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Une exposition… sur l’exposition des futurs impressionnistes
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Mai 2024 | Temps de lecture : 28 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’exposition « Paris 1874. Inventer l’impressionnisme », visible au musée d’Orsay à Paris du 26 mars au 14 juillet, puis à la National Gallery of Art de Washington du 8 septembre au 19 janvier.

Si vous ne savez pas encore que l’impressionnisme a 150 ans, c’est que vous venez de sortir de votre grotte, d’une longue retraite au couvent ou que vous débarquez de la lune ! La célébration de cet anniversaire est en effet à peu prés partout. Et pas seulement à la Une du magazine Connaissance des arts de ce mois de mars, qui consacre de belles pages joliment illustrées à l’événement. L’idée géniale d’auréoler la grande exposition du musée d’Orsay par des prêts d’œuvres d’art impressionnistes, pré, post ou para-impressionnistes, dans toute la France, assure une promotion démultipliée de la manifestation. Pas moins de cent soixante-dix-huit œuvres sont en effet actuellement prêtées à trente-quatre institutions partenaires, réparties dans treize régions. Attention, comme pour Cendrillon, il y a une condition à cette sortie exceptionnelle : les œuvres d’art devront toutes être de retour à Paris avant l’ouverture des Jeux Olympiques ! Il ne faut quand même pas abuser…

Bref, jetez un œil au musée le plus proche de chez vous : il y a peut-être un tableau en exposition temporaire pour vous raconter l’impressionnisme en général, et son rapport avec le mouvement artistique et la région en particulier. J’avais par exemple posé ma roulotte à Amiens le week-end dernier, lorsque je suis tombée nez à nez au musée de Picardie avec Pierre Stépanoff, ni plus ni moins le directeur de l’établissement, en train de disserter très brillamment devant une foule passionnée sur les débuts de l’impressionnisme et des loisirs balnéaires, devant le très beau tableau d’Edouard Manet justement accroché la veille, Sur la plage, peint à Berck-les-Bains, lieu de villégiature bien connu des Amiénois. Un tableau dont la légende raconte que des grains de sable se seraient même incrustés dans la peinture… Ce à quoi le directeur du musée de Picardie ne croit guère, connaissant suffisamment bien Manet pour affirmer que le peintre, même s’il a peut-être effectivement commencé son tableau en plein air, l’a forcément achevé dans le confort de son atelier. Sans risquer que le moindre grain de sable n’enraye le rouage de son méticuleux savoir-faire.

Le regard fatal de Berthe Morisot dans Le Balcon de Manet surplombe les quais bordelais de la Garonne et Le Citron du même Manet complète l’annuelle moisson du jardin des orangers de la villa Médicis, cette enclave française de Rome. La Cathédrale de Rouen de Monet rend visite à sa voisine havraise, sa Pie s’est envolée jusqu’à Clermont-Ferrand, les drapeaux de sa Rue Montorgueil flottent à Douai, son Déjeuner sur l’herbe étend sa nappe à Besançon, et deux exemples de ses chers nymphéas ont quitté les bords de Seine pour mouiller sur les rives de l’Eure et en eaux corses. La Liseuse de Renoir est allée tourner ses pages à Albi, La Partie de bateau de Caillebotte a vogué jusqu’à Nantes et La Nuit étoilée de Van Gogh illumine le ciel d’Arles où elle a été peinte... Ainsi a-t-on fait des 150 ans de l’impressionnisme une véritable fête nationale !

Mais l’exposition « Paris 1874. Inventer l’impressionnisme » n’est pas une énième exposition sur l’impressionnisme. C’est « une exposition sur l’exposition de 1874 », comme le souligne Christophe Leribault, le président des musées d’Orsay et de l’Orangerie. Et c’est quand même au musée d’Orsay qu’il va falloir aller la voir. En réservant à mon avis longtemps à l’avance pour être sûr d’y entrer d’une part, et parce qu’il faut absolument s’inscrire pour y vivre l’expédition immersive d’autre part. Oui, la deuxième idée géniale du musée d’Orsay, c’est d’avoir confié à Excurio et Gédéon Expériences le soin de créer une visite de la fameuse exposition de 1874 en réalité virtuelle. On se retrouve donc soi-même pendant 45 mn en plein vernissage dans les salons du photographe Nadar devenue galerie d’art pour l’occasion, boulevard des Capucines, le 16 avril 1874, à déambuler à la lumière des lampes à gaz au milieu d’une multitude d’œuvres d’art à vendre accrochées à la va-comme-je-te-pousse sur des murs tendus de rouge, dans le brouhaha des commentaires et critiques acerbes accueillant cette étrange nouvelle peinture un peu floue que l’on n’appelle pas encore impressionniste. Et qui se montre ici aux côtés des tableaux d’artistes plus conservateurs comme Gérôme, Alma-Tadema, Ferdinand Humbert, Gervex, Detaille et autre Albert Maignan…

Il faut imaginer Paris à la fin du XIXe siècle. La Ville Lumière, la ville des cafés animés, la capitale des arts, qui devient en 1874, le théâtre d'une révolution artistique sans précédent. Mais qui ne le sait pas encore. L'exposition "Paris 1874 - Inventer l'Impressionnisme" célèbre donc cette année charnière où un groupe de peintres audacieux a secoué les fondations de l'art traditionnel pour créer un mouvement qui allait changer à jamais la face de la peinture : l'impressionnisme.

Située au cœur du Musée d'Orsay, cette exposition captivante nous plonge dans l'effervescence artistique de la France du XIXe siècle. À travers une sélection minutieuse d'œuvres emblématiques et de documents historiques, les visiteurs sont transportés à une époque où la société bouillonnait de changements, où les rues de Paris étaient le théâtre de révolutions politiques, sociales et artistiques.

L'exposition commence par une mise en contexte soigneusement élaborée, mettant en lumière les conditions politiques, économiques et culturelles qui ont préparé le terrain pour l'émergence de l'impressionnisme. Les visiteurs sont invités à explorer les quartiers de Paris où les artistes se rassemblaient, à fréquenter les cafés où les idées novatrices circulaient, et à découvrir les salons d'art officiels qui rejetaient obstinément les nouvelles formes d'expression.

Au cœur de l'exposition se trouve bien sûr une collection exceptionnelle d'œuvres d'artistes tels que Claude Monet, Édouard Manet, Pierre-Auguste Renoir, Berthe Morisot, Alfred Sisley, Camille Pissarro, ou Mary Cassatt. Des chefs-d'œuvre emblématiques, dont beaucoup prêtés par les musées américains, sont présentés aux côtés de peintures moins connues mais tout aussi révélatrices de la diversité et de la vitalité de l'impressionnisme naissant. En parcourant les salles, les visiteurs sont invités à explorer les techniques révolutionnaires utilisées par les impressionnistes pour capturer l'instantanéité de la vie quotidienne, les effets changeants de la lumière et de la couleur, et les humeurs fugaces de la nature. Des croquis préparatoires aux chefs-d'œuvre finis, chaque œuvre expose le processus créatif et la vision unique de son créateur.

Mais l'exposition ne se contente pas de célébrer le passé ; elle examine également l'impact durable de l'impressionnisme sur l'art moderne et contemporain. Des salles dédiées mettent en évidence les liens entre l'impressionnisme et d'autres mouvements artistiques, tels que le post-impressionnisme, le fauvisme et le cubisme, montrant comment les idées nouvelles de ces pionniers ont continué à inspirer les générations futures d'artistes. En plus des œuvres d'art, l'exposition offre un aperçu fascinant de la vie quotidienne à Paris en 1874, à travers des photographies d'époque, des caricatures satiriques, et des artefacts culturels. Les visiteurs peuvent ainsi mieux comprendre le contexte social, économique et politique dans lequel l'impressionnisme a pris forme.

« Malgré un succès de scandale, l’exposition de 1874 se solda par un déficit de 3713 francs », nous rapporte Jérôme Coignard dans Connaissance des arts. « Une vente aux enchères fut donc organisée l’année suivante. En dépit du soutien de collectionneurs tels que Chocquet, De Bellio, Hoschedé, Caillebotte, malgré l’engagement du critique Théodore Duret, ce fut un désastre. A part quelques excentriques clairvoyants, le public et les amateurs n’étaient pas prêts à recevoir un art si novateur. A leurs yeux comme à ceux de l’humoriste du « Charivari », les petites touches juxtaposées évoquaient la technique du faux granit employé par les peintres en bâtiment ! »

Je me demande d’ailleurs si ce souvenir historique cuisant de manque de discernement n’a pas traumatisé les critiques d’art au point qu’ils n’osent plus rien critiquer…

 

Valibri en RoulotteArticle écrit par Valibri en Roulotte

 

Illustration :
Claude Monet - Coquelicots
1873
Huile sur toile
H. 50,0 ; L. 65,3 cm.
Donation Etienne Moreau-Nélaton, 1906
© Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

 

 

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