Repéré pour vous dans CONNAISSANCE DES ARTS
Art Basel Paris
Le marché de l'art se porte bien dans l'Hexagone. La France est solidement implantée au 4ème rang mondial, sa TVA à 5,5% contribuant à faire de la France l'accès royal à l'Union Européenne dont elle accueille 55% des transactions. Tel est le contexte en termes de chiffres dans lequel s'est ouvert Art Basel Paris pour sa première dans le cadre majestueux du Grand Palais. Cette nouvelle implantation aura permis d'accueillir une quarantaine de galeries supplémentaires et de proposer de nouvelles approches artistiques, Art brut, queer et racisé en tête. Le Moyen-Orient est également à l'honneur, la présence de cette nouvelle place forte de l'art, contribuant à donner l'image d'un marché qui change dans un monde qui se transforme. Outre des grands classiques de la modernité avec des artistes stars comme Jean-Michel Basquiat chez Thaddaeus Ropac, les principales galeries qui comptent ont présenté force nouveaux impétrants. A l'image de Julian Charrière (Perrotin) Lou Fauroux et son futur libéré d'Internet (Exo Exo) ou Kenji Ide et ses sculptures revisitant l'art et l'artisanat traditionnels du Japon. Plus « vintage » l'espace « Premise » aura permis d'offrir aux visiteurs des œuvres antérieures à 1900 d'Henri Rousseau à Janet Sobel. Que du beau monde en somme.
Illustrations : For They That Sow the Wind de Julian Charrière – What remains, Genesis de Lou Fauroux (2023) – A Poem of Perception de KenDji Ide - The Type-cast Actor de Janet Sobel
Jacob fait le max
Les feux de la rampe se braquent sur Max Jacob à l'occasion de deux expositions axées sur ses dessins à Orléans et Céret. Dans sa jeunesse parisienne, après avoir collectionné les métiers les plus divers, il se rêvait « peintre de tradition » jusqu'à sa rencontre avec Picasso qui, selon ses propres mots a changé sa vie. C'est son ami Pablo qui le persuadera d'oser se dire poète. Les années de bohème qui s'ensuivent s'ouvrent sur de nouvelles rencontres de Juan Gris à Léger, en passant par Braque, Valadon, Matisse… Avec, pour tous, un choc nommé Demoiselles d'Avignon. Et le poète Jacob ? S'il irrite tantôt Apollinaire et tantôt le fascine, l'ami de Picasso s'affirme surtout comme un précurseur du surréalisme en poésie avec Le Cornet à dés en 1917 et Le Laboratoire central en 1921. La poésie étant l'art de mettre des images en musique, Max Jacob aimait aussi s'illustrer un crayon à la main. On retiendra ainsi aussi de lui ses élégants poèmes sans mots.
Illustration : A l'Opéra (vers 1918) de Max Jacob
Elton John au-delà des clichés
Quel est le point commun entre Brassaï, Imogen Cunningham, André Kertész, Dorothéa Lange, Tina Modotti et Alexandre Rodtchenko, mais aussi Robert Mapplethorpe, Nan Goldin, Cindy Sherman, William Eggleston, Diane Arbus, Sally Mann, Zanele Muholi, Ai Weiwei et Carrie Mae Weems ? Ils ont tous leurs entrées dans l'impressionnante collection d'art constituée au fil des tubes et des pubs par Elton John et son mari David Furnish. De quoi faire toute une exposition ? Non, deux ! C'est en effet un second volet de ce fonds qui s'ouvre huit ans après le premier avec l'exposition Fragile Beauty : Photographs from the Sir Elton John and David Furnish Collection au Victoria & Albert Museum de Londres. Une preuve spectaculaire que des artistes même excentriques peuvent s'intéresser à d'autres talents que le leur.
Illustration : Poppy de Robert Mapplethorpe (1988)
Sculpteurs de rêve
La forêt, les villes imaginaires et le voyage spatial, tels sont les trois chapitres du trajet que proposent en une cinquantaine de sculptures les trente artistes entrant dans la collection de la Fondation Villa Datris. Les problématiques de notre monde actuel se déroulent au fil d'un parcours onirique en forme de conte fantastique. L'exposition Les Mondes Imaginaires constitue ainsi l'occasion rêvée de découvrir le talent de Guillaume Cabantous, Jean-François Fourtou, Suzanne Husky, Eva Jospin, David Nash, Jaume Plensaet et leurs autres complices en dépaysement garanti.
Illustration : Weaves enchanting d'Eva Jospin
Caillebotte et compagnie
On croise ici Monet, Manet, Millet, Degas, Cezanne, Pissarro, Sisley… mais nous ne sommes pas seulement au musée d'Orsay. Nous nous trouvons au cœur d'une étonnante et impressionnante collection des peintures composée par un peintre qui aimait les œuvres de ses amis autant que les siennes. Voire plus, tant il joua les mécènes pour permettre à ses compagnons en impressionnisme de continuer de créer jusqu''à ce que « le public je ne dis pas comprenne mais admette cette peinture ». Ce peintre altruiste n'est autre que Gustave Caillebotte qui donne son nom à l'exposition Caillebotte. Peindre les Hommes ouverte jusqu'au 19 janvier au musée d'Orsay.
Illustration : Homme à la fenêtre de Gustave Caillebotte
Céramique dernier cri
Bien sûr, il y eut des pionniers. On pense à Thomas Schütte, Erik Dietman, Javier Perez, Gabriel Orozco, Jeff Koons, Ai Weiwei et Giuseppe Penone…Mais, comme le souligne Connaissance des Arts, « Jusqu'à peu, la céramique était considérée comme un artisanat, parfois de luxe, mais n'ayant rien à voir avec le milieu de l'art contemporain ». Suivit, dans les années 2000, une seconde vague de créateurs prêts à expérimenter qui la porcelaine et qui la céramique. Ou le textile et le papier. Aujourd'hui, à l'image de l'atelier de recherches et de créations de Sèvres, des ateliers de céramique ouvrent dans les écoles d'art revenues de l'équation art = vidéo expérimentale. A la suite d'Ettore Sottsass et Andrea Branzi, des designers de talent entrent à leur tour dans la danse. Mais c'est certainement le néerlandais Johan Creten qui accomplit le saut disruptif qui s'imposait en se déclarant sculpteur et non céramiste pour faire rentrer par la grande porte la sculpture de céramique dans l'art contemporain. Aujourd'hui les artistes les plus cotés sont toujours plus nombreux à exploiter le potentiel fantaisiste jusqu'à l'extravagance de ce matériau tant en termes de formes que de textures et de couleurs. Résultat : en 2024, la Céramique est furieusement tendance. Au point que s'ouvrira sous peu la première Biennale de la Céramique à Bruxelles. Parce que la céramique peut être aussi fun que fashion et chic. Et que ceux qui pensent le contraire retournent faire la vaisselle.
Illustration : »7 » par Eric Croes – L'Arche de l'espace par Tania Antoshina
Article écrit par Eric Sembach