Remonter
L'ANNUAIRE OFFICIEL DES ARTISTES CRÉÉ
PAR DES ARTISTES, POUR TOUS LES ARTISTES !
Current locale language
Vu pour vous dans L 'ŒIL
vu-pour-vous-dans-l-oeil - ARTACTIF
Janvier 2025 | Temps de lecture : 30 Min | 0 Commentaire(s)

La photo française serait-elle mal vue ?

À l'occasion de Paris Photo du 7 au 10 novembre au Grand Palais

Avec 100% de photographes exposés appartenant à la scène française entre 2015 et 2020, la Bibliothèque nationale de France fait figure d'exception dans l'Hexagone et plus particulièrement à Paris. Car la proportion des photographes français mis en avant n'aura atteint que 28,3% au Jeu de Paume , 38,1% au Bal et 46% au Centre Pompidou. Les chiffres sont moins chiches en région avec 71,9% au Centre de photographie Île-de-France de Pontault-Combault, 72,5% au CAP de Niort et 78,9% au Centre photographique Marseille. Quatre ans plus tard, les choses n'ont cependant quasiment pas bougé. Ignorés par les institutions les mieux placées pour les promouvoir et les prescrire, les photographes d'ici n'ont que peu de chances d'intéresser les structures internationales et galeries de premier plan. Aux États-Unis, au Royaume-Uni, comme en Allemagne, les artistes de l'objectif locaux bénéficient à l'inverse d'un soutien marqué des grandes institutions. Inutile de chercher ailleurs les raisons du manque de visibilité de la photo nationale à Paris comme en France et à l'étranger.

Bertille Bak. Out of Breath

Illustration : Bertille Bak. Out of Breath

"Usine à divertissement", 2016, Triptyque vidéo HD 16/9, couleur, son stéréo, 20 min. Courtesy de l’artiste, de la Galerie Xippas Paris, Genève et Punta del Este & de The Gallery Apart, Rome

 

La photographie au rayon librairie

À l'occasion de Paris Photo du 7 au 10 novembre au Grand Palais

Comment aider la photographie à rencontrer son public ? Par le livre répond l'Œil ! Prendre les photos en main dans le cadre d'un recueil leur confère, dirait-on, une valeur artistique supérieure à celle qu'on leur attribue lorsqu'elles sont pendues à des cimaises et qu'on ne fait que les effleurer du regard. Les livres photo prolifèrent donc aujourd'hui même s'il n'existe pas une véritable demande de masse au niveau du grand public. Alors comment faire face à l'explosion du nombre de photographes désireux d'attirer sur eux les feux de la rampe ? En réduisant le tirage. Un livre photo est aujourd'hui produit en moyenne à un nombre d'exemplaires oscillant entre 500 et 700. Le problème est qu'il faut des tirages d'environ 1000 à 2000 exemplaires pour que l'affaire soit rentable. La solution ? Obtenir le concours de galeristes, de mécènes privés ou de l'État pour pouvoir espérer atteindre un point d'équilibre. Les solutions participatives via la souscription sur des plateformes ont favorisé pendant quelques années l'auto-édition mais elles ne fonctionnent plus désormais que pour des artistes déjà cotés. Pourquoi la demande est-elle insuffisante alors que l'attrait du public est pourtant manifeste ? Les livres seraient-ils trop chers ? Avec un prix moyen de 40€, on pourrait le penser. Mais, plus que le prix lui-même, c'est le manque de besoin qui est en cause. Un livre photo est rarement perçu comme aussi nécessaire qu’une paire de basket, souligne à juste titre l'Œil. On le regarde avec plaisir mais de là à l'acquérir… La photo serait-elle victime d'une consommation kleenex ? On la contemple puis passe trop vite à autre chose. Elle est souvent mal vendue par les libraires eux-mêmes qui la mettent rarement bien en avant. D'autant que les places se font rares avec la multiplication d'ouvrages de tous types venus du monde entier. La vente en ligne ne comble pas ce déficit et l'export vers des pays non francophones comme les États-Unis ou l'Allemagne reste marginal. D'où l'initiative lancée par France Photobook d'un prix des Libraires pour tenter de booster le marché. Quand les temps se durcissent, mieux vaut avoir des idées.

Datz press

Illustration : Datz press

 

Comment être Bourdelle face à Rodin ?

À propos de l'exposition « Rodin/Bourdelle. Corps à corps » jusqu'au 2 février au Musée Bourdelle 18 rue Antoine-Bourdelle Paris 15e

Il ne suffit pas d'être talentueux pour devenir célèbre. Et, même reconnu de son vivant, un sculpteur de génie ne passe pas forcément à la postérité comme Rodin. Surtout s'il travaille pour le compte de Rodin ! C'était tout le dilemme de Bourdelle. Plus jeune de vingt ans que le maître, Antoine Bourdelle accepte la proposition de tailler ses marbres pour lui lorsque ce dernier remarque son travail au Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1892. Il est vrai que Bourdelle ne vivait pas encore de son art en ce temps. Leur collaboration durera quatorze ans. Respectueux et admiratif de Rodin, comme en atteste son Poète de 1902, Bourdelle immortalisera même son maître en train de sculpter La Porte de l'Enfer. Travaillant dans son propre atelier et non dans celui de son mentor, il n'aura de cesse d'obtenir non seulement sa reconnaissance mais un statut qui le pose d'égal à égal à lui. Tous deux partagent la même vénération pour Michel-Ange, se fréquentent et sont quasiment voisins mais Rodin n'en rabroue pas moins son cadet lorsque ce dernier s'avise d'oser quelque suggestion quant à la composition d'une œuvre dont il le veut simple exécutant. C'est-à-dire subalterne du plus grand sculpteur de son temps que Rodin a conscience d'être. Antoine Bourdelle finira par s'émanciper après avoir commis le crime de lèse-majesté de modeler à son idée sa Tête d'Apollon à partir d'un masque en terre à l'abandon ramassé dans l'atelier de Rodin. La vue de ce plâtre ulcéra le maître. C'est à ce propos que Jérôme Godeau remarque que l'on n'est plus ici « dans la mimesis mais dans la mise en forme d'une énergie première ». Bourdelle trouva sa propre voie en se démarquant de l'expressionnisme et du modelé rodinien. Il passa d'un art de la surface à une sculpture de la structure dont il s'attacha à trouver la nature première en la voulant géométrie, architecture, et en cherchant à en épurer les formes. La Salon de la Société nationale des beaux-arts de 1910 marquera à ses yeux sont triomphe et son dépassement de Rodin. Antoine fera également mieux que la Porte de l'Enfer avortée de ce dernier en réalisant la façade du Théâtre des Champs-Élysée en 1911. Mais si Bourdelle dépassa son modèle en œuvrant dans le gigantisme, c'est pourtant Rodin que l'Histoire retiendra comme géant.

Rodin travaillant à « la Porte de l'Enfer » par Antoine Bourdelle

Illustration : Rodin travaillant à « la Porte de l'Enfer » par Antoine Bourdelle

 

Un Pollock qui fait presque tache

À propos de l'exposition « Jackson Pollock, les premières années 1934-1947 » jusqu'au 19 janvier au Musée Picasso, 5 rue de Thorigny, Paris-3e

Pollock chez Picasso ! Cela n'étonnera pas qui connait le Pollock d'avant les grands drippings de 1948. Car on  pense forcément à l'illustre Pablo devant les œuvres de jeunesse d'un pionnier de l'art moderne qui n'a pas commencé sa carrière en projetant le contenu de son biberon sur des toiles posées à l'horizontale sur le sol. Ses débuts furent certes troublants. Qui attribuerait en effet à un Jackson Pollock sculpteur un singulier os taillé figurant à la fois une silhouette animale et un visage humain ? Et comment ne pas songer à Picasso devant une peinture figurative déformée et fragmentée évoquant volontiers des sculptures et masques de natifs américains. L'exploitation de sujets mythologiques se mêlait chez le jeune Pollock à l'expérimentation de procédés automatiques. Il est parfois bon de connaître les chemins tortueux qui mènent in fine à une œuvre de génie.

Enchanted forest par Jackson Pollock

Illustration : Enchanted forest par Jackson Pollock

 

Eric SembachArticle écrit par Eric Sembach

 

Discutons !
Personne n'a encore eu l'audace de commenter cet article ! Serez-vous le premier ?
Participer à la discussion
Exemple : Galerie spécialisée en Pop Art