Claire Tabouret, la peintre chérie des grands collectionneurs
A propos des expositions de Claire Tabouret à voir cet été au Château La Coste à La-Puy-Saint-Réparade (13), au Palais idéal du Facteur Cheval à Hauterives (26) et à la prison pour femmes de la Giudecca à Venise (Italie).
Vous aviez besoin d’une bonne raison pour prendre enfin la sortie « Palais idéal du Facteur Cheval » en descendant dans le Sud cet été ? La voici : la surdouée Claire Tabouret y rend hommage à la femme et mécène du fameux facteur, avec une fontaine et une tapisserie. En même temps qu’au Château La Coste elle montre des vases réalisés à Sèvres. Donc on fonce.
Etre repérée par François Pinault quand on est une peintre tout juste diplômée des Beaux-Arts de Paris, forcément, ça change la donne sur le marché de l’art contemporain. Etre représentée par les galeries d’art les plus prestigieuses et vendre ses œuvres d’art devient tout de suite plus simple… et plus rentable. Les œuvres d’art figuratives expressionnistes de Claire Tabouret qui étaient montrées à la galerie d’art Isabelle Gounod en 2013 ont en effet tapé dans l’œil du richissime homme d’affaires français faisant la pluie et le beau temps en tant que mécène et collectionneur d’art contemporain : la jeune femme chanceuse, et non moins talentueuse, est ainsi devenue une artiste contemporaine française qui compte. J’en suis ravie pour elle, car moi aussi j’adore ce qu’elle fait… et je n’aurais jamais eu les moyens d’acheter un de ses tableaux ! Son acrylique sur toile de 2016 intitulée The Last Day a carrément frôlé le million de dollars en devenant le record de vente chez Christie’s en 2021…
Souvent inspirée par la peinture classique tant elle a observé les œuvres de Géricault, Courbet ou Rembrandt, Claire Tabouret préfère toutefois Orsay au Louvre, appréciant Vuillard et Bonnard, et Morandi également, pour ses paysages d’après Cézanne. Sans oublier Mary Cassatt dont elle regarde les Maternités d’un œil nouveau depuis qu’elle est mère. Elle cite aussi Marlene Dumas, Henry Taylor, Mamma Andersson ou Lisa Brice, tandis qu’Elisabeth Couturier, journaliste pour Connaissance des arts, lui trouve des affinités avec Peter Doig.
Ne se limitant pas à la peinture même si c’est quasiment son « élément naturel », Claire Tabouret explore les thèmes de l'identité, de la mémoire et de la présence également au travers d’installations, de sculptures et de performances. Née en 1981 à Pertuis, dans le Vaucluse, elle a donc rapidement émergé comme l'une des jeunes artistes les plus prometteuses de sa génération à sa sortie de l'École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, avec des expositions dans des galeries renommées à Paris, New York et Londres. De toute façon, c’était une vocation pour elle. « J’avais 4 ans lorsque mes parents m’ont emmenée voir Les Nymphéas de Monet au musée du Jeu de paume », raconte-t-elle à Elisabeth Couturier, la journaliste de Connaissance des arts lui consacrant un beau portrait dans le magazine du mois de juin 2024. « J’ai ressenti un véritable choc et me suis retrouvée immergée dans la peinture. J’avais envie de me rouler dedans. Alors, j’ai passé mon enfance à dessiner et à peindre, avant même de comprendre ce qu’est la vie d’une artiste et de connaître les codes du milieu de l’art. » Bien lui en a pris. « Plus tard, quand j’étais aux Beaux-Arts de Paris, ça ne m’intéressait pas de savoir si la peinture était morte ou pas. Je me disais, bien évidemment, non, mais je ne vais pas perdre de l’énergie à essayer de convaincre qui que ce soit. J’ai continué ma route. » Son œuvre a convaincu à sa place.
Le style de Claire Tabouret est caractérisé par une esthétique unique et un sens aigu du détail. Ses portraits sont souvent réalistes mais éthérés, avec des visages déformés ou flous, créant une atmosphère mystérieuse et envoûtante. Ses couleurs sont souvent vives et saturées, créant une tension dramatique dans ses œuvres. En plus de sa pratique picturale, elle explore également d'autres formes d'expression artistique, telles que la sculpture et l'installation. Ses sculptures sont souvent faites avec des matériaux bruts et simples, créant un contraste intéressant avec ses œuvres picturales plus détaillées et figuratives. Elle aime expérimenter de nouveaux supports et de nouvelles techniques, et elle n'hésite pas à repousser les limites de son art pour mieux exprimer sa créativité et sa sensibilité. C’est pour « éviter le confort et se lancer un nouveau défi » qu’elle s’est d’ailleurs installée à Los Angeles depuis 2015, où elle travaille avec acharnement « dans un immense hangar jouxtant l’atelier de son compagnon designer », nous explique la journaliste de Connaissance des arts. Qui se demande si ses fascinants portraits de jeunes femmes au regard triste et au rouge à lèvres qui bave au point de barrer leur bouche ne dénonceraient pas un silence imposé. « Les images arrivent d’abord, je les comprends ensuite, explique l’artiste. J’essaie de réaliser des compositions traversées par une tension. Et effectivement, je constate qu’il peut en résulter parfois une certaine ambiguïté. »
Car même si le travail de Claire Tabouret est profondément ancré dans la tradition de la peinture figurative, elle y apporte une touche de modernité et de contemporanéité sans pareil. Ses œuvres d’art se caractérisent par une palette de couleurs douces et pastel, par des formes simplifiées et par des textures riches et vibrantes. Ses portraits rappellent effectivement souvent ceux des maîtres anciens, mais ils sont aussi empreints d’une sensibilité moderne et d’une réflexion contemporaine sur les notions de genre, d'identité et de représentation.
L'une des caractéristiques les plus marquantes du travail de Claire Tabouret est sa capacité à capturer l'essence même de ses sujets. Ses portraits parlent de la fragilité et de la beauté de l'existence. Ils invitent à s’interroger sur notre propre humanité, sur nos émotions et sur notre rapport au monde qui nous entoure. Mais au-delà de leur dimension philosophique, les œuvres de Claire Tabouret enchantent aussi par leur élégance et leur poésie. Son style unique, à mi-chemin entre le réalisme et l'abstraction, crée une tension entre la représentation et l'imaginaire. Ses personnages semblent à la fois familiers et mystérieux, comme s'ils appartenaient à un monde parallèle, à la fois proche et lointain.
Egalement femme engagée, Claire Tabouret milite pour la diversité et l'inclusivité, et elle s'investit régulièrement dans des projets sociaux et humanitaires. Elle met son art au service de causes nobles, telles que la défense des droits des femmes, la protection de l'environnement ou la promotion de la paix dans le monde. Elle croit en la capacité de l'art à connecter les êtres vivants les uns aux autres, à transformer les consciences et à inspirer le changement, souhaitant contribuer, à sa manière, à un monde plus juste et plus harmonieux. Qu’ajouter, sinon qu’en ces lendemains d’élections européennes, je souhaite de tout mon cœur qu’elle y parvienne…
Article écrit par Valibri en Roulotte
Visuel : Claire Tabouret - Baigneuse Assise, 2022
Bronze fountain in the garden of Palazzo Cavanis in Venice.