On Keeffe Georgia O'
À propos de l'exposition Georgia O'Keeffe au Centre Pompidou
Du 6 septembre au 6 décembre
Georgia O'Keeffe est des ces rares artistes dont le nom est plus célèbre que l'œuvre. On croit la connaître. Mais si l'on compare entre amis l'image mentale qui nous vient spontanément à l'évocation de son nom, on risque d'être surpris. L'un se souviendra des rectangles noirs massifs de ses granges sinistres, l'autre des rouges en chaleur de ses Fleurs érotiques. C'est plus compliqué qu'avec Rothko ou Matisse. On peu dire un Rothko ou un Matisse. Mais là non. Il y a un monde entre Georgia O' Keeffe et Georgia O' Keeffe. Pourquoi est-elle à ce point non-identifiable ? N'aurait-elle pas de style ? Plutôt trop que pas assez.
Chance de débutante
Le Guggenheim Museum a pour slogan la très belle proposition « Start at the top ». Formule heureuse pour inviter à préférer une visite en descente plutôt qu'en montée de sa galerie en spirale. Mais belle façon aussi d'inciter les artistes à oser taper haut d'entrée. Comme Georgia O' Keeffe. Anaël Pigeat fait un zoom sur cette période dans l'article qu'elle consacre à cette célébrité inconnue. Dans Art Press. Rien à voir avec les débuts de carrière de Vincent van Gogh ! Georgia O'Keeffe a été aussi vernie que brillante d'entrée. Elle s'est fait remarquer. Elle a fait craquer. Le tout avec la simplicité et le naturel de ces artistes qui, comme elle, avancent en se laissant guider à travers le monde matériel par la voix intérieure de leur monde spirituel. Ce succès instantané a permis à Georgia O'Keeffe d'être Georgia O'Keeffe. Une femme libre. Mais un vrai poisson dans l'eau dans les cercles influents.
Papillonne
Sans trop verser dans le storytelling, Art Press fournit des éléments de bio clés qui expliquent la diversité des styles réunis sous la même griffe d'artiste. Il est ainsi rappelé que Georgia O'Keeffe fut l'une des premières à avoir l'audace extrême pour l'époque de poser nue devant un objectif. Pas étonnant que sa peinture soit allée flirter un moment avec la photographie. Georgia O'Keeffe est un papillon. Elle est libre. Elle est attirée, elle étudie, sublime puis oublie. Elle est libre alors, elle essaye, elle étudie. Et tant pis si elle transgresse parfois des frontières qui n'existent pas pour elle. Et pourquoi se fixerait-elle ? Elle cherche, elle avance. Irrésistible. Elle a même charmé Duchamp.
Free
Et si c'était cela finalement, un vrai peintre ? On peut adorer Soulages parce qu'il peint des noirs et des noirs toujours dans le même mouchoir de poche. Il a sa quête comme Georgia O'Keeffe. Mais Soulages nous fait voir le cosmos au microscope alors que Georgia O'Keeffe nous promène dans son musée perso en forme de diaporama de l'art moderne. De la nature morte au body-painting. Patti Smith a écrit : « I'm an american artist and I have no guilt* ». Georgia O'Keeffe ne voit pas non où est le mal à oser être libre. C'est peut être ce qui en a fait la peintre américaine à la palette la plus large du vingtième siècle. Car c'était une vraie peintre. Elle vivait dans la peinture et pour la peinture. La preuve ? |
« *Je suis une artiste américaine et n'ai aucun sentiment de culpabilité »
I love Cézanne
Anaël Pigeat raconte comment elle a surpris tout son monde lors de sa première venue en France en snobant totalement Paris. Pour elle, la France, c'est Cézanne. Elle a voulu filer cash devant majesté mythique de la montagne Sainte-Victoire. On appelle cela aimer la peinture. Et la nature. Car Georgia O'Kieffe a un amour évident pour ces lieux silencieux qui lui parlent dans la langue secrète des contemplatifs. On est à la fois très ici et très ailleurs devant un tableau de Georgia O'Keeffe. Elle a pris la liberté de ne s'enfermer dans aucun style. Quitte à n'exceller nulle part. Et de n'avoir signé finalement aucun chef d'œuvre. Si, un. Un trajet de peintre unique à travers son siècle. Entre la vie et l'art, Georgia O'Keffe a choisi l'art. Mais pour le vivre.
Illustrations :
- Georgia O'Keefe - Red Hills with the Pedernal
- Georgias O'Keefe - Red Poppy