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Lu pour vous dans BEAUX ARTS
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Janvier 2025 | Temps de lecture : 29 Min | 0 Commentaire(s)

Photo : Aïe, aïe, aïe, IA !

Le mois de la photo 2024 ne pouvait passer à côté de l'Intelligence Artificielle dernière génération. Car l'IA générative ne bouleverse pas seulement le monde la photographie, elle révolutionne le champ entier de l'image et même notre rapport intime à l'iconographie en bousculant les frontières du réel. On oublie la technique ; les programmes des années 2020 la démocratisent. Fabriquer des images hyperréalistes est désormais à la portée de tous. Il suffit de bien « briefer » la machine. Et les gestes jouissifs par lesquels s'accomplissaient les artistes sont niés au passage. Le frisson s'est déplacé. Tout se crée, comme dans le sampling musical, sur la base de cette banque d'images mondiale qu'est le Net. Une photothèque que nous nourrissons tous avec des icônes comme Trump blessé levant un poing rageur vers le ciel aussi bien qu'avec nos propres clichés du premier sourire de notre petit dernier que nous sommes si fiers de poster sur les réseaux. Trop chou ! Nous entrons dans l'ère des images fausses plus vraies que nature.

Beaux Arts évoque à ce propos le cas du photographe allemand Boris Eldagsen qui a remporté le premier prix du Sony World Photography avec une image artificielle avant de le refuser en expliquant qu'il voulait simplement vérifier s'il parviendrait à berner le jury. Plane ici l'ombre de Marcel Duchamp. Trop beau pour être vrai ? Tous les faussaires n'auront pas les mêmes scrupules. Ils ne pouvaient rêver plus parfaite machine à désinformer. Il va désormais falloir se méfier plus que jamais des photographies et de leurs mirages. Les sphères juridiques se mobilisent et s'organisent pour tenter de canaliser le phénomène à défaut de pouvoir l'éradiquer. Les auteurs bénéficient avec l'opt-out de la possibilité d'interdire que leurs images soient utilisées comme matière première de création des intelligences artificielles génératives. On cherche aussi à forcer les informateurs à citer les sources ayant servi de corpus pour l'entraînement des images artificielles. Tout comme on pense à tatouer ces dernières afin de signaler au premier regard leur nature digitale. Mais avec des milliards d'images produites, le numérique a les chiffres pour lui. Le souci du respect des droits d'auteur qu'affichent des banques d'images professionnelles n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan. On vole, on spolie, en prétendant emprunter. La solution serait-elle de créer une redevance permettant une redistribution des droits d'auteur ? Du monde de la mode à celui de la publicité, l'IA Générative s'impose déjà partout. Pour les photographes professionnels, il devient difficile de la concurrencer. En termes de délais comme de budget. Les rois du prompt poussent hors de l'échiquier les princes de l'objectif. On prend un décor de rêve sans prendre l'avion. On booke un mannequin divin sans passer par la moindre agence. Reste à pointer du doigt les insuffisances de la machine et à montrer en quoi le regard de l'artiste ne se commande pas d'un simple clic. C'est ce qu'entreprennent certaines agences de photographes amoureuses du concept d'auteur. L'art, pour sa part, n'a visiblement pas froid aux yeux qui voit dans l'IA Générative un outil de création comme les autres. L'école de photographie d'Arles a même mis en place des bourses pour stimuler la création en la matière sous la forme d'un programme d'accompagnement post-diplôme. Car finalement, en quoi les images créées par l'IA se distinguent-elles des toiles des plus imaginatifs des peintres hyperréalistes. L'objectif et la souris ne seraient-ils rien de plus que de nouveaux pinceaux d'aujourd'hui ? À voir.

Image générée par intelligence artificielle via ChatGPT et DALL·E.

Illustration : Image générée par intelligence artificielle via ChatGPT et DALL·E.

 

Combien vaut la peinture ?

Art Basel Paris, ce n'est pas seulement des images. C'est aussi des chiffres. Et parfois avec un grand nombre de zéros. À commencer par Georg Baselitz dont l'huile sur toile intitulée Sterne im Fenster de 250 x 250 cm atteint le high score de 6 542 931 €. Suit René Magritte avec Le Sourire du diable petite huile sur toile de 40 x 30 cm qui affiche la somme coquette de 3 900 000 €. Suivent les 2 200 000 € de Maternité, huile sur toile de 100 x 75 cm, de Vladimir Baranoff-Rossiné. Quatrième de ce quarté : Kasperle IV (Punchinello IV), huile sur toile aussi, de 180 x 150 cm, de Martin Kippenberger qui oscille entre 800 000 et 1 500 000 €. L'art figuratif a manifestement la cote.

Le Sourire du diable :  René Magritte (1966)

Illustration : Le Sourire du diable :  René Magritte (1966)

 

Et où en est la sculpture ?

La tendance est au monumental si l'on en croit les sculpteurs en vue du moment qui ont exposé en ce mois d'octobre au Palais-Royal dans le cadre d'un événement coorganisé avec le Centre des Monuments Nationaux. Des rochers géants exportés de la Sierra Nevada de Richard Long au Silver Stele de Heinz Mack qui couvrent de mosaïques d'or blanc une colonne de pas moins de six mètres de haut, la beauté est recherchée dans la grandeur. Il en va de même des Paravent Girls de Ghada Amer, figures gigantesques de bronze, matériau également du Pouce surdimensionné de César tout comme les cinq totems d'inspiration très sud-américain de Roberto Matta le Tribute to the Moondog. De l'or, de l'argent et du bronze…cet automne, la sculpture monumentale est en forme olympique !

le Pouce César (1965)

Illustration : le Pouce César (1965)

 

Tom Wessemann est politiquement incorrect

Il y a des blondes façon Marilyn, vautrées dénudées sur un drapeau américain, dont les traces de bronzage surlignent en toute impudeur tétons et toison pubienne. Il y a des lèvres pulpeuses géantes d'un rouge ardent dont s'échappe la fumée d'une cigarette d’une incandescence quasiment humide. Comme il y a aussi des burgers XXL tout sauf light ou vegan. N'en jetez plus ! Ce sera un miracle si les œuvres de Tom Wesselmann parviennent intactes, sans être souillées par des iconoclastes bienpensants, jusqu'au 24 février, date de clôture de cette expo de ce grand du Pop Art présentée par la fondation Louis Vuitton.

Tom Wesselmann, Great American Nude #38, 1962

Illustration : Tom Wesselmann, Great American Nude #38, 1962

technique mixte et collage sur bois • 121,9 × 152,4 cm • Coll. Stavros Merjos et Honor Fraser, Los Angeles / • Courtesy FLV, Paris, Estate Tom Wesselmann, Almine Rech, Paris- New York-Bruxelles / © 2024 The Estate of Tom Wesselmann / © Adagp, Paris 2024

 

Cherche collectionneurs français

Paris bénéficierait-il du prestige de label Art Basel au point de pouvoir faire de l'ombre à Bâle ? C'est la question doucement irrévérencieuse que se pose Beaux-Arts. Dans un marché tournant globalement au ralenti, la scène parisienne garde en effet le moral. Il est vrai que la moitié des ventes d'œuvres d'art en Europe se réalise désormais en France. Art Basel Paris séduit bien plus que la Fiac des collectionneurs de tous horizons, américains aussi bien qu'asiatiques ou européens. Mais également… Français ! Les collectionneurs de l'Hexagone constituent la majeure partie des acheteurs d'art made in France. Ils sont simplement plus discrets, n'aimant pas exhiber leur richesse. Aux artistes français de les désinhiber.

Grand Palais

Illustration : Par dconvertini — https://www.flickr.com/photos/42477684@N08/53183044284/, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=145051988

 

Eric SembachArticle écrit par Eric Sembach

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