intermusées
Pour honorer l’art de la recherche et le noir et blanc, nous avons choisi ce tableau de Louis Mendrisse qui évoque avec force le but d’un artiste contemporain. Il met en évidence le regard sans faiblesse, que le peintre porte sur le monde actuel.
« Ballade au coin d’une chaise : tel est le titre plein d’humour que nous soumettons à vos réflexions.
Au point de vue technique, dans une apparente instabilité, dans une sorte de déséquilibre, suspendu en apesanteur, c’est un tableau parfaitement composé dont l’espace est magistralement organisé pour que tout se tienne dans l’ordre. C'est-à-dire dans l’immobile attente d’une chute maintenue sur la dernière pointe d’équilibre par la seule volonté de l’auteur. Au point de vue composition, c’est un sommet atteint par Louis Mendrisse.
Dans cet enfermement, navire ou engin spatial (ou la vie actuelle) ouvrant encore ses hublots sur le cosmos, dans une stylisation touchant au dessin au trait, une femme ou peut être un être asexué, retient, au centre toute la lumière. Spiritualisation dernière d’un monde où les hommes relégués, ou dissimulés, ne sont plus que des voyeurs, à moins qu’ils ne soient les guetteurs.
La menace vient des ombres, du noir savamment dosé, et d’une forme métallique indéfinissable concrétisant l’attaque finale qui se prépare. La violence est ici prisonnière mais le danger vient aussi de l’extèrieur. Ce vaisseau d’espace peut-il encore atteindre un Havre de bonheur, de sécurité ? L’expression des visages semble ne plus y croire. Le soleil n’est que le figurant d’une indifférence géométrique,étranger à l’humanité.
Ce tableau inquiétant transporte un très puissant message philosophique que l’on peut étendre
Approfondir à volonté. Il oppose le matérialisme à l’espérance d’une éternité, la jouissance à la spiritualité.
Peut-être aussi qu’un sentiment freudien serait en lutte avec le pur amour.
On peut rêver sans fin sur ce tableau de Louis Mendrisse. Le peintre ne nous a pas donné la clé et son œuvre demeure un permanent mystère, au réel comme au figuré, il est recherche et beauté sans limite, sans concession à la joliesse, ni au traditionnel pittoresque. C’est un regard neuf au service d’une main sans aucune attache.
Un état d’âme face au néant ? ou vers quel inconnu ?
Que la pensée demeure et la vie serait sauve ? La femme serait t’elle le dernier espoir ?
Irène de St Christol pour Intermusées 1983