa carrière d'artiste débute officiellement durant cette période.

 

Psychologie et maladies mentales

 

Les arts, qu'il s'agisse de sculpture ou de peinture, forment le ciment de la vie du jeune Max Ernst. Toutefois, de nouveaux sujets de réflexion attirent son attention. La psychologie le fascine. L'artiste prend donc le temps de s'informer, d'expérimenter et de comprendre la discipline. Les défaillances de l'esprit humain sont particulièrement attractives à ses yeux. Les maladies mentales deviennent un champ d'études important pour lui. Sans grande surprise, mais avec un talent immense, ses premières œuvres rassemblent tous ces univers, avec de fortes influences cubistes, expressionnistes, voire futuristes. Son inspiration découle aussi directement d'artistes tels que :

  • Vincent Van Gogh,
  • Giorgio de Chirico,
  • August Macke.

Des œuvres marquées par le traumatisme de la guerre

 

Traverser les horreurs de la guerre ne fut pas sans séquelle pour l'artiste sculpteur. Ses peintures et sculptures marquent les esprits, en raison de cette omniprésence de souvenirs douloureux. À ces traces traumatiques évidentes, s'ajoutent des formes douces, enfantines et presque naïves, octroyant à ses créations un aspect véritablement bouleversant. C'est aussi la guerre qui renforce son sentiment de révolte qu'il nourrit depuis l'enfance face aux conventions établies. Il se rapproche alors du mouvement Dada.

 

Ernst, critique d'art et maître du fantastique

 

À la question : peut-on être à la fois juge et parti ? Max Ernst répond par l'affirmative. Durant l'année 1919, il côtoie régulièrement de nombreux artistes avant-gardistes, précisément dans ce but. À leurs côtés, l'artiste sculpteur réalise ses premiers collages. Grâce à ce nouveau mode d'expression, à base de morceaux de catalogues illustrés et de manuels de sciences, il crée des images fantastiques. Ces dernières sont le reflet d'un monde imaginaire intérieur dense et d'une grande richesse. Elles paraissent tout droit sortie du subconscient.

 

L'art expérimental

 

Entre 1922 et 1941, Max Ernst vit à Paris. Son art se développe, évolue et se rapproche du mouvement surréaliste. Au travers de multiples expériences artistiques, Ernst souhaite explorer le monde de l'absurde et des rêves. Pour aller au bout de sa démarche, il n'hésite pas à employer des méthodes peu orthodoxes. Parfois, il use de substances hallucinogènes pour donner vie à des créations originales, à l'aspect irréel. Max accepte par ailleurs de créer certaines œuvres sous hypnose, pensant s'enfouir plus profondément encore dans son subconscient. Ses romans collage, dont la célèbre "Femme sans Têtes", sont conçus durant cette période d'expérimentations ultimes.

 

Oiseaux et alter ego

 

Les moyens utilisés par le sculpteur modifie son approche de l'art et son comportement. D'un côté, il se découvre une passion nouvelle et immodérée pour les oiseaux. Ces derniers deviennent un fil conducteur dans ses créations. L'ombre ou l'aile de ces animaux plane toujours sur ses tableaux et collages. Un peu plus tard, c'est un alter ego qui voit le jour. Max le baptise Loplop. Loplop fait sa première apparition dans une œuvre emblématique d'Ernst : "Loplop, le supérieur des oiseaux". Toujours en quête de nouvelles sensations et de terrains de jeux artistiques inédits, l'artiste s'essaie à la fresque murale en 1930, mais c'est en 1934 qu'il découvre enfin la discipline au travers de laquelle il va pleinement s'épanouir : la sculpture de l'imaginaire. Par ce biais, chaque créature peuplant son monde intérieur peut trouver corps dans notre réalité. Toutes en volume et courbes, ces créations évoquent tous les tourments de son esprit, explorant également chaque facette du genre fantastique.

 

Seconde Guerre Mondiale

 

Alors qu'il est à l'apogée de son art, Ernst est confronté à la Seconde Guerre Mondiale. L'artiste sculpteur fait le choix de quitter le pays et c'est au cours de ce long exil qu'il fera la rencontre de celle qui deviendra par la suite son épouse. Son arrivée dans la ville de New York marque pour Max un nouveau tournant dans son parcours de sculpteur et peintre. Aux côtés de sa femme, il croise la route de grands noms avant-gardistes, tels que Chagall ou Marcel Duchamp. Inspiré par leur approche de l'art, il devient l'initiateur d'une toute nouvelle technique : le dripping. Le dripping consiste, basiquement, à éclabousser sa toile, afin de créer des effets visuels inédits.

 

Ernst, artiste de talent, reconnu mondialement

 

Au cours de l'année 1953, le sculpteur a l'honneur de participer aux Biennales de Venise. Cette reconnaissance lui vaut une notoriété dépassant ses attentes. Il peut finalement réaliser un vieux rêve : vivre pleinement de son art, voire prospérer grâce à lui, ce qui est inespéré. Sur la fin de sa vie, il revient vivre à Paris. C'est là que sa vie se termine, le 1er avril 1976.