Remonter
L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
Current locale language
A cheval entre l’art et le sport
a-cheval-entre-lart-et-le-sport - ARTACTIF
Juillet 2024 | Temps de lecture : 26 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de l’exposition « Cheval en majesté. Au cœur d’une civilisation » au château de Versailles du 2 juillet au 3 novembre.

L’art chevalier. Le terme est élégant, et je le trouve vraiment bien choisi pour évoquer la représentation du cheval dans les arts. Il est de Jean-Louis Gouraud, écrivain et historien, auteur du livre intitulé Le Cheval dans l’art. Le magazine Connaissance des arts consacre au sujet un article très intéressant dans son numéro de mai. Où l’on apprend notamment que sur les neuf cents animaux peints ou gravés de la grotte de Lascaux, pas moins de trois cent soixante sont des chevaux ! C’est dire si l’animal a de tout temps inspiré les artistes… Après l’homme, il est l’être vivant le plus représenté dans les arts ! Avec les épreuves équestres des Jeux olympiques et paralympiques qui s’invitent cette année dans le parc de Versailles, l’occasion est belle de déployer au château la plus grande exposition jamais consacrée au cheval et à la civilisation équestre en Europe, du XVe au XXe siècle.

A découvrir du 2 juillet au 3 novembre, « Cheval en majesté » au Château de Versailles est une exposition riche et diversifiée qui va mettre en lumière le rôle crucial des chevaux dans la vie royale et aristocratique. Elle permettra aux visiteurs de comprendre l'importance culturelle et historique des chevaux, tout en appréciant la beauté et l'art liés à ces animaux majestueux, dont les proportions harmonieuses, la tête aux yeux grands ouverts et aux oreilles dressées, la fierté du port, la finesse et la puissance des jambes sont autant de motifs graphiques irrésistibles. L'exposition se propose d’offrir une immersion visuelle et éducative grâce à des installations interactives, des vidéos, et des reconstitutions historiques. Les visiteurs pourront découvrir des anecdotes sur les chevaux célèbres de la cour, les traditions équestres, et l'évolution de l'art de l'équitation à Versailles. De quoi régaler petits et grands cet été. Car s’il l’a d’abord mangé, l’homme n’a jamais cessé d’être fasciné par le cheval. Pour preuve les œuvres d’art à vendre le représentant, qui sont encore légion aujourd’hui sur le marché de l’art contemporain, aussi bien dans les galeries d’art les plus prestigieuses... que dans les supermarchés.

Symboles de pouvoir, de prestige, et de noblesse, tout autant que de liberté, de mouvement, et d'énergie indomptée, les chevaux sont également vus comme des créatures sacrées dans la religion et la mythologie, possédant des pouvoirs surnaturels, comme Pégase dans la mythologie grecque ou les chevaux d'Odin dans la mythologie nordique.

Si le cheval occupe une place significative et variée dans l'art à travers les âges et les cultures, c’est que sa représentation reflète souvent les valeurs, les croyances, et les préoccupations de la société qui l’a créé. Les premières représentations de chevaux remontent à l'art pariétal des grottes, comme celles de Lascaux en France. Ces peintures montrent des chevaux dans des scènes de chasse, ce qui souligne leur importance dans la vie des chasseurs-cueilleurs. « Probablement attelés depuis le IIIe ou IIe millénaire, les chevaux tirent le char des rois assyriens sculptés aux parois des palais de Mésopotamie, à la guerre comme à la chasse au lion. Ils sont peints aux parois des tombeaux de l’Egypte ancienne et, sur le couvercle du sarcophage de Toutankhamon, superbement empanachés », rappelle Jérôme Coignard dans son article pour Connaissance des arts. Ils symbolisaient alors déjà le pouvoir et la noblesse. Dans l'art grec et romain, les chevaux sont souvent représentés dans les sculptures et les bas-reliefs, notamment dans des scènes mythologiques et militaires. Dans l’art chrétien, les chevaux sont présents dans les enluminures, les tapisseries, et les sculptures, souvent associés aux chevaliers et aux scènes de batailles, reflétant leur rôle central dans la guerre et la noblesse médiévale. Les chevaux sont en effet emblématiques de la chevalerie et de la noblesse. Ils sont fréquemment représentés dans des armoiries et des blasons.

Les artistes de la Renaissance, tels que Léonard de Vinci, Albrecht Dürer, et Raphael, ont étudié et dessiné les chevaux avec une grande précision anatomique. Les chevaux sont souvent présents dans les scènes de bataille, les portraits équestres des nobles, et les scènes mythologiques. Côté sculpture, les statues équestres, représentant des leaders politiques ou militaires à cheval, deviennent des symboles de pouvoir et de prestige. A l’époque moderne, des artistes baroques et classiques comme Peter Paul Rubens et Diego Velázquez ont peint des portraits équestres impressionnants, mettant en valeur la puissance et la majesté des chevaux. Tandis que les romantiques comme Eugène Delacroix ou Théodore Géricault font davantage chevaucher la liberté et la nature indomptée dans leurs œuvres d’art.

Plus proches de nous, des artistes comme Edgar Degas ou Edouard Manet, qui adoraient flâner à Longchamp, ont représenté les chevaux dans des scènes de courses et de loisirs, capturant le mouvement et la lumière, et bien entendu je ne peux m’empêcher de penser à Franz Marc et Vassily Kandinsky, qui reprennent magistralement l’énergie des figures primitives de l’art chevalier dans leurs chevaux bleus, jaunes ou rouges peints à Munich  au début du XXe siècle. Le mouvement qu’ils créent avec Münter, Macke, Klee, Jawlensky et quelques autres s’intitule d’ailleurs Der Blaue Reiter. En français le Cavalier bleu. Parce que « Marc aimait les chevaux, moi les cavaliers », expliquera tout simplement Kandinsky. Bien entendu aussi parce que chevaux symbolisant des concepts comme la liberté, la puissance, et la grâce, ils sont également des sujets parfaits pour exprimer des idées abstraites et émotionnelles.

On sait depuis les travaux d’Etienne-Jules Marey en 1872 que toutes les représentations de chevaux volant les quatre fers en l’air comme dans le très anglophile Derby d’Epson de Delacroix sont erronées, nous rappelle le journaliste de Connaissance des arts. Mais qu’importe ! « Leurs faux chevaux galopent mieux que les vrais », écrivait carrément Jean de la Varende. « Au XXe siècle, de « vrais » chevaux courent de plus belle sur le turf étincelant de Deauville, vus par Dufy et Van Dongen », écrit Jérôme Coignard. « Ils se cabrent, tragiques, dans les corridas de Masson et de Picasso, avant de finir empaillés par certains de nos artistes contemporains comme Maurizio Cattelan (La Ballade de Trotski, 1996). La taxidermie tuera-t-elle l’art chevalier ? » Moi je n’y crois pas une seconde.

 

Valibri en RoulotteArticle écrit par Valibri en Roulotte

Discutons !
Personne n'a encore eu l'audace de commenter cet article ! Serez-vous le premier ?
Participer à la discussion
Exemple : Galerie spécialisée en Pop Art