Remonter
L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
Current locale language
Brancusi sculpte « l’essence des choses »
brancusi-sculpte-lessence-des-choses - ARTACTIF
Juin 2024 | Temps de lecture : 26 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’exposition Brancusi qui se tient au Centre Pompidou à Paris depuis le 27 mars et jusqu’au 1er juillet.

La muse endormie de Brancusi m’a fait de l’œil sur la couverture du magazine Connaissance des arts du mois d’avril. La couleur or du bronze poli lui va si bien… Quel apaisement dans cette sculpture ovale… Quelle douceur… Quelle lumière… Envie de se poser à côté… Envie de la caresser délicatement… Envie d’en savoir plus aussi. Ca tombe bien : l’article de Guillaume Morel fait de l’exposition Brancusi du Centre Pompidou à Paris l’événement du mois, et la photo de cette œuvre d’art majestueusement reproduite en double page, dorée sur fond blanc, en illustre le titre à merveille : « Brancusi en quête de la forme parfaite ». Par le prisme de l’atelier du sculpteur, l’exposition explore en effet l’œuvre de Constantin Brancusi (1876-1957) sous tous les angles en près de cent vingt sculptures et quatre cents dessins, photographies, films et objets. Nous offrant un véritable regard intime, au plus près de l’acte créatif. Car c’est entendu : il est l'inventeur de la sculpture moderne. Il a révolutionné cet art aussi bien par le geste que par la forme qu’il simplifie jusqu’à l’abstraction, mais aussi par sa manière d’envisager l’œuvre en interaction avec son environnement. Mais cette rétrospective exceptionnelle emmène le visiteur à la découverte de l'univers poétique de ce sculpteur d'origine roumaine, avec, au cœur de l'exposition : la reconstitution à l'identique de son atelier, matrice historique de toute sa création.

Je vous préviens : les œuvres d’art à vendre de Brancusi sont tellement rarissimes sur le marché de l’art, qu’elles s’envolent à des prix fous. Alors si vous voulez acheter des œuvres d’art relevant de cet esprit, utilisez plutôt l’outil Genius du site ARTactif en lui soufflant Brancusi pour sa recherche. Record absolu de l’artiste : La Jeune Fille sophistiquée (portrait de Nancy Cunard), une sculpture en bronze poli datant de 1932. Elle a été vendue 71,1 M$ en 2018 par Christie’s à New York. Pulvérisant le record précédent obtenu avec la Muse endormie de 1913, œuvre d’art achetée à 57,3 M$.

Sculptures, photographies, dessins et films... la rétrospective « Brancusi » offre l’opportunité de découvrir toutes les dimensions de la création de cet immense artiste effectivement considéré comme l’inventeur de la sculpture moderne. À la fois lieu de vie, de création et de contemplation, l’atelier de l’artiste, joyau de la collection du Musée national d’art moderne depuis son legs en 1957, forme la matrice de ce projet. Un ensemble exceptionnel de sculptures, jouant sur le dialogue entre les plâtres de l’Atelier Brancusi et les originaux en pierre ou bronze, prêtés par de nombreuses collections privées et muséales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, The Art Institute of Chicago, Dallas Museum of Art, Musée national d’art de Roumanie, Musée d’art de Craïova…) sont exceptionnellement réunis. La dernière exposition rétrospective Brancusi en France, et la seule, remonte à 1995 (sous le commissariat de Margit Rowell au Centre Pompidou). Une occasion unique de découvrir sous un jour nouveau cet immense artiste du XXe siècle.

Il faut savoir que jusqu’à sa mort en 1957, Brancusi fait de son atelier parisien un lieu de vie, de travail et de mise en scène de ses œuvres d’art à vendre. Ou pas à vendre. Il construisait en effet son propre mobilier, taillait ses propres outils. En fait, son atelier était une œuvre d’art en soi. Chaque sculpture occupait une place précise en fonction du format et des proportions de celles qui l’entouraient. Ainsi, lorsqu’un collectionneur d’art lui achetait une sculpture, aussitôt la remplaçait-il par son plâtre, afin de ne rien perdre de l’harmonie du lieu. On comprend qu’à sa mort, l’artiste ait souhaité léguer dans son intégralité à l’Etat français cet atelier œuvre d’art qu’il occupait depuis 1928 au n°11 de l’impasse Ronsin, à la condition expresse que le public puisse le visiter. Ainsi depuis 1997 peut-on déambuler dans L’Atelier Brancusi, son univers relogé face au Centre Pompidou, dans un bâtiment de Renzo Piano. Lequel bâtiment doit être vidé en prévision des travaux de rénovation de l’institution muséale qui commenceront en 2025 pour une durée de 5 ans : l’occasion était à saisir. Ce déménagement a donc rendu possible l’exposition événement actuellement visible.

Evidemment, vu qu’on adore retrouver ce qu’on connaît déjà, comme lorsqu’enfant on réclamait toujours la même histoire pour s’endormir le soir, on est d’abord spontanément heureux de voir aux côtés des plâtres, des socles, des dessins et des photographies d’atelier, les œuvres les plus emblématiques de Brancusi : le Baiser, L’Oiseau dans l’espace, La Colonne sans fin ou la très érotique Princesse X. Comme l’explique la commissaire Ariane Coulondre, conservatrice au musée national d’art moderne, « Brancusi a connu ses premiers succès à New York, à l’Armory Show en 1913, et nombre de ses sculptures sont aujourd’hui dans les collections américaines. Nous avons eu la chance d’obtenir le Torse de jeune homme du Cleveland Museum of Art, la Leda de l’Art Institute de Chicago, Le Commencement du monde du Dallas Museum of Art ou encore Mademoiselle Pogany, prêtée par la MoMa de New York ».

Celui qui a très tôt tourné le dos à l’expressionnisme d’Auguste Rodin, parce « rien ne pousse à l’ombre des grands arbres », disait-il, a tout de même brièvement côtoyé le maître en 1907. Brancusi l’exilé était arrivé de Roumanie trois ans plus tôt au terme d’un épuisant voyage, prolongeant la formation qu’il avait suivie à l’école des Arts et Métiers de Craïova puis à l’école des Beaux-Arts de Bucarest par un apprentissage dans l’atelier du sculpteur Antonin Mercié à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Paris. L’un de ses premiers chefs d’œuvre, Le Baiser, date de 1908-1909, mais il en sculptera une quarantaine de versions jusqu’aux années 1940. Il sera suivi par La Prière. Des sculptures encore très figuratives même si elles sont empreintes d’un certain archaïsme. Pour le journaliste Guillaume Morel, « Torse de jeune fille est un point de bascule. Brancusi réduit la forme à l’essentiel, une démarche qui sera celle de toute une vie. « La simplicité est la complexité résolue », disait-il. A partir de 1914, il expérimente le bois, dont il apprécie le caractère brut, primitif. Il se souvient de l’artisanat roumain et s’inspire de l’art africain, apprécié à Paris par les grandes figures des avant-gardes comme Henri Matisse, Guillaume Apollinaire ou Amedeo Modigliani qu’il a rencontré en 1909. »

Brancusi procédera toujours par expérimentations, selon un principe de séries, de variations qui se déploieront dans le temps. « Chaque œuvre semble découler de la précédente et engendrer la suivante », écrit Guillaume Morel. Ainsi « La Muse endormie (1909) prolonge Le Sommeil de 1908, lui-même réalisé à partir d’un premier portrait de Renée-Irana Frachon. Maïastraïa (oiseau légendaire du folklore roumain) inspire L’Oiseau d’or, puis L’Oiseau dans l’espace dont Brancusi réalisera vingt-huit versions de 1919 à 1941. « Ce n’est pas l’oiseau que je sculpte, mais le vol », confiera-t-il à propos de cette sculpture d’une infinie pureté, métaphore poétique du lien qui unit la terre et le ciel. Brancusi est en quête de la forme parfaite. L’ovale l’est à ses yeux. »

Je ne vous surprendrai donc pas en vous disant que l’exposition se tenant au Centre Pompidou jusqu’au 1er juillet se déploie autour de l’Atelier Brancusi reconstitué dans un grand espace… ovale.

 

Valibri en RoulotteArticle écrit par Valibri en Roulotte

 

Crédit : Constantin Brancusi - La Muse endormie
(1876, Royaume de Roumanie - 1957, France)

Discutons !
Personne n'a encore eu l'audace de commenter cet article ! Serez-vous le premier ?
Participer à la discussion
Exemple : Galerie spécialisée en Pop Art