Narcissisme artistique
Alors que ma pensée s’enfonçait dans les profondeurs de ce maudit dictionnaire, mes entrailles et mon âme furent secouées par de légers soubresauts incompréhensifs qui se plurent à jouer avec mon moi intérieur. Que cherchait donc encore cette damnée création ?
Elle extirpa subtilement certaines lettres qui s’assemblèrent pour me peindre sous des traits dont elle jugea bon de m’affubler.
Narcissisme
Révoltée par cet infâme jugement, cherchant excuses et raisons, mes doigts décidèrent de s’orienter vers quelques synonymes qui me parurent pour le moins révélateurs.
Contemplation de soi ?
Satané esprit inquisiteur. Je fus donc contrainte de l’admettre. Oui, je m’aime, je me plais, je m’admire. Je m’extasie devant ce que ma cervelle pense et m’oblige à faire. Oh Diable ! Ceux qui oseraient me désavouer !
L’étincelle créative m’invita à poursuivre la randonnée dans l’antre présomptueux de mon égo.
Amour propre !
Il est évident que j’ai conscience de ma valeur personnelle, nul autre ne peut prétendre la connaitre mieux que moi ou la contester ! Je suis fière de ce que je fus, de ce que je suis et de ce que je serai !
Vanité !
Satisfaite de moi, étalant avec complaisance cet accomplissement. OUI ! J’admire mon œuvre, me risquant à la critique, en l’exposant. Si c’est de la vanité, il est heureux que j’en fusse pourvue. Comment puis-je laisser mes congénères dans l’ignorance de mon existence et de mon art, et permettre à quelques sombres idiots de me lyncher ?
Individualiste !
Libertad a façonné la plus infime particule de mon esprit chaque jour de ma vie, dans tous les sens du terme. J’ai assez d’ennemis parmi les politiciens avides de répression, que les autres me laissent en paix. Je serai seule à payer !
Je continuai cette incursion passionnante me découvrant au travers d’un vocabulaire inventé pour culpabiliser les humbles créatures terriennes, des mots habillant mon être avec perfection ce qui me procura un infini sentiment de satisfaction et de grand respect.
Introversion !
Je me nourris donc aux yeux des académiciens des produits de mon imagination me désintéressant du monde extérieur. Le soleil ne m’attend pas tous les jours derrière ma porte, jouant avec les ombres menaçantes qui frappent toujours la même humanité laissant trop souvent en paix les nantis extravertis. Ces images irréelles que je crée revêtent les voiles du paradis, apportant à ceux qui ont besoin de s’évader un peu de lumière dans la longue nuit qui envahit leur vie.
J’avançais rapidement, haletante, cherchant à pénétrer encore plus profond dans ma cervelle pervertie embrumée par ces éloges. Je me risquais sur les antonymes.
Humble, modeste, sans faste, sans éclat, sans prétention, simple.
Comment puis-je être humble ? L’art est une prétention sans modestie étalée avec faste dans tous ses éclats. © Eylliae