Nouveaux talents à suivre
A propos des expositions de Marguerite Bornhauser, Michèle Perozeni et Morgan Bancon, repérées par le magazine Connaissance des arts.
Dans la rubrique « Nouveau talent » du magazine Connaissance des arts de ce mois de septembre, la vitalité colorée de Marguerite Bornhauser côtoie l’univers fragile de Michèle Perozeni et la mélancolie de la peinture de Morgan Bancon. Trois noms à retenir, mais surtout trois univers à découvrir pour éventuellement enrichir sa collection d’œuvres d’art.
Déjà très demandée sur le marché de l’art, la photographe Marguerite Bornhauser est représentée par la galerie d’art Carlos Carvalho à Lisbonne, et par la Bildhalle à Zurich et Amsterdam. Elle expose jusqu’au 5 novembre au musée de l’Arles antique, et dans le cadre de L’Eté photographique de Lectoure (32) jusqu’au 24 septembre. Sensible aux questions environnementales, la sculptrice sur pâte de verre Michèle Perozeni est exposée au MusVerre à Sars-Poterie (59) du 16 septembre au 7 janvier. Quant au peintre Morgan Bancon, ses œuvres d’art à vendre viennent d’être décrochées du musée de l’Orangerie mais d’autres sont encore visibles jusqu’au 22 octobre à la Maison Caillebotte de Yerres (91). Il est représenté par la galerie d’art Mercier, à Paris.
Voix énergique et enjouée, regard pétillant, Marguerite Bornhauser est une photographe plasticienne née en 1989 à Paris, où elle vit et travaille toujours. Après des études de lettres et de journalisme, elle intègre l’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles d’où elle sort diplômée en 2015. Sa première exposition institutionnelle personnelle se tient à la Maison Européenne de la photographie en 2019. « Marguerite Bornhauser dégage un mélange de force et de douceur, une puissance positive. Tout comme ses portraits, paysages ou architectures », écrit Elisabeth Couturier dans Connaissance des arts. « L’artiste aime capter les contrastes de couleurs, circonscrire un (petit) pan de mur jaune ou attraper les ombres vagabondes. Mais aussi traquer les détails que l’on ne voit pas, jouer avec l’avant-plan, saisir le moment où le modèle s’impatiente. Ses diptyques contrarient les perspectives. Elle édite des livres, travaille pour la presse ou pour des marques de luxe. Une digne héritière de Guy Bourdin ? Elle répond plutôt Stephen Shore, Viviane Sassen, Wolfgang Tillmans ou Mark Cohen. Mais aussi Henri Matisse et Sonia Delaunay. Elle dit : « J’aime transcrire la sensualité des matières et finir mes histoires visuelles par des escaliers ! » »
Son travail a fait l’objet de diverses expositions dans des musées, galeries et festivals dans le monde : en France (Paris, Arles, Toulouse, Deauville, etc.) mais aussi à Londres, Bruxelles, Istanbul, Lisbonne, Suisse, Kyoto, Amsterdam, Madrid, au Bahreïn. Elle est également exposée dans l’espace public dans 27 stations du métro parisien en 2020 et sur des panneaux publicitaires aux Etats-Unis avec le Cincinnati Art Museum en 2015. En 2020, elle gagne le prix de la photographe émergente de l'année de Photo London. En 2021, le Grand Palais lui donne carte blanche pour poser son regard sur le chantier de rénovation pendant les 4 ans que vont durer les travaux qui donneront lieu à une publication ainsi qu'a une exposition. En 2022 elle est sélectionnée par l'invité d'honneur de Paris Photo ainsi que bmw.
On avait pu découvrir la sculpture sur pâte de verre de Michèle Perozeni dans une splendide exposition au Centre Jacques-Brel de Thionville en 2016, et surtout mesurer la force de son engagement écologique. Cette ancienne élève puis professeure à l’École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg, où elle a notamment participé à la création de l’atelier Verre, est née en 1945 à Metz. Son travail a été présenté de l’Europe à l’Asie en passant par les Etats-Unis. Elle expose des objets façonnés dans des détails de la nature. Bois de rennes ou de chevreuils, découpe de troncs d’arbres, ses œuvres se veulent homogènes autour d’un thème, d’une couleur et d’un matériel. L’apparente délicatesse de ces représentations blanches faites de verres ou de paraffine contraste avec le message tranchant qu’elle tente de faire passer sur ce que « l’Homme fait de la nature ».
Initialement céramiste, c’est à l’Atelier du musée à Sars-Poteries (59) que l’artiste découvre la matière verre. Elle y reviendra souvent, et notamment lors d’une résidence d’une importance capitale pour sa carrière, en 2011, qui se conclura par une exposition intitulée « Inlandsis ». C’est suite à cette résidence qu’elle décide de renoncer à l’enseignement pour se consacrer entièrement à son art et à « Inlandsis ». « A la page blanche de ce nouveau départ, répondent les étendues glaciaires de l’Antarctique, qui constituent sa nouvelle source d’inspiration. Elle abandonne la couleur pour se dédier au blanc », écrit Véronique Bouruet-Aubertot dans Connaissance des arts. De cette résidence, le musée a conservé une pièce majeure, « Chimères », toujours présentée au public. Après une première prise de contact avec la nouvelle direction en 2020, Michèle Perozeni a effectué une visite récente au MusVerre, au terme de laquelle elle a choisi de faire don au musée de son importante collection personnelle. Réunissant une quinzaine de pièces majeures, l’exposition du MusVerre salue aujourd’hui sa donation, voulue comme un hommage à ce lieu fondateur et décisif dans son parcours. « L’occasion de découvrir une œuvre discrète et sensible comme un haïku. »
« Il n’y a pas foule au paradis de Morgan Bancon », écrit Elisabeth Védrenne dans son article pour Connaissance des arts consacré au peintre né à Paris en 1982, qui vit la plupart du temps à Madrid, et dont la première exposition personnelle a eu lieu en 2019 à la galerie d’art Mercier, à Paris. De son savoir-faire classique et brillant, l’artiste peint la solitude qui habite les rêves. Ses œuvres d’art à vendre semblent avoir emmagasiné l’art de l’ombre portée. Son art contemporain pourrait presque venir d’un autre temps. Mais « aucun Dieu ne trône sur le ciel pommelé de cumulus et de stratus. Les nuages y bombent leurs torses gonflés, tels des montagnes compactes. Pas de ligne d’horizon ni de perspectives. Le peintre qui dit admirer la peinture espagnole du Siècle d’or, Velazquez, Zurbaran, Goya, mais aussi Le Guerchin et Le Corrège, fait aussi penser à Caravage », constate la journaliste. « Sa modernité réside dans ses compositions que l’on peut trouver conceptuelles : comme le fit Giorgio Morandi avant lui, Morgan Bancon met en place très concrètement sa stratosphère avant de la peindre. » Ce n’est pas pour rien qu’il participe à l’exposition collective de la Maison Caillebotte intitulée « Figurations. Un autre art d’aujourd’hui ».
Illustration : Black is Burned © Marguerite Bornhauser / graphisme : MMM collectif