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L’art écologique crève l’écran
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Août 2023 | Temps de lecture : 25 Min | 0 Commentaire(s)

A propos des expositions relatives aux préoccupations environnementales qui se multiplient depuis la crise du Covid.

« L’art peut-il être, face aux crises écologiques et climatiques, un catalyseur du changement, une force de mobilisation de la société ? » Eric Tariant pose la question dans son article pour le magazine Connaissance des arts du mois de juin 2023, en faisant un tour d’horizon des innombrables œuvres d’art à vendre créées pour informer, sensibiliser, mais aussi proposer des actions concrètes. Entre poésie et activisme, les expositions d’art écologique ne sont pas en reste et fleurissent un peu partout cette année. Qu’on en juge. « Le chant des forêts » est à voir jusqu’au 22 juillet au MAIF Social Club à Paris. Traversée sensible, visuelle et sonore au cœur des bois, comme une polyphonie, elle invite depuis les racines jusqu’à la canopée, de l’Europe à l’Amérique latine, à « s’enforester » au plus profond des écosystèmes réels et imaginaires de la forêt. Se côtoient ici le compositeur audio-naturaliste Fernand Deroussen, le photographe Thierry Cohen, la plasticienne Emilie Faïf, le sculpteur Florian Mermin, mais aussi Tatiana Wolska, Félix Blume, le collectif péruvien Fibra, Romain Bernini, Beya Gille Gacha, Thierry Boutonnier

Après que les œuvres d’art à vendre d’Eva Jospin aient été présentées sur le marché de l’art via Art Basel du 15 au 18 juin, d’autres illumineront Avignon cet été et jusqu’au 31 décembre, mais aussi la Belgique jusqu’au 15 juillet dans l’exposition « Eva Jospin. Panorama » à la Fondation Thalie qui présente le travail de l’artiste française pour la première fois à Bruxelles. « L’exposition « Panorama » propose une déambulation poétique à travers son œuvre sculptural, une invitation à la rêverie aux accents rousseauistes entre fragments de paysages et éléments d’architecture fantaisistes. Entre les mains adroites de l’artiste s’unissent en effet les ouvrages de l’homme et de la nature, depuis le Balcon dont les ferronneries ouvragées ont revêtu un habit de lianes finement découpées jusqu’à la Grotte de carton qui convoque conjointement l’imaginaire de la folie architecturale et celui des jardins paysagés du XVIIIe siècle. Inspiré par les fontaines monumentales de la Rome antique qui devinrent à la Renaissance des ornements en vogue au sein des parcs et jardins, le théâtre de rocaille d’un Nymphée de plus de trois mètres de long trône en majesté au cœur de l’exposition, révélant toute la maestria de l’artiste », écrit Nathalie Guillot, la commissaire de l’exposition.

« Dans l’épaisseur de nos lisières, là où naissent les dragons » est une exposition qui se déploie dans tous les espaces du château de Chamarande, dans l’Essone. Elle offre une traversée au sein de neuf univers artistiques qui, chacun à leur manière, illustre une relation particulière à la notion de « territoire ». Que ce soit par le dessin, la peinture ou la sculpture, mais aussi par la performance, la vidéo ou un travail textile, chaque artiste invite le visiteur à s’immerger dans une nouvelle forme de « territoire », qui ne se laisse pas enclore dans les catégories traditionnelles. Le rêve et le réel, le vécu et le mémoriel, le sensible et l’intelligible, l’espace et le temps s’agencent dans leurs œuvres au sein de nouvelles constellations, brèves et inédites. Les artistes présentés sont : Cathryn Boch, Jordi Colomer, Suzanne Husky, Michèle Magema (accompagnée par Julie Crenn), Kathleen Petyarre (accompagnée par Stéphane Jacob), Abraham Poincheval, Eric Tabuchi & Nelly Monnier (ARN), Capucine Vever et Brankica Zilovic.

« L’île intérieure » se visite sur l’île de Porquerolles jusqu’au 5 novembre. Telle une mise en abîme de l'insularité de la Villa Carmignac à Porquerolles, l'exposition, sous le commissariat de Jean-Marie Gallais, historien de l’art, explore tout un pan de l'art qui semble se détacher du réel pour offrir de vertigineuses plongées dans des mondes intérieurs. Plus de 80 œuvres d’une cinquantaine d’artistes, en provenance de collections publiques, privées, de la collection Carmignac mais aussi des productions, dessinent les contours en pointillés d’une île intérieure dont chaque visiteur comblera les manques à sa façon. Si l’art contemporain n’a jamais été aussi politique et en prise avec le monde, tout un pan de la création, la peinture en particulier, semble s’en détacher pour offrir de vertigineuses plongées dans des mondes intérieurs et des replis. Que signifie cet écart du réel aujourd’hui ?

A la Cité des sciences et de l’industrie à Paris, il faudra chercher la poésie ailleurs que dans le titre de l’exposition qui s’y tient jusqu’au 31 décembre : « Urgence climatique ». Ça a le mérite d’être clair. L’exposition offre une vue d’ensemble des mécanismes qui visent à concilier un double impératif : la décarbonation et la résilience de nos sociétés. Son objectif est de montrer que la lutte contre le réchauffement climatique doit mobiliser tous les acteurs de la société afin d’espérer atteindre un monde décarboné pour la seconde moitié de ce siècle. Au centre de l’exposition, le dispositif de data visualisation Data du futur, inauguré en 2021, invite le public à imaginer et entrevoir les avenirs possibles de notre planète. Ce film est à découvrir en trois tableaux : des humains et des chiffres / une planète sur ses réserves / un climat sous surveillance. Le paléoclimatologue Jean Jouzel est le commissaire scientifique de cette nouvelle exposition permanente.

« Wolfgang Laib. The beginning of something », à Stuttgart. Voilà qui est déjà plus intriguant. Qu'il s'agisse de récolter le pollen de ses célèbres œuvres minimalistes au sol jaune vif ou de la manipulation minutieuse de ses sculptures en cire d'abeille, le respect de la nature est le moteur de Wolfgang Laib. Depuis la fin des années 1970 déjà, la réflexion et le travail de l’artiste interrogent notre être et notre agir dans des espaces de vie fragiles. Même si les pionniers de l’art écologique né aux Etats-Unis à la fin des années 1960 ont pour noms Newton et Helen Mayer Harrison, Nancy Holt, Patricia Johanson et Alan Sonfist, et que cette forme d’art, après avoir gagné l’Europe, a ensuite franchi un cap en 1982 avec la plantation de milliers d’arbres organisée par Joseph Beuys dans le cadre de la Documenta de Kassel, l’artiste allemand n’en demeure pas moins précurseur et désormais à la pointe de l’actualité. Dans cette exposition, le Kunstmuseum Stuttgart présente des œuvres d’art de toutes les phases de sa création, y compris ses "maisons de riz" et ses ziggourats, une sélection de dessins et un champ de pollen. Les œuvres les plus récentes, les Towers of Silence, font également partie de la présentation. Complétant ainsi un axe important de la collection, puisque Wolfgang Laib est bien représenté dans l'inventaire du Kunstmuseum avec quelques œuvres exemplaires. La Growing Room par exemple (au sous-sol de la collection), installée de façon permanente depuis 2005 , est l'une des sept salles de ce type existant dans le monde.

Ne manquez pas non plus d’aller voir l’extraordinaire installation Mater Earth de Prune Nourry. Au milieu des vignes du Château La Coste, près d’Aix-en-Provence, une figure de fertilité en terre crue se mêle aux cendres des récents incendies de forêts…

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