Un été sous le signe de l’art moderne
A propos de la sélection d’expositions consacrées cet été aux maîtres de l’art moderne établie par Guillaume Morel pour Connaissance des arts.
Cet été, les maîtres de l’art moderne envahissent les musées : le magazine Connaissance des arts a retenu treize expositions qui donneront des couleurs à vos vacances ! On vous en parle ? Au programme : Claude Monet (voir par ailleurs), Edouard Vuillard, Albert Marquet, Henri Matisse, Max Ernst, Pablo Picasso, Germaine Richier, Auguste Renoir, Georges Braque, Richard Guino, Henri-Edmond Cross, les Fauves et les femmes surréalistes.
- « Vuillard et l’art du Japon », jusqu’au 29 octobre à la Fondation de l’Hermitage à Lausanne. Dès la fin du XIXe siècle, l’art japonais explose à Paris et les peintres s’y intéressent aussitôt, impressionnistes et nabis en tête. Edouard Vuillard, collectionneur d’estampes, s’en inspire nettement pour ses compositions, ses cadrages, le synthétisme des formes et le goût du décoratif. D’autres Nabis comme Pierre Bonnard, Maurice Denis, Félix Vallotton et Paul-Elie Ranson s’intéressent aussi à cette esthétique, ce qui permet à la Fondation de l’Hermitage de réunir plus d’une centaine de peintures et gravures produites entre 1890 et la Première Guerre mondiale : paysages, scènes d’intérieur, femmes en kimono… ainsi que des objets japonais.
- « Renoir à Guernesey, 1883 », jusqu’au 10 septembre au musée des impressionnistes de Giverny. L’exposition réunit un ensemble de toiles qu’Auguste Renoir a réalisées à son retour à Paris après un séjour de cinq semaines à Guernesey avec Aline Charigot et quelques amis, en septembre 1883. Il y a en effet multiplié les croquis et les esquisses depuis la baie de Moulin Huet où il résidait, s’intéressant aussi bien aux eaux cristallines qu’aux paysages, à la végétation, aux chemins escarpés mais aussi à la population locale, notamment les jeunes femmes se baignant nues dans les rochers.
- « Georges Braque, l’œuvre graphique », jusqu’au 29 octobre au musée-bibliothèque Pierre André Benoît à Alès. A l’occasion des 60 ans de sa mort, le joli musée niché dans le château Rochebelle, ancienne résidence des évêques d’Alès, rend hommage à Georges Braque, inventeur du cubisme avec Pablo Picasso. C’est fou comme les dessins des artistes sont particulièrement émouvants, comme s’ils nous révélaient la part la plus intime de leur production. Qu’ils soient réalisés au fusain ou au pastel gras, ceux de Braque n’échappent pas à la règle. De même que les lithographies, eaux-fortes, gravures sur bois ou à la pointe sèche…
- « Monet en pleine lumière », jusqu’au 3 septembre au Grimaldi Forum de Monaco. Une centaine de toiles de Claude Monet sont réunies dans les deux mille cinq cents mètres carrés du Grimaldi Forum grâce au soutien du musée Marmottan Monet de Paris. La surprise vient d’une vingtaine d’œuvres réalisées par le chef de file de l’impressionnisme sur la Riviera lors de ses deux séjours sur place… et qui sont présentées pour la première fois en France à proximité des sites qui l’ont inspiré : Monte Carlo, Bordighera, Cap Martin…
- « Guino-Renoir, la couleur de la sculpture », jusqu’au 5 novembre au musée d’art Hyacinthe Rigaud de Perpignan. Le nom de Richard Guino (1890-1973) n’est pas forcément passé à la postérité sur le marché de l’art, mais ce sculpteur catalan qui était l’assistant d’Aristide Maillol a néanmoins développé ses propres recherches en parallèle, expérimentant le plâtre aussi bien que la céramique, le métal ou le bronze. C’est à l’initiative du marchand d’art Ambroise Vollard qu’il commença à travailler en duo avec Auguste Renoir, et cette exposition rend enfin hommage à son talent en présentant plus de deux cents œuvres conçues à quatre mains et ayant longtemps été attribuées, à tord, uniquement à son aîné.
- « Marquet en Normandie », jusqu’au 24 septembre au MuMA au Havre. Consacrer une exposition à Albert Marquet, qui est régulièrement venu au Havre où il a noué des liens avec plusieurs collectionneurs, et qui est donc déjà très présent dans les collections du Musée d’Art moderne André Malraux, était un peu comme une évidence. Ce peintre immédiatement reconnaissable par ses cadrages modernes et ses nuances subtiles de bleu et de vert offre des paysages à la douceur apaisante. Le parcours chronologique nous fait voyager du lieu-dit La Percaillerie, en 1903, à Dieppe en 1937, en passant par Le Havre, Trouville, Fécamp, Honfleur et Rouen…
- « Henri-Edmond Cross dans la lumière du Var », jusqu’au 14 novembre au musée de l’Annonciade à Saint-Tropez, et « Henri-Edmond Cross, œuvres sur papier » jusqu’au 30 septembre à la Villa Théo au Lavandou. Il n’est pas le plus connu des impressionnistes. Henri-Edmond Cross (1856-1910) a partagé avec Georges Seurat le goût du pointillisme, mais il s’en est rapidement éloigné pour composer des tableaux à la touche plus libre, dont les couleurs vives le rapprochent finalement davantage de Paul Signac.
- « Matisse années 1930 à travers Cahiers d’art », jusqu’au 24 septembre au musée Matisse de Nice. Où l’on touche du doigt ces années 1930 qui furent capitales dans l’œuvre de Matisse. Ses formes gagnent en épure, il s’attelle au projet monumental de La Danse, il invente le principe des gouaches découpées… Après un beau succès au musée de l’Orangerie à Paris, cette exposition se présente dans une configuration différente, et non moins intéressante, à Nice.
- « Formes & métamorphoses : la création céramique de Picasso », jusqu’au 30 octobre et « Picasso et l’orfèvrerie » jusqu’au 24 septembre, au musée Magnelli à Vallauris. Ce ne sont que deux des événements fleurissant partout en cette année du 50e anniversaire de la mort de Picasso. On connaît sa passion pour la céramique après sa rencontre à Golfe-Juan avec Suzanne et Georges Ramié, fondateurs de l’atelier Madoura. On connaît moins sa production de bijoux, de plats en or et en argent réalisée avec le concours des ateliers François Hugo, orfèvre ayant travaillé aussi avec Derain, Arp et Cocteau.
- « Les années Fauve », jusqu’au 21 janvier 2024 à la Fondation Gianadda à Martigny (Suisse). Réalisée en collaboration avec le musée d’Art moderne de Paris, cette exposition bénéficie de prêts du Centre Pompidou, du musée Paul Dini, du musée des Beaux-Arts de Bordeaux… et de collections privées bien sûr. En tout plus d’une centaine d’œuvres d’art se déploient ici dans la majesté du fauvisme, peintures, sculptures et céramiques… On retrouve donc Henri Marisse, André Derain, Maurice de Vlaminck, dont les œuvres d’art à vendre déclanchèrent un tollé de protestations au fameux Salon de 1905. Et tous les autres qui finalement affolèrent eux aussi plus tard le marché de l’art avec leurs couleurs éclatantes : Henri Manguin, Othon Friesz, Albert Marquet, Raoul Dufy, Charles Camoin, Kees Van Dongen, Louis Valtat…
- Et puis il y aussi « Max Ernst, mondes magiques, mondes libérés », jusqu’au 8 octobre à l’Hôtel de Caumont à Aix-en-Provence ; « Germaine Richier » jusqu’au 5 novembre au musée Fabre à Montpellier et « Surréalisme au féminin ? » jusqu’au 10 septembre au musée de Montmartre à Paris.
Illustrations :
- Image par StockSnap de Pixabay
- Édouard Vuillard, La Maison de Roussel à La Montagne (détail), vers 1900
Design graphique : Balmer Hählen
- Prerre-Auguste Renoir (1841-1919)
Rochers de Guernesey avec personnages (Plage à Guernesey), 1883
Collection Art for Guernsev © Art for Guernsey
- Villas à Bordighera, 1884, Huile sur toile, 61x74 cm - Hasso Plattner Collection
- Albert MARQUET (1875-1947), Le Havre, le bassin, 1906, huile sur bois, 61,4 x 50,3 cm. Le Havre, Musée d’art moderne André Malraux, achat de la Ville avec l’aide de l’État Fonds du Patrimoine, la Région Normandie Fonds régional d’acquisition des musées, l’AMAM, et les entreprises Helvetia, Chalus Chégaray et Cie, CRAM, CRIC, 2019. © MuMa Le Havre / Charles Maslard
- Henri Matisse. La Grande Bleue et mimosas, 1937, juile sur toile, 92,7 x 73,3cm, Philadelphia Museum of Art: Gift of Mrs. John Wintersteen ©Succession H.Matisse | Photo ©PMA - Joseph Hu