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Flanagan

L'œuvre de Flanagan est unique en son genre. L'artiste sculpteur a bâti sa carrière sur la personnification d'un animal fort populaire : le lièvre. Étonnantes, originales, créatives, ses sculptures ne laissent personne indifférent. Si elles amusent les plus jeunes, les adultes peuvent se projeter davantage et décoder les messages cachés derrière une posture singulière, une mise en scène insolite ou une composition savamment orchestrée.

 

Flanagan : son enfance galloise

 

Le comté de Flint est une région magnifique, située au nord du Pays de Galle. Là-bas, se trouve une petite bourgade portant le nom de Prestatyn. C'est dans ce décor que naquit Flanagan, le 11 janvier 1941. Ses premières années se déroulent au sein d'un environnement, paisible en apparence, qui permet à l'enfant de grandir relativement sereinement, entouré de nature. Autour de lui, de petites villes, un immense château médiéval et un fleuve. Tous les éléments sont réunis pour accroître l'imagination et la sensibilité d'un jeune garçon rêvant d'un bel avenir.

 

Entrée aux Beaux-Arts

 

Dès qu'il atteint l'âge de seize ans, Flanagan affiche une certitude : sa vie sera entièrement consacrée à l'art. Toutefois, il a besoin de se former, de se perfectionner et d'expérimenter diverses techniques, guidé par des professeurs émérites. À ce titre, il fréquente plusieurs écoles des Beaux-Arts, après avoir entamé des études d'architecture. Le dessin est à la base de tous les projets qu'il entreprend. Lors de son passage à Londres, dans la Saint Martin's School of Art, il s'oriente davantage vers la sculpture. Le jeune artiste reçoit alors l'enseignement d'Anthony Caro.

 

La Pataphysique

 

À mesure que l'artiste sculpteur gagne en expérience et en confiance, il se rapproche d'un courant appelé "Pataphysique". Au travers de cette nouvelle manière d'aborder la sculpture, Flanagan cherche à réaliser une œuvre puissante. Pour lui, la "science des solutions imaginaires" développée par le célèbre Alfred Jarry, devient parole d'évangile. Flanagan s'émancipe d'une vision étriquée de l'art et bien trop classique à son goût. Il se sert de l'absurde pour créer des sculptures insolites. Pour lui, la performance expérimentale est un domaine d'expression qui ne connaît aucune limite. En choisissant cette forme de création, il développe son plein potentiel.

 

Expositions Flanagan : le baptême du feu

 

C'est à Londres qu'il a pu apprendre la sculpture durant plusieurs années. En toute logique, c'est cette même ville qui accueille ses premières expositions, dès le début de l'année 1966. Les critiques et le public découvrent les lièvres qui rendront le sculpteur célèbre. Dans les années 1970, quelques éléphants et chevaux tentent de se frayer un chemin parmi les innombrables créatures aux longues oreilles déjà créés, mais cet effort sera vain. Ce sont bien ses lièvres qui marqueront définitivement le monde entier. Il est vrai que les poses anthropomorphiques insolites qu'il choisit pour ces derniers offrent leur lot de surprises, symboles et d'émotions fortes.

 

Franchir les frontières du Pays de Galles

 

Franchir les frontières du Pays de Galles, voilà une idée qui parait n'être qu'un rêve pour Flanagan, pendant bien trop longtemps. Toutefois, en 1982, l'occasion lui est donnée de faire valoir son art à l'étranger. L'artiste sculpteur Flanagan est chargé de représenter la Grande-Bretagne lors de la Biennale de Venise. Cette expérience se révèle riche en enseignements. Seize ans plus tard, c'est à Paris que s'exporte Flanagan. Il est ainsi invité à présenter plusieurs sculptures lors de l'exposition "Un siècle de sculpture anglaise", au musée du Jeu de Paume.

 

Les lièvres de Flanagan

 

Parmi tout le bestiaire qu'il crée au fil des années, ce sont les lièvres qui resteront dans l'histoire. Adoptant des poses incongrues, ils sont parfois mélancoliques. Ceci dit, le plus souvent, c'est le burlesque qui l'emporte. Décrire en quelques mots l'œuvre de Flanagan n'est pas chose aisée, mais quelquefois, c'est l'artiste qui en parle le mieux, alors laissons-le faire :

 

"Je sculpte des lièvres parce qu'ils ont des choses à dire qui m'intéressent." Barry Flanagan.

 

"D’un point de vue thématique, le lièvre est un modèle de ressources expressives […] la projection d’attributs humains dans l’univers animal est un procédé très courant dans la littérature et le cinéma. Il peut toucher vraiment les gens. Au niveau pratique, si on pense à ce qui permet de faire sentir la situation et de signifier quelque chose dans une représentation humaine, la gamme des expressions est en fait plus limitée que lorsqu’on projette sur un animal, en particulier un lièvre, les attributs expressifs d’un être humain. Les oreilles, par exemple, peuvent en dire beaucoup plus long que les yeux d’un personnage qui louche ou la grimace d’un modèle." Barry Flanagan.

 

Ses lièvres sont aujourd'hui exposés dans le monde entier :

  • Paris,
  • Tokyo,
  • New York,
  • Londres...

 

Flanagan et le dessin

 

Si sa réputation s'est bâtie solidement autour de ses sculptures de lièvres, Flanagan n'en reste pas moins un excellent dessinateur. Sa formation en architecture a probablement nourrit l'artiste en ce sens. Lorsqu'il noircit une feuille, Flanagan est à même de réaliser des dessins à la technique irréprochable. Qu'il s'agisse de nus, des chiens ou bien de l'art abstrait, Flanagan maîtrise son sujet.

 

La maladie

 

Durant toute sa vie, l'artiste sculpteur donne vie à d'innombrables créations. Ces dernières sont exposées dans différents musées internationaux ou en plein air dans diverses villes. Passionné, amusé, inspiré, Flanagan rassemble une œuvre qui ne ressemble à aucune autre. Malheureusement, un jour, la maladie s'invite dans son quotidien. Peu à peu, sa masse musculaire tend à fondre, insidieusement et sans douleur. Des crampes surviennent, de plus en plus fréquentes, ainsi que des tremblements passagers. Lorsque le diagnostic est posé, il sonne le glas d'une carrière grandiose : la maladie de Charcot. Elle entraîne une perte progressive d'une grande partie des neurones moteurs situés dans la moelle et dans le cerveau. Après quelques années de combat, Flanagan décède. Il rend son dernier souffle le 31 août 2009 à Ibiza.