Albrecht Dürer, peintre et mathématicien : un génie éclectique de la Renaissance
Également connu sous le nom d’Albrecht Dürer le jeune, pour le distinguer de son père, orfèvre, Albrecht Dürer fut un artiste aux talents multiples, qui connut un grand succès déjà de son vivant. Ses dessins, ses huiles, ses gouaches, ses aquarelles, comme ses gravures, frappent par leur rigueur technique et leur réalisme. Également mathématicien, Albrecht Dürer a marqué l’art par son sens de la perspective.
Naissance, enfance et formation
Albrecht Dürer naquit le 21 mai 1471 à Nuremberg et il y mourut le 6 avril 1528. Il était le troisième enfant d’Albrecht Dürer l’ancien, orfèvre d’origine hongroise, et de Barbara Holper, fille d’un orfèvre nurembergeois. Il fut l’un des seuls enfants du couple à atteindre l’âge adulte.
Albrecht Dürer était originellement destiné à une carrière d’orfèvre, comme son père. Il fut donc initié à ce métier dès l’âge de 13 ans et apprit à manier le burin et la pointe auprès de son père. C’est là que se manifesta très vite son habileté pour le dessin, que son père remarqua et qu’il souhaita favoriser. En 1486 il fut donc admis en apprentissage pendant trois ans auprès de Michael Wolgemut, peintre, dessinateur et graveur, qui lui apprit à peindre et dessiner d’après nature et qui lui enseigna également l’art de la gravure.
Albrecht Dürer est connu pour avoir utilisé dans ses œuvres des techniques mixtes, notamment dans ses dessins, qui sont fréquemment à la fois aquarellés et gouachés, comme c’est le cas de son Lièvre exécuté en 1502.
Albrecht Dürer voyagea beaucoup au cours de sa vie. Dès 1490, quand son apprentissage fut terminé, il partit pour Colmar puis pour Bâle et Strasbourg. Après être rentré à Nuremberg pour se marier, il repartit la même année, en 1494, pour l’Italie. Son mariage avec Agnès Frey ne fut pas des plus heureux : la jeune femme n’appréciait pas les fréquentations de son époux. Elle lui servit néanmoins fréquemment de modèle. Elle se chargea aussi de vendre les œuvres de son mari.
Albrecht Dürer voyagea à nouveau en Italie jusqu’en 1507. De retour à Nuremberg, il était profondément marqué par l’Italie : cela l’encouragea à entreprendre l’étude des langues, des mathématiques et de l’anatomie. Toute sa vie il chercha à parfaire sa technique de représentation du corps humain.
Carrière
Artiste pictural
En 1512 il fut recruté à la cour de Maximilien 1er de Habsbourg en tant que peintre portraitiste. Il exécuta un portrait de l’empereur Maximilien et reçut en récompense une pension ainsi qu’un titre de noblesse. Sa charge de peintre de la cour fut prolongée sous le règne de Charles Quint.
Albrecht Dürer développa très jeune un vif intérêt pour l’auto-portrait dont il exécuta une très grande quantité, en dessin aussi bien qu’en peinture.
Fonctions politiques
Albrecht Dürer était aussi impliqué dans la vie politique et publique : il devint en 1518 membre du « Grand Conseil » de la ville de Nuremberg, puis, en 1520, il fit partie de la délégation chargée d’apporter à Bruxelles les joyaux du couronnement de l’Empereur Charles Quint.
Activités d’écrivain et de mathématicien
Passionné de dessin depuis l’enfance, et constamment à la recherche de la représentation parfaite du corps humain, Albrecht Dürer publia plusieurs ouvrages scientifiques, dont un est intitulé Traité des proportions du corps humain en 1525.
Son écrit scientifique le plus marquant reste ses Instructions pour la mesure à la règle et au compas , publié en 1538. L’ouvrage se penche sur les principales constructions géométriques, telles que la spirale logarithmique, la spirale d’Archimède, le limaçon de Pascal ainsi qu’une théorie de l’ombre et de la perspective.
C’est lors de l’un de ses voyages en Italie qu’il rencontra, en 1494, Jacopo De’Barbari qui lui enseigna les mathématiques, les proportions et la perspective. Albrecht Dürer apprit beaucoup de la lecture d’Euclide et de Vitruve. Et l’on sait, par exemple, que, dans un souci de proportions et de respect des perspectives, il élabora la structure de sa gravure Adam et Ève au moyen de droites et de cercles tracés au préalable.
Postérité et œuvre
Son immense talent permit à l’artiste de jouir, de son vivant déjà, d’une grande célébrité. Après sa mort, il demeura une référence pour beaucoup d’artistes, depuis les artistes et graveurs de la Renaissance, comme Marc-Antoine Raimondi (1480-1534), artiste contemporain d’Albrecht Dürer, jusqu’aux romantiques allemands.
Plusieurs dizaines de tableaux, des centaines de gravures sur bois et des gravures sur cuivre ainsi que plus d’un millier de dessins, en plus des divers ouvrages d’Albrecht Dürer, sont à ce jour connus.
Peintures
Autoportrait au chardon, 1493.
b. La vierge à l’enfant 1496-99.
c. Portrait de l’empereur Maximilien Ier ,1519.
d. Les Quatre Apôtres , 1526.
Gravures
Parmi les trois cents gravures que l’on connaît de Dürer, plusieurs ont marqué la postérité, notamment Le rhinoceros en 1515, L’Apocalypse (1496-98), mais surtout La Melencolia , 1514, exécutée sur cuivre. Cette gravure est en effet un intéressant assemblage de divers symboles : d’abord un ange, mais aussi un polyèdre et un compas, qui rappellent l’intérêt d’Albrecht Dürer pour les mathématiques et la géométrie en particulier, ainsi qu’un sablier, un creuset, un cadran solaire et un carré magique. Ce dernier, autre symbole mathématique, indique par ailleurs la date d’exécution de la gravure, 1514. Il est remarquable que la présence du carré magique confère à la gravure une dimension ésotérique et suggère que Dürer était initié à ce type d’enseignement.
Dessins
On estime qu’il y aurait environ un millier de dessins connus d’Albrecht Dürer, parmi lesquels de nombreux autoportraits, Autoportrait à l’âge de 13 ans 1484, Autoportrait à l’âge de 20 ans 1491, Un étang en forêt 1496, Une fille de Nuremberg habillée pour aller à l’église 1500, Une femme de Nuremberg habillée pour la danse 1500.