Qui est Niki Saint Phalle ?
Faisant partie des artistes les plus marquantes du XXe siècle, Niki de Saint Phalle a laissé derrière elle une empreinte indélébile dans le monde de l'art. L'artiste, polyvalente, cache de nombreuses facettes : des tableaux-performances en passant par les sculptures féministes jusqu'aux films psychanalytiques. Artiste sculpteur issue du groupe nouveau réalisme, elle a puisé ses inspirations dans les réalisations de Jackson Pollock, d'Antoni gaudi et de Facteur Cheval. Elle est devenue un modèle à dupliquer pour la nouvelle génération de créateurs de sculpture.
Une vie mouvementée
Catherine Marie-Agnès est née le 29 octobre 1930. C'est la deuxième d'une fratrie de cinq enfants comprenant deux garçons et trois filles.
En 1931, la famille quitte les États-Unis et déménage en France, car elle a perdu sa fortune. Son père, André Marie Fal de Saint Phalle est un Français. Ruiné par le krach de la bourse en 1929, il a dû renoncer à la banque new-yorkaise Saint Phalle&Co qui lui appartenait.
En août 1933, Catherine rejoint ses parents aux États-Unis, à Greenwich où elle est élevée par une nourrice qu'elle appelle « Nana ». Sa mère, Jeanne Jacqueline Harper, Américaine, l'a surnommée « Niki » à l'âge de 4 ans. En 1936, à ses 6 ans, Catherine vit dans le quartier du 88th East Street à New York et travaille à l'école religieuse du sacré cœur. Sa matière de prédilection est la calligraphie, la future artiste se familiarise avec l'écriture des lettres bien soignées.
Lorsqu'elle a eu 11 ans, son père a abusé d'elle. C'est un traumatisme dont elle n'arrive pas à se guérir. Plus tard, elle explique que l'art est le seul médicament qui a pu la calmer et soulager son mal. Sa phrase fétiche : « J'ai eu la chance de rencontrer l'art parce que j'avais, sur le plan psychique, tout ce qu'il faut pour devenir terroriste. Au lieu de cela, j'ai utilisé le fusil pour la bonne cause, celle de l'art. »
À propos de son travail et sa vie sentimentale
Pendant un temps, elle travaillait comme mannequin pour Life Magazine et Vogue. Elle débuta sa carrière à l'âge de 17 ans. Un an plus tard, Catherine se marie avec l'écrivain Harry Mathews. Le sculpteur qui affiche un caractère bien trempé, refuse le puritanisme religieux et le maccarthysme. Après la naissance de leur petite fille, Laura, la famille s'installe à Paris.
L'année 1950 marque un tournant dans sa vie. Niki de Saint Phalle souffre d'une grave dépression et est suivie dans un hôpital niçois. Avant qu'elle ne sorte, elle passe ses journées à peindre et à dessiner. C'est le déclic ! Elle veut alors consacrer sa vie à cet art qu'elle affectionne particulièrement.
En 1955, son second enfant, Philip, est né et la tribu pose ses valises à Madrid. Elle fait alors connaissance avec l'architecte Antoni Gaudi à Barcelone et apprécie énormément son travail. L'année suivante, à Paris, l'artiste Jean Tinguely l'a soutenue pour rejoindre le groupe des Nouveaux Réalistes, créé vers les années 60 par Pierre Restany et Yves Klein. Leur travail met en avant le recyclage poétique du milieu urbain, publicitaire et industriel. Leur façon de faire influencera celui de l'artiste franco-américaine.
En 1960, cette dernière quitte son premier mari pour Jean Tinguely. Les deux individus évoluent dans un atelier parisien où elle a conçu ses premières séries de Tirs. Celles-ci scandalisent au premier abord, mais sont ensuite applaudies par un public international. En 1964, les célèbres Nanas en papiers collés et résine font leur apparition. Niki de Saint Phalle affirme que ces femmes monumentales ne sont pas soumises à l'institution du mariage et au masochisme. Selon elle, ces sculptures sont libres dans leur corps et leur tête. Elles n'ont pas besoin d'hommes pour être bien.
Féministe engagée, Niki crée des phallus colorés pour inciter l'utilisation de préservatifs quand le virus du SIDA s'est propagé. Elle lutte également contre le racisme et les violences faites aux noirs Américains. À la mort de son époux en 1991, elle érige un musée en hommage à Tinguely et se bat pour que ses œuvres soient reconnues. Elle décède en 2002 à San Diego à l'âge de 71 ans.
Ses œuvres les plus connues
Tir 1961
En 1961, cette œuvre est présentée au public lors de l'exposition « Feu à volonté » à la galerie J. Niki de Saint Phalle est à l'aise dans la manipulation de la carabine et est une excellente tireuse. Elle vise des poches remplies de couleurs accrochées à un panneau de plâtre sculpté ou avec des objets pour l'agrémenter. Une fois percées par les balles, les poches libèrent la couleur qui coule sur le tableau. Des ouvrages sont assez similaires aux drippings de Jackson Pollock. Pour elle, c'est une façon de dire non à l'injustice subie dans la société.
My heart belongs to Black Rosy en 1965
Niki se révolte face aux violences infligées aux noirs en leur servant de voix. L'artiste dénonce la ségrégation raciale qui refusa de laisser un blanc s'assoir dans un bus en Alabama. Cette sculpture immense aux larges épaules et couverte de vêtements bigarrés fait partie de ses nombreux ouvrages à la peau noire.
Daddy (1972–1973)
Ses vidéos sont encore méconnues du public. Avec l'aide du réalisateur Peter Whitehead, Niki de Saint Phalle a produit le film expérimental Daddy. Ce dernier met en avant une sorte de règlement de compte et exprime des sentiments de rejet à l'égard de son père. Le film conjugue haine, perversion sexuelle et amour.
Jardin des tarots (1979-1993
Pendant une vingtaine d'années, Niki a consacré son temps à créer cet ouvrage situé à Capalbio en Italie. Épaulée par Jean Tinguely, elle a construit les structures des monuments du jardin sur les 22 arcanes principaux du tarot. La Grande Papesse, la figure du Magicien ou du Pendu y sont visibles. Une partie des constructions est habitable et présente des mosaïques réalisées avec des débris de céramique ou de miroirs. L'œuvre qui a été inaugurée en 1998 est un petit rappel des ouvrages d'Antoni Gaudi. Un artiste qui a conquis le cœur de Niki Saint Phalle.