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L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CONTEMPORAINS
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La balade estivale de Chaumont-sur-Loire
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Août 2024 | Temps de lecture : 29 Min | 0 Commentaire(s)

A propos de la 17e Saison d’art au Domaine de Chaumont-sur-Loire.

Je suis enchantée ! Gardant un délicieux souvenir de mon échappée belle au Domaine de Chaumont-sur-Loire en juin 2022, tandis que je ralliais la Vendée à la Lorraine, il ne me semble que justice de découvrir dans Artpress ce mois-ci que Catherine Francblin a elle aussi fait le déplacement cette année. Et donc que cette éminente critique d’art en rend compte dans le numéro de juin du magazine d’art contemporain. A noter que le dernier ouvrage paru chez Gallimard de Catherine Francblin s’intitule « Bernar Venet. Toute une vie pour l’art ». Ouvrage épais que je n’ai pas encore réussi à finir tant il est dense, mais que je vous recommande tant il éclaire finement les différents tournants dans l'art et la vie de cet homme particulièrement connu pour ses gigantesques sculptures d’acier se dressant dans l’espace public, notamment grâce aux innombrables lettres que l'artiste a adressées à sa mère et auxquelles l’autrice a eu accès, dans lesquelles il décrit les développements de sa carrière, ses rencontres avec des figures majeures, de Marcel Duchamp à Andy Warhol en passant par Christo. Porté par la seule ambition de se surpasser, Bernar Venet, né en 1941, ne cesse en effet de se réinventer.

Au Domaine de Chaumont-sur-Loire, l’artiste représenté par les galeries d’art Perrotin et Ceysson & Bénétière propose plusieurs sculptures emblématiques de son obsession mathématique. « Mon travail est toujours dérivé de concepts qui paraissent antagonistes, mais que je préfère qualifier de complémentaires. C’est ma manière de réfléchir, ma méthode pour découvrir des solutions différentes applicables à l’histoire de la sculpture », écrivait Bernar Venet pour « L’Hypothèse de la gravité », son exposition au Louvre Lens du 11 juillet 2021 au 10 janvier 2022. Aujourd’hui libérées des « traditions constructivistes de la composition intuitive, ainsi que des agencements sériels, préétablis des artistes de l’Art concret et minimal », désormais conventionnel, ses sculptures suggèrent « l’aléatoire comme règle du jeu », peut-on lire dans sa présentation au Domaine de Chaumont-sur-Loire.

Mais qu’est-ce donc que le Domaine de Chaumont-sur-Loire ? Pour Catherine Francblin, il aura par exemple été un « intermède béni » pour fuir le béton parisien le temps d’un week-end, à 200 km au sud de la capitale. Je lui laisse le soin de vous le présenter très prosaïquement, histoire de vous épargner quelques unes de mes envolées lyriques : « Le site, propriété de la Région Centre-Val de Loire depuis 2008, s’étend sur 32 hectares de parcs qui se déploient devant l’un des trois plus beaux châteaux de la vallée de la Loire, classée au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Centre d’arts et de nature, le lieu est à la fois un espace de promenade et un musée à ciel ouvert, à la fois un laboratoire d’expériences et un foyer d’inventions régulièrement renouvelées au gré des trois principales manifestations qui s’y déroulent chaque année : la saison d’art contemporain d’avril à octobre, le festival international des jardins pratiquement aux mêmes dates et, durant l’hiver, la grande exposition dédiée à la photographie intitulée Chaumont-Photo-sur-Loire. A ces événements s’ajoutent depuis peu des rencontres mensuelles réunissant philosophes et scientifiques sur le thème de l’art et de la nature. »

Voilà, vous savez tout. Ou presque. Parce qu’il faut vraiment le vivre pour le ressentir, ce Domaine de Chaumont-sur-Loire. D’ailleurs, moi j’avais garé ma roulotte non loin pour poursuivre mon chemin en soirée, mais si vous avez les moyens, franchement n’hésitez pas à y rester deux jours : vous pouvez en effet passer la nuit sur place à l’hôtel du Domaine installé dans une ancienne ferme restaurée, comme vous l’indique Catherine Francblin qui, elle, y avait sûrement été invitée, au vu du chapitre particulièrement élogieux qu’elle consacre dans son article à la directrice du lieu. Jugez vous-même. « La responsabilité d’une telle structure ne pouvait qu’incomber à une personne capable d’assurer aussi bien la protection et la mise en valeur des différents secteurs de l’établissement, à commencer par le château (construit entre les 15e et 19e siècles) et le parc, que de développer un ensemble d’activités liées à la nature et centrées sur la création d’aujourd’hui, y compris la création jardinistique et paysagère. Nulle autre que Chantal Colleu-Dumond, directrice du lieu, ne pouvait s’acquitter avec autant d’énergie et d’imagination de cette mission. » Et de citer la directrice elle-même, petite-fille d’horticultrice, passionnée par le patrimoine et néanmoins familière des multiples orientations de l’art vivant et des enjeux écologiques, ancienne conseillère culturelle à Rome : « Je vois Chaumont comme un tableau. Je m’y sens comme un compositeur et un chef d’orchestre. » De là à évoquer les monstres des fameux Jardins de Bomarzo pour Catherine Francblin devant la Grotte de Chaumont, œuvre monumentale en céramique créée cette année par Miquel Barcelo, il n’y avait évidemment qu’un pas que l’ancienne Romaine n’a pas hésité à franchir. Si ces deux-là n’étaient pas déjà copines avant, je parie qu’elles le sont devenues !

Une quinzaine d’artistes contemporains français et étrangers ont donc été conviés par la directrice surdouée à produire des œuvres d’art à l’occasion de cette 17e édition de la saison d’art contemporain du Domaine de Chaumont-sur-Loire, qui s’est ouverte le 30 mars et s’achèvera le 27 octobre. Lesquelles s’ajoutent donc à la cinquantaine d’autres qui constituent la collection permanente du centre d’art, comme les interventions de Gerda Steiner et Jörg Lenzlinger dans la chapelle et d’El Anatsui dans la Galerie du fenil, ou le cairn d’Andy Goldsworthy, la main saisissant un tronc de Giuseppe Penone, la cabane dans les arbres de Tadashi Kawamata, les cylindres pour voir à travers de Vincent Barré... De quoi avoir un panorama assez complet de ce qui se joue finalement actuellement sur le marché de l’art.

Chantal Colleu-Dumond a convié cette année Vincent Bioulès à occuper la dizaine de salles des galeries hautes du château. Comme l’explique Catherine Francblin, « devenu figuratif après sa rupture avec le groupe Support-Surface, Bioulès est désormais un peintre de paysages qui se nourrit de tout ce qu’il a vu et appris. Très attaché à sa région natale, il peint les troncs des platanes du Midi, capte la lumière d’un jardin languedocien. Devant ses toiles, le visiteur se ressource dans les couleurs intenses de Bonnard et des Nabis, mais sillonne aussi des reliefs de roches arides et sombres à la limite de l’abstraction. » Les visiteurs rencontreront également plus loin les immenses peintures sur papier que Damien Cabanes a réalisées sur place, face aux massifs de fleurs du Domaine, les architectures en bronze doré d’Anne et Patrick Poirier inspirées du site maya de Tikal et amarrées ici dans le pédiluve pour chevaux, le curieux Locataire de Gloria Friedmann sous l’Auvent des écuries, en la personne de cet homme en bien mauvaise posture, juché sur un globe terrestre lui-même posé en équilibre sur le dos d’une tortue… Franchement, prenez le temps de ralentir cet été si vous visitez les château de la Loire.

 

Valibri en RoulotteArticle écrit par Valibri en Roulotte

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